KELTIA – Face à face
Line-up : Keltia (chant, harpe celtique, électroharpe), Jim Mayer (basse, udu), Terence Deepijan (congas, djembe , udu, rainstick, derbuka, clochettes thibétaines) et Cécile Gonay (violon électrique, claviers, guitare électrique, choeurs). Production : « Li mohe è l’ôrlodge » et ça ne s’invente pas, ça sent bon le wallon liégeois. Cela veut dire « la mouche dans l’horloge ». Avoir une mouche dans l’horloge, c’est avoir une branche, ne pas être tout juste, ne pas avoir toute sa tête, être affecté d’une sorte de folie douce. Sympa, non ? En tout cas, c’est une bonne idée de plus. La minute culturelle terminée, nous pouvons passer à la musique.
Les premiers noms qui viennent à l’esprit quand on entend Keltia sont Kate Bush et Dead Can Dance. Dans le genre, ce sont de brillantes références. Francis Géron, dont chacun reconnaît le flair infaillible pour découvrir des talents jeunes et moins jeunes, ne s’y est pas trompé : elle est passée il y a quelques mois au Spirit Of 66 de Verviers. Une sacrée référence pour cette jeune fille aux idées bien en place !
La musique celtique mêlée à des influences orientales, gothiques ou ethniques déroute un peu au début, avant de s’incruster petit à petit dans le subconscient. Sur cet album enregistré en public, on a affaire à une musique authentique, à une démarche poétique teintée de rêve et alimentée par le savoir-faire du petit groupe.
Introduction parfaite, « Chemin de traverse » est un court instrumental qui s’étire tout en douceur au son de la harpe électrique. L’apport des claviers est un plus incontestable. Sur « Insouciance », le chant à la Dead Can Dance surprend d’emblée par sa hauteur, son influence orientale et sa douceur tranquille. Même si ce n’est pas encore parfait, les progrès sont indéniables par rapport à la première démo et les harmonies vocales originales viennent en appoint. Keltia y évoque de manière très poétique l’enfance saccagée et les rêves brisés ; elle dédie ce morceau aux enfants qui ne seront plus jamais des enfants … On reste sans voix et sans mots.
Très différent, « Brocéliande » commence par une présentation peu audible avant d’entrer dans un contexte onirique breton bercé par la voix et les instruments de Keltia mais surtout rythmé par des percussions remarquables. Chacun fait son boulot et l’ensemble est très cohérent. Au niveau de la production, il y a encore du travail à faire pour bien mettre en valeur les morceaux.
« Danse! », qui évoque le combat de l’être confronté au monde extérieur et à la configuration du monde qu’il s’est construit au cours des années, figurait déjà sur la démo dont nous vous avons parlé dans notre article du 29 juin 2004, de même que « Cassandre », une condamnation sans appel de l’intolérance. Ces morceaux sont très satisfaisants sur le plan instrumental et ils nous emmènent dans une atmosphère onirique dont il est difficile de s’extraire. La harpe celtique et l’électroharpe sont de bien beaux instruments.
« Plus rien comme avant » démarre aussi tout en douceur et en créativité. La voix cristalline nous convie à un voyage dans le fantastique qui est en même temps un rappel des conséquences de la guerre où il n’y a que des perdants. L’imagination fait le reste.
« Face à face » est une ode mi-terrifiante, mi-plaintive bien chantée et jouée selon l’inspiration du moment. « Marco-Polo » a été composé par Loreena McKennitt. Les percussions sont bien mises en avant et transportent littéralement les instruments exotiques vers des paysages lointains recouverts de brumes.
Perfectible sur le plan de la production, cet opus qui dure une ½ heure est plein de promesses et mérite l’attention mais ces artistes doivent être vus sur scène pour en apprécier pleinement le talent. Si vous aimez Enya, Kate Bush, Clannad, Sinead O’Connor et Dead Can Dance, vous aimerez Keltia et sa bande.
Pays: BE
Li Mohe Music 05-01 autoproduction démo
Sortie: 2005/09