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SATRIANI, Joe – Super Colossal

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Satch is back !! Le grand maître de la guitare rock nous livre son dernier bébé intitulé « Super Colossal », peut-être un clin d’œil au « Supernatural » de Santana qui avait fait un carton planétaire? Je me souviens encore du jour (il y a plus de 15 ans) ou j’ai acheté ma première guitare électrique, le vendeur avait commencé à me jouer des trucs incompréhensibles et il m’a dit que c’était des plans d’un certain Joe Satriani, qu’il qualifiait de meilleur guitariste au monde. J’ai donc tout de suite acheté son dernier disque à l’époque, « Flying in a blue dream » qui m’a laissé pantois. Satriani fait exactement ce qu’il veut avec sa guitare, non seulement il a une technique impressionnante, mais il a un sens de la mélodie qui lui est propre, et là où d’autres font de l’esbrouffe, lui fait de vraies compositions, des mélodies parfois simples mais qui ont le mérite d’être accessibles au commun des mortels. JS a d’abord longtemps officié comme musicien de studio avant de sortir un premier disque intitulé « Not of this earth » en 1986. Mais le succès est venu avec l’album suivant intitulé « Surfing with the alien » et des titres incontournables comme « Satch Boogie » et « Always with me, always with you ». Il faut aussi retenir que ce guitariste hors pair a été le prof d’un certain Steve Vai et aussi de Kirk Hammet (qui a du brosser quelques cours…) entre autres. Au fil des albums il a réussi à s’imposer comme un maître incontesté de la guitare rock et il a aussi fait un bref passage au sein de Deep Purple lorsque Blackmore a lâché le groupe en pleine tournée en 1993.

J’avoue que ça fait un moment que je n’écoute plus de disques de guitar heroes et que j’ai écouté les 2 ou 3 derniers albums de Satriani d’une oreille plutôt distraite. Je l’ai vu en concert à maintes reprises et c’est toujours la claque néanmoins. Dans « Super Colossal » il s’occupe de presque tout, guitares, basses, programmation…, seules les percussions sont laissées à d’autres, en l’occurrence Jeff Campitelli, son comparse de longue date sur les tournées et en studio, et Simon Philips (wablief?? qui??). D’emblée, je dirais que « Super Colossal » est placé sous l’étiquette du groove, pas de rythmiques plates qui servent juste de support aux solos de guitare, ce sont de vraies chansons sous tous les aspects.

Le riff de « Super Colossal » rappelle « I love Rock’n roll » de Joan Jett, le son est gros et la rythmique est solide. La mélodie est 100% Satriani, on reconnaît sa touche et sa prédilection pour certains modes majeurs, c’est un peu dans la lignée de son album « The Extremist ». Après cette entrée en matière, Satch nous rappelle son amour pour le boogie avec « Just like lightnin’ » et une rythmique à la ZZ Top qui donne envie de bouger. « It’s so good » tourne autour de 3 accords en guitare clean un peu dans le style africain, c’est chantant et agréable. Une intro modale en son clean précède le gros son rythmique de « Redshift riders », un autre titre dans la lignée de « The Extremist ». Joe Satriani s’éclate ensuite dans « One robot’s dream », sa guitare émet des sons qui ne sont connus que de lui, c’est une sorte de délire contrôlé, très bien contrôlé en fait.

On continue tout en finesse avec « Ten words », un titre composé juste après les attentats du 11 septembre et qui avait depuis été laissé de côté car chargé d’émotion. C’est une des perles de cet album, une très belle mélodie débordant de sensibilité. Ce qui est impressionnant chez ce guitariste, c’est entre autres sa capacité de pouvoir nous jouer un même thème sans qu’il devienne redondant. Il insère des variations dans l’attaque, le son, l’effet, le phrasé, avec une maîtrise absolue, du grand art. « The meaning of love » est chaloupé avec une rythmique en 7/4 et toujours ce groove au service de la mélodie, rien à redire. Place ensuite à une ambiance quelque peu éthérée avec « Made of tears » et son entrelacement de guitares en son clair qui donnent justement cette ambiance au morceau avant d’enchaîner sur une rythmique rock pour le refrain.

Vient ensuite « Theme for a strange world » et l’avalanche de notes de l’intro mêlée à une rythmique bien carrée, on ne sait plus où donner de la tête, c’est vraiment puissant. Un autre clin d’œil à « The extremist » avec « Movin’ on », le riff guitare est un peu à la Rolling Stones mais la mélodie rappelle furieusement « Summer Song ». « A love eternal » repose sur des nappes aux synthés, des percussions très soft, quelques passages acoustiques, une mélodie toujours limpide. C’est beau, tout simplement. Il n’y a que « Crowd chant » qui me paraît superflu, il s’agit de chœurs qui répètent les phrases jouées par les guitares. Ce sera sûrement d’une grande efficacité sur scène mais sur le disque ça n’a rien d’indispensable.

Joe Satriani a été un des précurseurs de la vague de Guitar heroes arrivés vers la fin des années ’80. Il a influencé énormément de guitaristes mais ce serait bien trop restrictif que de le cantonner dans un rôle de magicien de la six-cordes. Il met son talent et sa maîtrise au service de la musique avant tout. Il explore une mélodie comme personne jusqu’à en tirer l’essence même. Sa technique est un accessoire et non une finalité en soi. Avec « Super Colossal », il remet les pendules à l’heure ; oui c’est probablement lui le meilleur, et oui, la musique va bien au-delà des prouesses techniques et de la démonstration insipide. Sa musique peut toucher tout le monde et non un cercle d’initiés, tout simplement parce qu’elle a du goût et de la saveur.

A écouter et à voir à l’Ancienne Belgique le 13 juin 2006.

Pays: US
Sony 82876-76755-27
Sortie: 2006/04/24

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