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WELLER, Paul – As Is Now

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Il y a deux ans, Paul Weller a failli tout arrêter. L’inspiration n’était plus au rendez-vous après 30 ans passés à composer pour The Jam d’abord, Style Council ensuite, pour ses albums en solo enfin. Il s’est alors lancé dans un projet d’interprétation de versions d’autres artistes sur « Studio One Fifty » (voir notre chronique de cet album « Studio 150 »). Sans être un chef d’oeuvre, cet album lui a permis de débloquer son imagination et il s’est remis à écrire, pour notre plus grand plaisir.

Influencé au début par les Kinks, et notamment Ray Davies, dont il adopte la façon de décrire la société anglaise avec humour et sans agressivité, le Who pour sa musique puissante (encore récemment, il est apparu sur scène pendant un des rares concerts du Who) et pour son appartenance au mouvement mod (Paul Weller attache de l’importance à sa façon de s’habiller et de se coiffer), ou les Small Faces (il est fasciné par les prestations de Steve Marriott). Il s’est progressivement démarqué de ces influences à partir de l’album « All Mod Cons » de The Jam en 1978.

Ce nouvel album de très bonne qualité, « As Is Now », est varié à souhait, tout en restant immédiatement identifiable à son style si particulier fait de rock, de funk, de soul et de jazz. A cette panoplie habituelle, il ajoute cette fois des titres d’inspiration classiques qui rappellent la démarche de Mark Hollis (Talk Talk). Le 10 octobre 2005, le jour de la sortie de l’album, il a obtenu le prix du « Q Award » britannique pour sa contribution exceptionnelle à la musique. Sur cet album, les belles ballades et les morceaux rock donnent la réplique à des morceaux jazz et d’autres presque classiques.

Le line-up comprend Steve Cradock (lead guitare et chant), Steve White (batterie), Damon Winshella (guitare basse) et Paul Weller (voix, guitare rythmique et piano). Le Gustav Klimt String Quartet et une section de cuivres complètent le tableau.

Boosté par l’apport des cuivres, dominé par les guitares, « Blink And You’ll Miss It » est un titre funky très bien fait. Mélange de funk et de jazz, « Paper Smile » comporte une très belle mélodie plutôt soft qui nous dévoile le Weller côté tendresse. L’irrésistible « Come On/Let’s Go » est plus rock et rappelle des titres plus anciens comme « Mermaids » ou encore « Leafy Mysteries ». Génial !

« Here’s The Good News » est un autre titre funky teinté de soul lui aussi marqué par les cuivres. Très doux, basé sur un mid tempo discret, « The Start Of Forever » est une très belle ballade remarquablement chantée et accompagnée par la guitare acoustique. La fin, elle, surprend. Excellent.

« Pan » est une courte pièce d’inspiration classique plus difficile d’accès. C’est un peu comme si Paul tâtait le terrain avant de se lancer dans un morceau plus élaboré et plus long. Qu’il soit rassuré, il a réussi l’examen de passage. La fin jouée au violon est sublime. « All On A Misty Morning » reste dans le même climat intimiste et atteint des sommets de beauté que l’on découvre après plusieurs écoutes.

Utile pour son apport viril, « From The Floorboards Up » est un rock qui fait la part belle aux guitares et démontre l’excellence de la voix de Weller dans un registre très différent. « I Wanna Make It Alright » est plus jazzy et doux et c’est de nouveau son côté tendresse qui émerge. Comme « Paper Smile », « Savages » comporte une très belle mélodie jouée sur un mid tempo marqué par une apparition du Gustav Klimt String Quartet.

« Fly Little Bird » est aussi un morceau très doux qui met à l’honneur la sensibilité exacerbée de cet artiste pas commode qui en a vu de toutes les couleurs, notamment lors de ses démêlés avec la maison de disques qui lui a refusé un album du temps de Style Council. « Roll Along Summer » continue dans le même registre avec une guitare acoustique très sobre, avant de voir apparaître les cuivres qui donnent à ce morceau son originalité. Mais la guitare de Steve Cradock y fait aussi bonne figure.

Dans le même registre, sur « Bring Back The Funk (Parts 1 & 2) », le même Steve Cradock adopte un style propre à la musique soul. Ce très long morceau funky soul jazz s’inscrit dans la mouvance de Sam & Dave, Otis Redding, Wilson Pickett et consorts, artistes très en vue à la fin des années soixante. Cradock, lui, joue dans le style de Steve Cropper, un guitariste / producteur célèbre à l’époque.

Mais le meilleur reste encore à venir avec « The Pebble And The Boy », un morceau très élaboré et sublime à tous points de vue qui mérite à lui seul l’achat du CD. Le concours du Quartette à cordes et l’interprétation pleine de sensibilité de Paul Weller sont déterminants dans ce trip sonore low key beau à pleurer.

Cet excellent album pourrait relancer la carrière de cet artiste sous-estimé mais apprécié par ses pairs. Dans un contexte où les vieilles gloires refont surface, il mériterait d’être associé aux plus grands.

Pays: GB
V2 VVR1033202
Sortie: 2005/10/10

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