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MUSICAENCHIRIADIS – Music for Nikola Tesla

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A l’origine, MusicaEnchiriadis est un traité de musique écrit au Moyen-Age. Il désigne aujourd’hui le nouveau projet de PierGiorgio Ambrosi, claviériste de Montefeltro, un groupe de rock progressif assez proche de Genesis, et le studio où cet opus a été enregistré. Cet album est très différent de ce que l’auteur fait d’habitude.

Nikola Tesla est un savant méconnu né en Autriche – Hongrie en 1856. Il est mort oublié de tous en 1943. On lui doit de nombreuses découvertes scientifiques dans le domaine de l’électronique et cet album est destiné à lui rendre un hommage tardif mais mérité.

Ici, tout au long de l’album, ce sont des phrases répétitives de musique électronique industrielle et de percussions parfois inspirées de l’Orient mais le plus souvent issues de samples programmés imitant la réalité. « Inside » surtout, et « Lightning », sont des exemples parfaits de samples musicaux mélangés à des percussions issues des bruits produits par l’industrie. A la limite du scope toléré par le site, « Music for Nikola Tesla » est le prototype même de la musique électro impersonnelle mais bien réelle dans le domaine industriel : il suffit de savoir où se rendre et d’écouter. « And… » a des accents plus classiques mais reste dans la même mouvance.

« Little Step » est plus mélodieux et mieux équilibré du point de vue des percussions. Le reste est de la veine des morceaux précédents. « Terra! » comporte une musique aérienne parsemée de bruitages et de percussions électro qui éclatent en une myriade de sons très typés basés sur des arrangements à la limite de la variété, ce qui n’enlève rien à leur pertinence mais les rend plus digestes et plus proches de ce que l’on connaît.

« Ich Meine » est plus directement inspiré des sonorités orientales et recèle des trésors de samples marqués par moments par le sceau de la fantaisie répétitive débridée. Ce mélange détonant donne un résultat inattendu pas désagréable à entendre. C’est une métaphore de la délocalisation des industries vers les pays où les salaires sont beaucoup plus bas.

Plus riche en sons classiques, « Lontano » est un long morceau bercé par un tempo lent sur fond sonore animé par des soubresauts électro qui alternent avec les bruitages générés par les claviers, hommage désuet aux vies consacrées à cette industrie lourde qui n’en finit pas de mourir dans les pays occidentaux. Par les sentiments hybrides qu’il véhicule, entre regret d’une époque de richesse relative et de pertes humaines considérables, c’est le meilleur titre de l’album. « Outside » se décline tout en douceur en un long crescendo progressif qui évoque une litanie incantatoire pleine de mystère pour se terminer par saccades en bruitages programmés, ultime hommage à un homme injustement méconnu.

Cet album, qui trouve sa raison d’être dans l’histoire industrielle relativement proche mais déjà oubliée, est surprenant, surtout au début. Il représente le monde industriel qui sévissait au dix-neuvième siècle et au début du vingtième. Il intéressera les amateurs de sonorités bizarres qui, sans doute, auront bientôt complètement disparu de nos contrées, au profit de pays où la main-d’œuvre est beaucoup moins chère. Une délocalisation qui, d’une certaine manière, a le goût d’un paradis perdu …

Pays: FR
Dreaming DR 8430.AR
Sortie: 2005/10

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