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KRAKATAU – As…

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Le Krakatau est un volcan situé entre les îles de Sumatra et Java, en Indonésie. Krakatau, c’est aussi Alexandre Borcic, un claviériste / compositeur français qui s’efforce de maîtriser tout le processus musical. Travailleur impénitent et solitaire, c’est vers l’ordinateur qu’il s’est tourné pour synthétiser les sons de ses longues recherches. C’est une technique d’enregistrement comme une autre mais pour être performante, elle prend beaucoup de temps et demande beaucoup d’efforts et de patience. Mais Alexandre Borcic ne se contente pas de ça, il s’occupe aussi de tout le reste : design, photographie, … Bref, il contrôle tout.

Sur le plan musical, il s’inspire largement de la nature et la transforme à son gré pour l’inscrire dans le processus de composition, de séquencement et d’agencement du produit final. Si vous aimez la musique électronique, il est probable que vous trouverez le résultat plutôt heureux.

Tout commence par des basses impressionnantes et par des voix et des mots presque inaudibles traduits en bruits divers. Les phrases musicales récurrentes sont un peu plus classiques mais elles sont imprégnées des effets donnés par l’auteur. Petit à petit, le ton change pour devenir plus enjoué mais l’orage gronde toujours. Il faudra attendre encore pour le voir disparaître et céder la place à une nature plus bienveillante et sereine. Le ton est donné. Les ambiances évoluent, la musique s’adapte tant bien que mal aux changements climatiques supposés.

Ce sont ensuite des chants d’oiseaux exubérants mêlés à des bruits électroniques. Ils donnent avec ceux-ci un mélange détonant dans une sorte de monde fictif, toujours à la merci d’un changement de cap de l’auteur, qui s’y entend pour brouiller les pistes. Ne subsistent alors que les bruits voulus par Krakatau pour créer une certaine tension. Le tabla et les cuivres font bon ménage mais ils sont vite engloutis par le changement d’atmosphère qui commence dans le calme. C’est compter sans les bruits de trompette, qui semblent annoncer une menace latente.

La mélodie est entrecoupée de dissonances qui gardent l’attention en éveil. Des bruits d’oiseaux fendent l’air et indiquent que la menace n’a pas disparu. Des sons de cloche semblent rassurer mais les percussions relancent l’émoi parmi les auditeurs par une partie jouée à l’orgue qui se mêle intimement aux percussions. On dirait un orchestre en train d’accorder ses instruments et un long vacarme assourdissant se fond dans le paysage sonore.

Vient ensuite une réunion joyeuse qui semble indiquer une préparation de fête bouleversée par des impondérables qui la rendent hypothétique mais la séquence musicale s’écoule, bercée par les soubresauts des guitares et des claviers. Les oiseaux chantent et s’amusent sans restriction quand soudain, une nouvelle menace se propage, sur une musique proche de celle de Vangelis. C’est l’incertitude dans toute sa splendeur.

Cela se précise avec une pièce jouée au piano et au synthé. L’ambiance est calme mais change rapidement, laissant de nouveau place à l’incertitude. Tout se déroule ensuite sans incident et on peut apprécier la nature paisible dans toute sa luxuriance.

Mais les percussions ramènent une tension perceptible dans l’air et le rythme s’accélère. Le danger est toujours présent. Le chant des oiseaux semble troublé et, très nerveux, ils semblent s’affoler. L’orgue accentue cet état d’angoisse larvée quand soudain, tout s’arrête sur un air de jazz : la sérénité réapparaît, majestueuse. Le piano distille ses notes cristallines. Le calme revient.

Survient ensuite une impression de cohue et d’activité soutenue : la vie normale reprend ses droits, les personnes vaquent à leurs occupations, le tempo s’accélère comme pour les y encourager. La musique se complique et se fait dissonante, le chant des oiseaux émerge par moments dans un déluge de bruits. L’activité humaine s’étend aux bruits familiers, parfois générateurs de nuisances pour l’homme. C’est la vie dans toute sa diversité. Tout se termine dans le calme et la paix retrouvée.

Cet album est une sorte d’hymne à la nature du 21e siècle. Il y a presque de la philosophie dans cette démarche sonore, en tout cas un souhait à peine voilé d’harmonie entre les hommes par le biais de la nature. Mais chacun peut trouver ce qu’il cherche dans cette œuvre dont ce n’est pas le moindre mérite. Elle pose en tout cas un problème de fond : une fois distribué, que devient le produit ? Comment est-il perçu ? Comment est-il interprété ? L’est-il de façon conforme à ce qu’a voulu son auteur ? Rien n’est moins sûr. Appartient-il toujours à son auteur ou devient-il la propriété de celui qui l’écoute ?

Pays: CH
Dreaming DR 8438
Sortie: 2006/07

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