POTHAMUS – Raya
Pothamus construit patiemment depuis 2014 son œuvre musicale. Ce combo de Mechelen est composé de Sam Coussens (chant, guitare), Mattias Van Hulle (batterie) et Michael Lombarts (basse) édite dans un premier temps un EP ʺIʺ en 2016, qui fait suite à une démo sortie l’année précédente. Puis vient le deuxième EP ʺAder/Ecumeneʺ en 2018, prolongation des expériences post-metal, sludge et doom que ce groupe se plait à poursuivre. Et fin 2020, c’est le temps du premier album long format ʺRayaʺ qui vient résumer à lui seul toutes les idées intéressantes que ce groupe avait déjà dès sa première démo.
Le style de Pothamus a toujours été d’associer mélodies planantes et brusques accès de fureur lourde totalement sludge metal. On a pu voir poindre une évolution vers davantage de subtilité entre ces deux pôles au cours des œuvres précédentes du groupe mais ici, avec ʺRayaʺ, Pothamus parvient au croisement parfait entre l’aérien et le terrestre, entièrement imbriqués l’un dans l’autre pour un résultat impressionnant.
Partis dans les Ardennes enregistrer cet album après avoir récupéré des fonds à l’issue d’une opération de crowdfunding, le trio flamand a trouvé l’inspiration juste, développant de lourdes et vastes atmosphères sur des morceaux dépassant parfois allègrement les dix minutes. On est ainsi aspiré par la puissance sonore d’ʺOrathʺ, qui nous colle pour onze minutes dans un moteur de fusée dérivant tranquillement mais puissamment vers Andromède. Voilà une magnifique façon d’acclimater l’auditeur à ce qui va suivre, à savoir de formidables progressions désertiques et babyloniennes vers des montagnes sonores qui enveloppent toute l’atmosphère (ʺVisoʺ). On peut trouver des similitudes avec des groupes comme Dead Meadows ou les regrettés Isis dans cette aptitude à élaborer des champs sonores immenses et planants, toujours soutenus par de puissants contreforts de guitare. La voix passe régulièrement d’une clarté angélique à des grondements étouffés, avec un mixage qui la place très haut au-dessus des tempêtes instrumentales qui tourmentent nos tympans et notre cerveau reptilien.
ʺHeravis Iʺ et ʺHeravis IIʺ sont envisagés comme des titres articulés entre eux, avec un démarrage en douceur sur lit de rythmique répétitive et mécanique sur le premier et des trames tout aussi régulières mais dans des tonalités supérieures pour le second. C’est finalement ʺRayaʺ qui tire la plus grosse épingle du jeu avec ses seize minutes de sludge tribal où chaque instrument se met progressivement en place pour participer à l’édification d’une cathédrale de sons massifs lancés dans le flux et le reflux de riffs de guitares hypnotiques. Vient ensuite une phase plus cosmique où la basse égrène ses notes avec une régularité métronomique, avant que tout ne reparte à nouveau vers une intensification irrésistible d’un assaut sonore pharaonique. C’est là qu’on atteint l’apogée de cet album grandiose, puissant et sénatorial. ʺVarosʺ, le dernier morceau, vient aider à redescendre sur terre par paliers successifs mais toujours aussi captivants, entre douceur stellaire et chants chamaniques.
Si Pothamus a mis trois ans à écrire cet album, ce n’est pas en vain. Le jeu en valait la chandelle pour ce groupe qui s’impose ainsi comme un très bel espoir pour la scène sludge et post-metal belge.
Le groupe :
Sam Coussens (chant, guitare)
Mattias Van Hulle (batterie)
Michael Lombarts (basse)
L’album :
ʺOrathʺ (11:08)
ʺVisoʺ (09:26)
ʺHeravis Iʺ (03:14)
ʺHeravis IIʺ (04:35)
ʺRayaʺ (16:18)
ʺVarosʺ (04:53)
https://pothamus.bandcamp.com/album/raya
https://www.facebook.com/Pothamus/
Pays: Be
Consouling Sounds
Sortie: 2020/12/04