QUEEN + RODGERS, Paul – Return Of The Champions (DVD)
Les années que nous sommes en train de vivre sont bizarres, parfois. D’un côté, il y a une profusion de jeunes groupes plus séduisants les uns que les autres : The Subways, Editors, Franz Ferdinand, Kasabian, Elbow, The Icarus Line, Bloc Party, Interpol, Art Brut, Kaiser Chiefs, … La liste est loin d’être exhaustive. Leur but, avec des variantes, est de rétablir une forme de joie de vivre et de sortir de la logique de la violence aveugle. Certains groupes ne sont encore que des promesses, d’autres sont déjà des groupes confirmés. Dureront-ils ? Qui s’en soucie ? Ils sont là, c’est tout.
D’un autre côté, on est en train de vivre un « oldies revival » avec les sorties des CD des Rolling Stones, de Paul McCartney, John Lennon, Pete Townshend, Billy Idol, Iggy Pop et maintenant Queen. Là non plus, la liste n’est pas exhaustive. La motivation principale est sans doute l’espoir d’actionner le tiroir caisse en cette période de vaches maigres pour les firmes. Alors, on sort les valeurs sûres. Le train de vie des stars étant ce qu’il est, il exige des rentrées d’argent considérables. Morrissey (The Smiths), qui lui-même a été considéré comme un has-been, en parle sur son album « You Are The Quarry » :
« There’s a cash register ringing and/It weighs so heavy on my back/Someone please take me home »
Comme les fans respectifs de ces groupes, toutes catégories confondues, ne demandent que ça, nous assistons à un « win – win deal » (cette expression tirée du monde des affaires est extraite de la « théorie des jeux » – fin de la minute culturelle; point trop n’en faut).
En ce qui concerne le DVD de Queen, enregistré le 9 mai 2005 au Hallam FM Arena de Sheffield, il démarre sur les chapeaux de roue. Quand Paul Rodgers se présente sur scène et arpente la plate-forme isolée au milieu du public pour interpréter « Reaching Out », il reçoit des acclamations chaleureuses, mais quand Brian May égrène dans la pénombre les premières notes de guitare de « Tie Your Mother Down » dans son style inimitable, c’est tout de suite la folie.
Mais s’agit-il vraiment de Queen ? Sur les six personnes qui composent le combo, deux seulement appartiennent au groupe d’origine. On a ainsi Brian May (guitare, chant), Paul Rodgers (Free, Bad Company), (chant et guitare), Roger Taylor (batterie, chant), accompagnés par Spike Edney (claviers, chant), Jamie Moses (guitare, chant), de Chicago, et Danny Miranda (guitare basse et chant), de Brooklyn. Chacun appréciera en fonction de sa sensibilité propre mais seuls les trois premiers sont mis en évidence au cours de ce concert.
Le mieux est de considérer le travail de chacun en faisant table rase du passé. De ce point de vue, c’est une réussite dans la mesure où le public communie avec le groupe, même si le sommet de l’émotion se situe quand Paul Rodgers s’efface discrètement pour laisser voir Freddie Mercury chanter « Bohemian Rhapsody » sur un écran géant.
Si l’on veut quand même comparer les deux chanteurs, disons que Freddie Mercury était plus showman et théâtral que Rodgers mais que celui-ci en connaît aussi un bout sur la question. Demandez donc à son pied de micro ce qu’il a dû endurer sans jamais tomber par terre ! Sa prestation est en tous points remarquable et sa qualité première est d’être discret et de sentir quand il doit s’éclipser. C’est un grand bonhomme.
En tout cas, le public de Sheffield, sevré de Queen depuis 19 ans, réagit au quart de tour. Alors, Paul Rodgers entame « Crazy Little Thing Called Love » avec une guitare en prime. Quand Roger Taylor, qui a moins bien vieilli que Brian May, chante « Say It’s Not True », c’est d’un silence que l’on qualifierait de religieux que l’on parlerait si les religions ne généraient pas tant de violence meurtrière.
Quand Brian May s’avance pour jouer quelques titres à la guitare acoustique et qu’il s’adresse au public, il le met en poche par quelques petites phrases bien senties et il obtient de ce public une participation spontanée quand il chante « ‘39 », une de ses compositions. Quand il chante « Love Of My Life » de Freddie Mercury, il suscite le chant de toute la salle. Impressionnant !
