HYPERION – The Cantos
Oeuvre ambitieuse, « The Cantos » est repris ici par Olivier Freche, un multi-instrumentiste français. Son interprétation très personnelle en donne une version originale déroutante mais de qualité sous le nom de projet « Hyperion », pseudonyme qui se substitue au nom de l’ancien leader de Jade. Il joue des guitares, chante, assure la programmation et manie la plupart des instruments et est secondé par des musiciens de talent.
L’album débute très fort avec le somptueux « Prologue » de Rachmaninov, un auteur classique très connu des spécialistes. Bien sûr, ce prologue est mis à la sauce électronique et c’est seulement après une minute et demie que le morceau est joué dans sa forme classique avec un piano omniprésent, sauf à la fin où le mélange des genres reprend ses droits. « Old Earth » est très différent et le contraste entre les deux morceaux est très marqué. Ici, on martèle des sons électroniques mal définis pour intensifier le climat dramatique généré à la fois par le violoncelle, la contrebasse, la batterie et les percussions qui le rendent hypnotique.
Au contraire, « God’s Grove » démarre tout en douceur avec la guitare relayée par le tabla qui apporte un peu de couleur locale et vient compléter la partie piano et guitare avec beaucoup d’à-propos. Le morceau se termine par des incantations. « Alliance Maui » donne un petit air de Hawaii avec des bruits de vagues et d’orages. Mais la nature se calme et les instruments se déchaînent. On se demande où se trouve la logique de ce morceau mais il n’y a pas de réponse, uniquement des mots alignés les uns après les autres, apparemment sans raison, uniquement pour surprendre.
« Heaven’s Gate » personnifie des bruits industriels très prononcés qui servent de métaphore pour représenter notre époque. Vient ensuite une débauche d’instruments joués très vite pour préparer le terrain à la longue pièce de résistance : « Sol Draconi Septem ». Là aussi, on a droit à des bruits industriels sur un rythme martial, pour passer ensuite à un thème récurrent à la guitare acoustique.
« Lusus » est très heavy et apporte un contraste total avec le reste de l’album, au contraire du très doux « T’ien Shan », très oriental dans sa conception et son interprétation. Au fil du temps, le rythme se précise et le thème répétitif devient envoûtant sous l’effet des instruments de percussions.
« Pacem » commence par des bruitages inquiétants ponctués par des sons de cloches. La contrebasse est particulièrement bien mise en valeur et donne une intensité dramatique inattendue atténuée temporairement par le xylophone mais la menace semble bien réelle. « Hyperion » donne de nouveau à la contrebasse l’occasion de se mettre en valeur. Le violoniste joue pizzicato et cela donne un effet peu habituel dans le rock. Le chant lui succède de manière inattendue sur cet album presque exclusivement instrumental. Le tabla ponctue chaque intonation et rappelle le monde oriental à caractère sacré. Des mots alignés bout à bout, sans ordre apparent, font croire à une Tour de Babel digne des écrits anciens. On pourrait y voir une allusion au monde troublé dans lequel nous vivons, où personne ne cherche à comprendre l’autre. C’est le chacun pour soi porté à son paroxysme. La fin abrupte accentue encore cette impression de chaos organisé.
Pays: FR
Gazul Records GA 8685.AR
Sortie: 2006/06