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DANDY WARHOLS (The) – Odditorium or Warlords Of Mars (special edition)

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The Dandy Warhols ont pour noms Courtney Taylor-Taylor (chant, guitare), Pete Holmstrom (guitare), Zia McCabe (claviers) et Brent DeBoer (batterie). Le premier batteur, Eric Hedford, les a quittés quelque mois après le deuxième album en raison de ses nombreuses disputes avec Courtney Taylor-Taylor, qui l’a remplacé par son cousin Brent DeBoer. Comme The Warlocks, ils avouent subir l’influence du Velvet Underground.

Ils ont sorti à ce jour quatre albums de qualité inégale : le très sous-estimé « Dandy’s Rule OK » (1995), le bon album « The Dandy Warhols Come Down » (1997), l’excellent « Thirteen Tales from Urban Bohemia » (2000) et « Welcome To the Monkey House » (2003), un bon album produit par Nick Rhodes (Duran Duran) qui comportait néanmoins un chef-d’œuvre : « You Come In Burned ». On attendait donc The Dandy Warhols au tournant.

Ils ont travaillé un moment avec ce qui reste de Massive Attack et on en attendait monts et merveilles, beaucoup trop sans doute. Aussi, cet album vient comme un soulagement : il est excellent, brillant même par son inventivité, dans le style de « You Come In Burned ».

« Colder Than The Coldest Winter Was Cold » est une intro d’une minute dite par MC Bill Kurtis. Introduit par la batterie, « Love Is The New Feel Awful » est le très long morceau hypnotique qui lui succède, avec les guitares en point de mire et des gimmicks up-to-date. Le chant du leader se fait très doux et efficace comme toujours. Pas de grande manifestation ni de jeu de scène intempestif mais à la fin des cuivres qui semblent traduire la détresse et le désespoir d’un monde complètement déboussolé. Revenir sur terre après ce voyage délirant est une tâche ingrate. C’est le premier chef-d’œuvre jazzy d’un album époustouflant.

« Easy » se caractérise aussi par sa longueur presque monotone, entrecoupée parfois par la voix travaillée de Taylor-Taylor, bercée par des guitares prêtes à bondir et rythmée par le jeu remarquable du batteur, toujours très sobre mais parfois déroutant. Le tempo se transforme brutalement et l’usage généreux des cuivres achève de déstabiliser le jeu et de le métamorphoser en distorsions en tout genre. Autre morceau, autre style parfois à la limite du free jazz, autre chef-d’œuvre, avec le fantôme de Lou Reed en surimpression.

« All The Money Or The Simple Life Honey » s’appuie au début sur un banjo joué à la perfection par Eric Early. Ensuite, les guitares sont prédominantes et reprennent les rênes. Loin d’être mauvais, ce titre souffre pourtant de la comparaison avec les deux morceaux précédents et s’inscrit plutôt dans la continuité de « Welcome To the Monkey House », avec une fin surprenante au piano.

« The New Country » est une petite récréation dominée au début par le banjo, relayé par les guitares. Ce petit morceau up tempo guilleret et sans prétention permet d’admirer la parfaite cohésion du groupe et l’efficacité de la rythmique.

« Holding Me Up », c’est autre chose. Une mélodie imparable conduit ce long morceau vers les méandres des paysages lointains où les perceptions s’estompent et où l’esprit vagabonde. Courtney Taylor-Taylor y donne sa pleine mesure et fait preuve d’inventivité. La reprise du thème aux claviers et sa répétition ad libitum en font une nouvelle pièce maîtresse qui rappelle les meilleurs moments de « Thirteen Tales From Urban Bohemia ». C’est un troisième chef-d’œuvre hypnotique parsemé de gimmicks amusants et marqué par une rythmique impitoyable. Magique ! La fin abrupte souligne le contraste avec « Did You Make A Song With Otis », très courte fantaisie vite oubliée.

« Everyone Is Totally Insane » reprend un des thèmes essentiels de l’album, la folie des hommes marqués par les événements de leur époque qui les tirent de leur torpeur alors qu’ils menaient une vie banale certes mais heureuse et sans histoire. La voix se fait plus pressante et les guitares reprennent le dessus pour terminer dans une débauche de sons martyrisés par les distorsions, reflets du désarroi général où est plongée l’humanité. C’est dans le même état d’esprit que se déroule l’excellent « Smoke It », très Velvet Underground, au milieu des cris et des riffs de guitares très lourds qui traduisent parfaitement l’espèce de flottement improbable, masse informe qui régit nos vies.

Débutant par des gimmicks, « Down Like Disco » fait aussi plus Velvet Underground que l’original, avec notamment des guitares mises en évidence. Le rythme atypique du morceau en fait une des particularités de cet album versatile à souhait. Beaucoup plus doux, « There Is Only This Time » débute comme une litanie ressassée à foison. Les guitares apparaissent en même temps que la trompette, jouée avec beaucoup de retenue. Elle termine le morceau dans une certaine sérénité.

« A Loan Tonight » est une très longue plage incantatoire rythmée par des percussions tribales déroutantes qui lui donnent un côté world et en font un morceau extraordinaire au sens premier. Les voix semblent émerger d’un éther parsemé d’obstacles symbolisés par les distorsions des guitares et les claviers, qui les recouvrent d’un épais manteau de sonorités sorties de nulle part. Dernier chef-d’œuvre.

Le DVD permet de voir le groupe à l’œuvre au Festival de Bénicassim, en Espagne. Nulle ostentation dans leur jeu mais un sérieux de bon aloi pour un groupe au sommet de son art. On peut aussi voir trois clips de morceaux inédits.

Cette édition spéciale du nouvel album des The Dandy Warhols est décidément un grand cru. A consommer sans modération.

Titres du CD :

  1. « Colder Than The Coldest Winter Was Cold »
  2. « Love Is The New Feel Awful »
  3. « Easy »
  4. « All The Money Or The Simple Life Honey »
  5. « The New Country »
  6. « Holding Me Up »
  7. « Did You Make A Song With Otis »
  8. « Everyone Is Totally Insane »
  9. « Smoke It »
  10. « Down Like Disco »
  11. « There Is Only This Time »
  12. « A Loan Tonight »

DVD : vidéo du concert à Barcelone (Benicassim 2004)

  1. « Get Off »
  2. « Not If You Were The Last Junkie On Earth »
  3. « Pete International Airport »
  4. « Rave Up »

Inédits :

  1. « Smoke It »
  2. « Plan A »
  3. « Scientist »

Pays: US
Capitol Records 0946 3 37379 2 1
Sortie: 2005/09/12

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