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MORRISSEY – ringleader of the tormentors

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Le second album de Morrissey depuis son grand retour s’avère moins immédiatement accessible que son prédécesseur « You are the quarry » de 2004. Moz vit désormais à Rome, après sept ans passés à Los Angeles, et clame à qui veut l’entendre que l’Italie lui a vivifié les sens et apaisé l’esprit (« At last I am born », qui clôt l’album). Le CD a été produit par le légendaire Tony Visconti, gage de qualité et de gros son qui tache tout en ayant un côté glam qui sied à merveille à Moz.

Les guitares toujours aussi efficaces de Boz Boorer, Jesse Tobias et Alan Whyte sont volontiers vrombissantes (comme sur l’ouverture « I will see you in far off places ») sur les morceaux rapides, qu’ils soient mélodiques comme le single « You have killed me » (le premier single, un choix évident) ou « The father who must be killed » ou plus atmosphériques. Les ballades sont aussi convaincantes, surtout « Dear God please help me » (gonflé après avoir chanté « I have forgiven Jesus »…) ou Moz use (et abuse?) avec maestria de son falsetto caractéristique.

Le long « Life is a pigsty » est à mon avis le morceau le plus intéressant et le plus atypique, par ses changements de rythme, et ce bourdon de clavier fantomatique qui induit comme un inconfort tout au long du morceau. D’une manière générale, la première moitié du CD est la meilleure. Les sept premiers morceaux ont tous une mélodie imparable (ça fait plusieurs jours que je me surprends à fredonner « as I live and breathe, you have killed me, you have killed meee… » à tout bout de champ!). Les quatre suivants n’ont à mon avis pas la même qualité mélodique, mais la conclusion « At last I am born » cloture cependant l’album en beauté.

Point de vue textes, on retrouve les obsessions habituelles de Morrissey, nombrilisme « me myself and I » agaçant pour les uns, introspection féconde qui lui permet, au travers du particulier, de toucher à l’universel pour les autres : le mal-être dans une société qui rejette la différence poliment mais avec une immense cruauté, les relations conflictuelles, la perversité hypocrite de l’éducation, la compassion pour ceux qui souffrent d’être différents… Le tout avec une ironie et un faux détachement « so British ».

Il y a cependant une évolution marquée vers plus de sérénité, un peu moins de cynisme, presqu’une ouverture aux autres. La grappa et la quattro stagioni ont probablement amené le « last truly British people » à plus de décontraction méditerranéenne, mais on reste très loin d’un voyage au pays des bisounours… « Life is a pigsty » (la vie est une porcherie), « I’ll never be anybody’s hero now », “I see the world, it makes me puke” (sur “To me you are a work of art”) restent fidèle à cette lucidité poussée jusqu’à ses ultimes retranchements, ce pessimisme dandy qui fascine les uns et horripile les autres.

En résumé, un album réussi où Morrissey se renouvelle sans se révolutionner. En tant que fan, je suis comblé, mais ayons l’objectivité de reconnaître que l’ex-Smiths est loin de s’être débarrassé de ses tics qui le rendent insupportable aux yeux et oreilles de certains. Mais c’est aussi pour ça qu’on l’aime!

Pays: GB
Attack rec. / Pias
Sortie: 2006/04/03

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