KARCIUS – Sphère
Dans l’attente de leur nouvel enregistrement qui devrait paraître en mai, cette formation canadienne de Montréal, propose ici une version remasterisée de son premier album enregistré en 2003.
En voici les quatre jeunes musiciens, tous soutenus par une solide formation musicale :
- Simon L’Espérance : Guitares
- Thomas Brodeur : Batterie & Percussions
- Dominique Blouin : Basse
- Mingan Sauriol : Piano, Fender Rhodes & Claviers
Leurs influences revendiquées se nomment Chick Corea, Keith Emerson, John McLaughlin, John Scofield, Slash, Steve Vai, Jaco Pastorius, Tony Levin, Victor Wooten, Dave Weckl, King Crimson, Yes, Police, Rush, … Rien que du « beau linge » !
Il ne faut pourtant pas s’y tromper, car, à l’écoute, Karcius affiche une indiscutable personnalité, tant dans l’approche générale que dans le son, bien actuel. Il allie « Rock Progressif » et « Jazz-Rock » d’un côté, « Métal » de l’autre. Chaque musicien fonctionne dans son monde et côtoie plus qu’il ne fusionne. Les guitares et les percussions représentent souvent la puissance et la force du « Métal », les claviers amènent toujours la finesse « Jazz-Rock » et la basse effectue le pont. En définitive, Bozzio/Levin/Stevens, Liquid Tension Experiment, Chick Corea, Tom Coster et le Santana Band, et Rush viennent le plus régulièrement à la mémoire.
Voici les titres, tous composés collégialement (67’29) :
- « Kunidé » (7’31)
- « Liquid Meat » (5’55)
- « Evolution » (3’14)
- « Lunatik : Highway to the Moon » (6’51)
- « Lunatik : Synapse » (5’11)
- « Lunatik : Back to Earth » (6’29)
- « 1111 » (8’24)
- « Labyrinthe » (9’03)
- « Bois ta Musique » (4’24)
- « Absolute decadence » (10’21)
« Kunidé » évolue d’abord dans la quiétude « Jazz-Rock » de Return to Forever et du Santana Band, avec les sonorités hispanisantes de Chick Corea et de Al Di Meola. La suite s’accélère et se radicalise sous l’énorme pression de la guitare et des percussions.
« Liquid Metal » reproduit le même schéma, mais à l’envers : d’abord la tempête, puis la sérénité.
« Evolution » mêle toujours les mêmes ingrédients avec de belles oppositions entre de rudes interventions aux guitares et de belles parties au piano.
L’ambitieux « Lunatik », bien charpenté, se subdivise en trois chapitres. Si chaque instrumentiste s’y met individuellement en valeur, il reste au service d’un ensemble toujours équilibré, dynamique et palpitant. « Highway to the Moon » et « Back to Earth » progressent dans une atmosphère plutôt sage et maîtrisée, tandis que « Synapse » connaît le déchaînement et la hargne du duo guitare/percussions.
« 1111 » voit le piano de Mingan Sauriol dominé de bout en bout, même durant le long solo de guitare. Son introduction au piano est d’ailleurs somptueuse et digne de Chick Corea.
Par contre, dans « Labyrinthe », la guitare de Simon L’Espérance donne toute la « gomme », cadrée entre la hargne de Ian Crichton et la rondeur de Allan Holdsworth. La basse est puissante et bien marquée, dans la tradition de Rush. Quelques touches « Reggae » complètent le tout.
Dans « Bois ta Musique », la diversité de Karcius et le niveau de ses instrumentistes resplendissent à chaque instant : une petite merveille parfois douce, légère et sautillante, parfois brutale et virulente.
Sans décevoir vraiment, « Absolute Decadence » paraît malgré tout plus lisse et moins inspiré.
En résumé, Karcius publie ici un album plutôt complexe, dont la substance ne se découvre que progressivement. Globalement, sa musique s’aventure vers de nouvelles voies, avec cette proximité du « Métal » et du « Jazz-Rock », pas toujours directement évidentes pour les amateurs des deux styles. En tout cas, il apparaît comme un groupe d’avenir et son prochain album devrait susciter de l’intérêt.
Pays: CA
Unicorn Digital UNCR-5025
Sortie: 2006/03 (réédition, original 2003)