NECROGOD – In extremis
ʺIn extremisʺ est un nom bien trouvé pour cet album de Necrogod car de l’extrême, les enfants, vous allez en manger par pelletées entières. On a bien sûr ici affaire à du death metal suédois, mais ce n’est pas n’importe qui qui s’implique sur ce projet. Ce n’est ni plus ni moins que l’hyperactif Rogga Johansson, l’homme aux douze albums par an, celui qui bosse quatre fois plus que tout le monde, le gusse qui parvient à se dédoubler en studio pour enregistrer deux albums à la fois, qui est à l’origine de Necrogod.
L’affaire n’est pas nouvelle puisque cette association avec le monstrueux chanteur portoricain Ronald Jimenez (plus connu sous son sobriquet de The Master Butcher) a déjà affligé l’Occident chrétien de l’EP ʺThe inexorable death reignʺ en 2015. Mais comme les deux voyous ont des cahiers des charges qui font ployer les tables sur lesquels ils reposent, l’occasion d’enregistrer un album sous le nom de Necrogod ne s’est présentée qu’en 2021. Ça tombe bien, Rogga Johansson n’avait jusqu’à présent réalisé qu’un douzaine d’albums, tous projets confondus, pour cette année et il avait encore un peu de temps, disons trois quarts d’heure, pour sortir ce premier album de Necrogod. Quant à The Master Butcher, ses autres groupes Insepulto et Morbid Stench étaient pour le moment au repos.
La rencontre entre un surexcité comme Rogga Johansson et un grogneur infrasonore comme The Master Butcher ne pouvait donner que des résultats dévastateurs. C’est le cas avec ce premier album long format qui abat toutes les cloisons et aplatit les forteresses avec un death metal old school méchant et furtif, dont les missiles viennent frapper sans prévenir. Rogga Johansson tient la basse, la guitare et s’occupe de la programmation rythmique, The Master Butcher se contentant de faire fondre les micros sous le souffle brûlant de son larynx ultra-puissant.
Les choses ont beau donner dans le brutal le plus implacable, le duo a quand même réussi à penser les structures des morceaux, à aménager des changements de tempos, à construire les solos de guitare et à glisser dans de discrets recoins quelques minuscules traces de mélodie. Le ton reste quand même proche d’une razzia turco-mongole sur des villages hongrois avec les monstruosités sonores que sont ʺBringers of blasphemyʺ (un début d’album mené comme une charge de cavalerie), ʺIn mortal confinementʺ (un véritable rouleau compresseur dont les freins ont lâché sur une route en pente), ʺThe brutal path (Straight to hell)ʺ (la sauvagerie incarnée), ʺRemain the same againʺ (un tempo ralenti pour mieux écraser les tympans), ʺThe obsessive and the derangedʺ (le chaos livré chez vous gratuitement, dans une caisse en fonte), ʺIn the reign of goreʺ (le titre le plus cool du disque, seulement 335 décibels par centimètre cube), ʺWhen madness has taken controlʺ (un passage plus doom, qui ferait quand même peur à n’importe quel bourreau nord-coréen), ʺMoribundʺ (le réveil soudain d’une horde de trolls dans votre salon) ou ʺTranscending to persistʺ (une façon alternative de concevoir un bombardement atomique).
On l’aura compris, cet album ne s’adresse qu’à ceux qui se sont fait installer des tympans en titane, les suiveurs de Rogga Johansson ou les mangeurs d’ours. Mais dans le genre, ça défrise sainement.
Le groupe :
Rogga Johansson (bass, guitare, programmation rythmique)
The Master Butcher (chant)
L’album :
ʺBringers of Blasphemyʺ (04:00)
ʺIn Mortal Confinementʺ (03:37)
ʺThe Brutal Path (Straight to Hell)ʺ (03:51)
ʺRemain the Same Againʺ (03:58)
ʺThe Obsessive and the Derangedʺ (03:14)
ʺIn the Reign of Goreʺ (03:53)
ʺWhen Madness Has Taken Controlʺ (04:19)
ʺMoribundʺ (03:19)
ʺTranscending to Persistʺ (03:45)
https://necrogod.bandcamp.com/album/in-extremis-death-metal
https://www.facebook.com/necrogodeath/
Pays: SE
Transcending Obscurity
Sortie: 2021/07/23