LUCIFER – IV
J’ai presque gagné mon pari. L’an dernier, j’annonçais que Lucifer, après avoir réalisé son ʺLucifer IIIʺ, allait immanquablement sortir un ʺLucifer IVʺ l’année suivante et qu’ensuite, il donnerait à ses albums futurs des noms au lieu de numéros. Et ce ʺLucifer IVʺ, le voici, paru en 2021, suite au troisième volet édité en 2020. Ensuite, on verra mais si Lucifer sort un cinquième album avec un titre à l’avenir, j’aurai gagné mon pari. Quoi, au fait ? Rien, puisque ce pari ne porte sur rien.
Mais laissons là les jeux de hasard et concentrons-nous sur ce quatrième volet du combo doom germano-suédois, où la chanteuse Johanna Sadonis et le batteur Nicke Andersson sont unis à la ville comme à la scène ou au studio. Avec la crise sanitaire, les gens de Lucifer ont fait comme tous leurs collègues : bien calfeutrés chez eux, ils ont eu l’occasion d’écrire de nouvelles chansons au lieu de partir en tournée, d’où la fréquence rapprochée des sorties entre ʺLucifer IIIʺ et ʺLucifer IVʺ. Du côté du personnel, Johanna Sadonis et Nicke Andersson continuent l’aventure avec les spadassins qui les avaient accompagnés sur le précédent opus, Martin Nordin (guitares et chœurs), Linus Björklund (guitares et chœurs) et Harald Göthblad (basse et chœurs, claviers).
Toute cette équipe a surtout eu le temps de réécouter des albums de Black Sabbath, Pentagram et Blue Öyster Cult pour renouveler son inspiration et pondre de nouveaux titres, et ceci en communion puisque tous les musiciens ont sorti le stylo à bille pour l’occasion. Vu les influences mises sur la table, on constate que ce nouvel album rejoint sans broncher les rangs des précédents albums, avec toujours la même touche doom metal et proto-metal traditionnel à forte connotation Seventies. Il y a néanmoins un petit mieux par rapport au ʺLucifer IIIʺ qui s’éparpillait un peu plus dans d’autres sous-branches du hard rock, au détriment d’une certaine cohésion. Ici, la cohésion est de retour et elle autorise une écoute agréable de morceaux n’ayant pas réinventé la planche à clous mais qui tiennent leur rang avec un certain dynamisme et une production claire et puissante.
La voix de Johanna Sadonis résonne avec force et mélodie, glissant sur des lits de guitares qui savent claquer quand il le faut (ʺBurn me his headʺ, très dans une veine Pentagram, ʺLouiseʺ, entre Blue Öyster Cult et Lynyrd Skynyrd, pour un résultat efficace). L’ambiance ensorcelée est parfois entretenue par un petit orgue sépulcral (ʺMausoleumʺ) ou un piano inquiétant (ʺNightmareʺ, qui développe d’assez beaux effets dramatiques). Sans chercher à forcer dans l’épouvante, Lucifer reste ici dans sa zone de confort, faite de mid-tempos envoutants (ʺCold as a tombstoneʺ) et de coups de tonnerre sabbathiens (ʺWild hearsesʺ, ʺOrionʺ). La fin d’album a un peu tendance à ressasser les idées trouvées en début d’album mais quelques solos lumineux de guitare permettent de rester concentré sur les développements musicaux.
On peut considérer ce quatrième album comme la stricte continuation des précédents, avec un peu plus d’indulgence quand on a accepté l’idée que, comme Kadavar, Lucifer a impressionné à ses débuts et qu’il gère maintenant sa rente de groupe encore respectable, bien qu’on puisse espérer de temps à autre un petit coup de génie, histoire de confirmer la réputation du groupe acquise à ses débuts. Patientons…
Le groupe :
Johanna Platow Andersson (chant et claviers)
Nicke Andersson Platow (batterie, percussions, chœurs, claviers, guitares)
Martin Nordin (guitares et chœurs)
Linus Björklund (guitares et chœurs)
Harald Göthblad (basse et chœurs, claviers)
L’album :
ʺArchangel of Deathʺ (03:35)
ʺWild Hearsesʺ (04:56)
ʺCrucifix (I Burn for You)ʺ (03:51)
ʺBring Me His Headʺ (04:25)
ʺMausoleumʺ (04:51)
ʺThe Funeral Pyreʺ (01:44)
ʺCold as a Tombstoneʺ (04:16)
ʺLouiseʺ (03:56)
ʺNightmareʺ (05:07)
ʺOrionʺ (04:47)
ʺPhobosʺ (04:20)
https://www.facebook.com/luciferofficial
Pays: SE
Century Media
Sortie: 2021/10/29