SEBKHA CHOTT – Nagah Mahdi: Opuscrits en 48 rouleaux
Sebkha Chott est un groupe français de rock expérimental. Ils appellent ça du mekanik metal disco. Comme ça sonne plutôt bien, pourquoi pas ? Musique géniale ? Démarche innovante ? Libération d’instincts débridés ? Il y a sans doute un peu de tout ça dans cette œuvre magistrale d’humour sans humeur.
Quand vous saurez que l’un ou l’autre opuscrit (l’opuscrit est à la musique ce que le manuscrit est à la littérature) s’appelle « Boum Boum Yüla », parfait reflet d’une époque sereine, « Valdez Retro Maldito Seveso », un poème écologique inédit, « Préavis de grève » ou le retour du social, ou encore « La procession des imbéciles », manifestation du plus grand nombre scandant « rendez-nous la starac » (c’est de l’humour), vous aurez compris que le groupe est un repère de joyeux drilles soucieux d’innover en poussant les choses à leur paroxysme.
« Mais leur style ? », me direz-vous. Rock progressif ? Elucubrations improvisées à la Frank Zappa ? Salsa ? Samba ? Electro ? Disco ? Langage inventé comme Magma ? Nouveau baroque ? Il y a un peu de tout ça aussi et le génie n’est pas très loin. Et on sait qu’il est proche de la folie.
A ce point de vue, « Alchimie Malhabile » est un chef-d’oeuvre. Il y a du metal, du spatial, du prog et des improvisations jazzy. Plus éclectique, ça n’existe pas. Ce groupe iconoclaste se surpasse pour plaire au plus grand nombre. Non ?
Il y a quarante-sept courts « opuscrits » et un très long : « Soul Coït », la pièce de résistance. Pas besoin de traduire, vous avez compris. Sous la ceinture, ça marche à tous les coups. Dans le même registre, on notera encore « Sensual Lips And Magic Tricks » et « Menstrual Fix And Phallic Sticks », autres pièces d’anthologie imparables. Court mais bon !
Autre chef-d’oeuvre, « Lâche Cette Cuillère !!! », morceau lourd de menace, avec une voix agressive suivie par des bêlements de moutons et une fanfare que ne renierait pas Napoléon Bonaparte en pleine débâcle à Waterloo. Bref, il y en a pour tous les goûts et l’aspect métaphorique saute aux yeux. Non ?
Citons encore « Pour quelques mollards de plus », qui devrait vous rappeler quelque chose à défaut de quelqu’un, « J’ai éjaculé une boîte de mouchoirs ! », ce qui, on en conviendra, doit être douloureux, et « Mais qui a laissé cramer le chameau ? », signe évident de négligence très tendance.
Autre morceau d’anthologie, « N’y va pas, Tante Mireille ! », qui met en exergue une société basée sur la peur. Album déjanté au possible, donc, comme Sebkha Chott, l’auteur de ce missile iconoclaste. A consommer sans modération mais avec un zeste d’humour. Si vous en manquez, « ils » en ont pour dix.
Pays: FR
Musea Records MP 3049
Sortie: 2006/02
Et c’est encore mieux à écouter et surtout voir sur scène !
Du grand art, et je dis ça sans démagogie. 😉
Je parle de la chronique, bien entendu !
Merci encore, et maintenant courez tous découvrir les opuscrits….