HAWLEY, Richard – Coles Corner
Richard Hawley est un musicien accompli. Jugez plutôt : guitares 6 et 12 cordes, électriques et acoustiques, guitare baryton, guitare espagnole, lap steel hawaiien (ou hawaïen, si vous préférez, les deux orthographes sont admises – lisez les chroniques de MiB, le rendez-vous de la culture !), baby glock, enchanted lyre, omnichord, vibraphone, piano, steel drum et hammer dulcimer. Cela en devient presque lyrique ! Il a joué de la guitare sur « We Love Life » (2001) de Pulp et avec les All Saints. Qui dit mieux ?
Pour être tout à fait complet, ajoutons qu’il chante très bien, façon crooner des années cinquante. Pour situer le timbre de sa voix, il se situe quelque part entre Roy Orbison, Frank Sinatra, Scott Walker et Elvis Presley à ses débuts. Ce sont ses idoles et il n’est pas étonnant qu’il ait subi leur influence. Sa voix langoureuse et chaude excelle tout particulièrement dans les ballades très douces.
Au point de vue des musiciens, il s’est bien entouré : Shez Sheridan joue aussi des guitares 6 et 12 cordes, électriques et acoustiques, de la guitare baryton, de la reverb trem guitar et de plus, il assure les backing vocals ; John Trier joue du piano, du Fender Rhodes, du baby glock et du vibraphone ; Colin Elliot joue de la basse électrique et upright, du piano, de la guitare baryton, des percussions et assure les backing vocals. Il signe aussi les arrangements des cordes. Enfin, le pauvre Andy Cook ne joue que de la batterie.
« Coles Corner » est un lieu de rencontre à Sheffield, la ville natale de Richard Hawley, juste en face du magasin appartenant aux Cole Brothers. Sur la cover photo, on le voit d’ailleurs un bouquet de fleurs à la main, image désuète d’une période révolue.
Les cordes introduisent le titre éponyme avec beaucoup de majesté et de douceur et sa voix chaude marque le morceau de son empreinte. On est entre gens calmes qui ont le temps de savourer une mélodie agréable dans un climat propice au travail ou à la méditation.
« Just Like The Rain » est beaucoup plus nerveux et donne un autre éclairage de sa personnalité. Sur le magnifique « I Sleep Alone », avec Johnny Wood à l’upright slap bass, sa voix prend une autre intonation alors que le rythme augmente tandis que « Darlin’ Wait For Me » illustre parfaitement l’atmosphère douce amère exempte d’aigreur qui prévaut sur l’album.
« Born Under A Bad Sign » voit Richard Hawley jouer de la batterie. Sur « (Wading Through) The Waters Of My Time », le lap steel hawaiien donne une couleur locale bienvenue qui rappelle aussi le King dans sa période « Blue Hawaii ».
Les autres titres déroulent leur mélancolie teintée de rêverie avec paresse et délectation, sans but apparent, comme à la recherche d’un événement déclencheur qui peut-être ne viendra jamais. Cette attente incertaine est très bien traduite par ces langoureuses mélodies intemporelles.
Cet album n’est pas génial mais il est agréable à écouter et s’adresse plutôt aux personnes romantiques.
Les titres :
- « Coles Corner »
- « Just Like The Rain »
- « Hotel Room »
- « Darlin’ Wait For Me »
- « The Ocean »
- « Born Under A Bad Sign »
- « I Sleep Alone »
- « Tonight »
- « (Wading Through) The Waters Of My Time »
- « Who’s Gonna Shoe Your Pretty Little Feet? »
- « Last Orders »
Pays: GB
Mute Records / EMI 00946 33510005
Sortie: 2005/09/05