POWER, Cat – The Greatest
Native d’Atlanta, Chan Marshall a grandi dans un environnement musical passant par la soul et le gospel qu’écoutait son père et l’énergie punk-rock qu’elle découvre à ses 15 ans sur MTV. La même année elle voit Bob Dylan en concert et se met à écouter Buddy Holly, Billy Holiday et Otis Redding.
Le choix du studio d’enregistrement Ardent à Memphis qui a transformé d’autres voix blanches (Big Star, Dylan) s’inscrit dans cette logique. A ses côtés figurent donc Mabon “Teenie” Hodges, fidèle guitariste et compositeur occasionnel pour Al Green, son frère Leroy à la basse, d’autres légendes comme le dernier batteur de Booker T. & The MG’s, Steve Potts, ou une section de cuivres qui a rayonné sur quantité de chefs-d’œuvre de la southern soul des années 70.
Petite mise en garde car le titre de cet album peut porter à confusion. « The Greatest » n’est pas une compilation mais bien le titre du nouvel album de Chan Marshall alias Cat Power, et aussi le titre éponyme qui ouvre le disque: un classique instantané porté par une voix de velours au coeur de l’émotion sur des accords de pianos qui flanquent instantanément la chair de poule.
On quitte les violons et le recueillement pour le sexy « Living Proof » taillé pour un saloon, où les accents du chants de Chan rappellent Sinead O’Connor. Vient ensuite l’aguichant « Lived in Bars » qui commence en douceur puis se termine en harmonies shoo-ba-doo.
Le coeur de l’album sonne plus vieux et encore, il n’est pas sûr que nos grands parents danseraient sur ces rythmes jazz un peu usagés genre claquement de doigts. « Willie » ressemble à une redite de « The Greatest » avec une intro au piano identique. « Where is my love » est trop académique et sans âme.
Les deux derniers titres montrent plus de personnalité: « Hate », où ressurgissent les fantômes de l’autodestruction ravira les fans de la première heure.
Quant à « Love and Communication » qui clôt l’album, c’est le reflet en miroir déformant des trois premières chansons, où l’on entend des riffs de guitare plus agressifs et où les violons se font plus sombres et menaçants.
Il faudra attendre la suite pour savoir si « The Greatest » était une sorte d’étape initiatique vers une nécessaire maturité, ou si elle retournera bien vite jouer dans le clan indie rock. Ou si, tel Neil Young, elle s’amusera à jouer sur les deux tableaux, ce qu’on espère.
Pays: US
Matador 744861069423
Sortie: 2006/01/24