PLASMODIUM – Towers of silence
Les traqueurs du label Transcending Obscurity ont capturé dans leurs filets un musicien bien intéressant et quand même assez déroutant, qui se cachait dans les ruelles sombres de Melbourne, en Australie. Le nom de cet animal bizarre est officiellement Matthew Sanders, connu également sous le sobriquet de Skitz et surtout de Demoninacht, qui est son nom de scène lorsqu’il se produit dans les très nombreux groupes qui constituent un emploi du temps chargé. Parmi ceux-ci, on trouve Plasmodium, qui va nous intéresser ici, mais il faut savoir que Matthew Sanders a écrasé les peaux de tambour dans à peu près tout ce que l’Australie compte de groupes de black et de death metal déviant : Diabolic Rites, Gravetemple, Mutilathymn, Biome, ex-Funeral Moon, ex-Humonic, ex-Insidious Torture, ex-Terrorust, ex-Noir Macabre, ex-Damaged, Australian Burial Chamber Orchestra, Plasmodium Vivax, Verminnihilation, ex-Abramelin, ex-Berserkerfox, ex-Cemetery Urn, ex-Deströyer 666, ex-Funerary Pit, ex-King Parrot, ex-Urgrund, ex-Atomizer, ex-Blood Duster, ex-Fracture, ex-Hellspawn, ex-Hobbs Angel of Death, ex-Invocation, ex-Sadistik Exekution, ex-Kill Squad, ex-Suicide Bombers, ex-Walk the Earth.
Le black metal constitue en général le genre de prédilection dans lequel évolue Matthew Sanders mais ce garçon a des capacités certaines pour transcender ce genre en y apportant une sérieuse dose de folie et d’imprévu. Avec Plasmodium, le côté dément prend des dimensions quasi extraordinaires, avec un style qui pourrait être vu comme du black metal psychédélique d’avant-garde, massif et incontrôlable. Le monde moderne a pu déjà en sentir l’odeur avec le premier album de Plasmodium, un ʺEntheognosisʺ de 2016 qui partait dans tous les sens, armé de quatre titres dont le plus court n’affichait que dix minutes pile. Avec leurs intitulés abscons du genre ʺLimbic disassociationʺ, ʺReformoculusʺ, ʺHermaphrodisiacʺ ou ʺDeuteromitosisʺ, les morceaux de cet album emmenaient l’auditeur dans des contrées insensées, libérées de toute structure, posant Plasmodium comme un des groupes les plus originaux du royaume black metal.
Les chercheurs de talents de Transcending Obscurity ne s’y sont pas trompés et ont signé Plasmodium qui nous revient ici avec ʺTowers of silenceʺ, une œuvre toute aussi saisissante et folle que le premier album, avec cependant quelques petits côtés un peu plus abordables, histoire de ferrer au départ l’auditeur dans un piège pour mieux le chahuter ensuite. On est dans le mystère quasiment à tous les niveaux, déjà avec l’équipe qui accompagne Demoninacht et dont on ne sait pas qui joue quoi sur cet album. Il y a Nocentor, Yen Pox, Fuath, qui sont complètement inconnus, ainsi que R. Hansen et Aretstikapha, qui ont été repérés comme bassiste pour le premier et claviériste pour le second dans des groupes comme Mutilathymn (avec Demoninacht), Mazikeen ou Mors Vincit Omnia.
Cette bande de mystérieux sorciers nous emportent ici dans un voyage ahurissant, ouvrant les portes de son univers avec deux titres courts déjà assez violents (ʺParaMantraʺ et ʺChurningʺ) avant de nous enfoncer dans les profondeurs de l’aberration avec les marathoniens ʺPseudocidalʺ (près de neuf minutes), ʺVertexginousʺ (près de treize minutes) et surtout l’abyssal, le dément ʺTranslucinophobiaʺ qui approche les dix-neuf minutes. Ces durées babyloniennes donnent à Plasmodium l’occasion de torturer un death metal de toutes les manières possibles, dans l’accélération extrême aussi bien que dans des tempos lents et angoissants, où bruits de vers grouillant dans des ordures ou des hurlements de damnés torturés à mort viennent mettre le malaise. Une production grossière vient à dessein faire penser à du Venom qui aurait appris à jouer ou des pionniers du death metal scandinave comme Marduk ou Necrophobic. On reste surtout subjugué par le jeu de batterie phénoménal de Demoninacht, qui dévale tous les rythmes avec une rapidité et une agressivité laissant pantois.
Seules deux attitudes sont possibles dans pareil cas. Soit l’auditeur prend ses jambes à son cou pour fuir cet univers sonore en hurlant, soit il adhère sans compromis à ce qui sera alors considéré comme du génie pur. Une chose est sûre, c’est que on ne ressort pas intact de l’écoute d’un tel album.
Le groupe :
Demoninacht (batterie)
Nocentor
Yen Pox
Fuath
R. Hansen
Aretstikapha
L’album :
ʺParaMantraʺ (3:34)
ʺChurningʺ (3:38)
ʺPseudocidalʺ (8:48)
ʺTranslucinophobiaʺ (18:36)
ʺVertexginousʺ (12:45)
https://plasmodiumdeath.bandcamp.com/
https://www.facebook.com/Undulator/
Pays: AU
Transcending Obscurity
Sortie: 2021/04/30