Pourtant, il semble être un brave type seul assis sur un tabouret. Il joue de la guitare acoustique et il emporte de cette façon l’adhésion d’un public subjugué. Dans ces moments-là, on sent passer une vive émotion. En tout cas, il chante mieux que lors du concert donné au Greenpoint Stadium de Cape Town, en Afrique du Sud, le 29 novembre 2003, en présence de Nelson Mandela, pour sensibiliser les dirigeants africains et inciter une action concertée contre les méfaits du sida en Afrique. Ce jour-là, c’était assez désastreux. Seule Anastacia avait fait pire.
Défilent ensuite plusieurs titres intimistes, puis vient le solo de Roger Taylor à la batterie, suivi de « I’m In Love With My Car », qu’il chante très bien. Le solo de guitare de Brian May lui succède, très applaudi aussi. Lorsque Freddie Mercury et John Deacon apparaissent avec le groupe lors d’un repas à la japonaise pendant que le groupe chante « These Are The Days Of Our Lives », une forte émotion passe dans la foule. On passe de l’enthousiasme exacerbé à la peine, de la joie au recueillement.
« Radio Ga Ga » sert de chanson charnière. Douce et intimiste au début, elle s’énerve vers la fin, donnant le signal d’un crescendo progressif vers la montée en puissance finale. « Can’t Get Enough », « A Kind Of Magic », surtout, puis « I Want It All » conduisent vers « Bohemian Rhapsody » avec de nouveau l’ombre de Freddie Mercury présente sous la forme d’un écran géant. De nouveau, une forte émotion est très perceptible.
Viennent ensuite les rappels, dans une débauche de lumière : « The Show Must Go On » vient à propos pour nous rappeler que, quoi qu’il arrive, la vie finit toujours par reprendre ses droits. La chanson du Free, « All Right Now », provoque un petit cataclysme et Paul Rodgers se souviendra longtemps de cette ovation. On pense à Paul Kossoff (Free), lui aussi trop tôt disparu.
« We Will Rock You » et « We Are The Champions » sont le paroxysme de la soirée, en totale communion avec un public qui suscite une dynamique de succès par sa participation active et pousse le groupe dans ses derniers retranchements. On n’aurait pu mieux choisir l’ordre des chansons et l’endroit du show.
« God Save The Queen » achève de provoquer des instants d’émotion. Le remix de « It’s A Beautiful Day », qui passe pendant le générique, permet de voir une dernière fois les disparus. En bonus, « Imagine », de John Lennon, joué à Hyde Park le 15 juillet 2005, peu après le premier attentat à Londres, nous rappelle en même temps la fragilité des choses et la force de l’espoir. Poignant.
Sans avoir écouté l’album, on peut dire que l’acteur « public » tient un rôle essentiel sur le DVD et que cela en justifie pleinement l’achat. En poussant constamment le groupe à se surpasser, il est un acteur dans le succès du show. En regardant ce DVD, on devient un spectateur virtuel et on a l’impression de participer au concert, même si on est à des lieues de l’endroit où il se déroule. C’est bien d’un win – win deal qu’il s’agit !
Les titres :
- « Reaching Out »
- « Tie Your Mother Down »
- « I Want To Break Free »
- « Fat Bottomed Girls »
- « Wishing Well »
- « Another One Bites The Dust »
- « Crazy Little Thing Called Love »
- « Say It’s Not True »
- « ‘39 »
- « Love Of My Life »
- « Hammer To Fall »
- « Feel Like Makin’ Love »
- « Let There Be Drums »
- « I’m In Love With My Car »
- « Guitar Solo »
- « Last Horizon »
- « These are The Days Of Our Lives »
- « Radio Ga Ga »
- « Can’t Get Enough »
- « A Kind Of Magic »
- « I Want It All »
- « Bohemian Rhapsody »
- « The Show Must Go On »
- « All Right Now »
- « We Will Rock You »
- « We Are The Champions »
- « God Save The Queen »
Closing Credits Track:
- « It’s A Beautiful Day (remix) »
Bonus track:
- « Imagine » (Hyde Park, London, 15 juillet 2005)
Pays: GB
EMI 00946 3 36985 9 8
Sortie: 2005/10/24
bonjour ,
je ne connais pas le dvd mais le double cd est une véritable daube , une honte à la mémoire de freddy mercury .
le moins de publicité possible pour ce baclage serait une exellente initiative .
credo