LAST DETAIL, The – At last… the tale and other stories
Il existe depuis peu une publication appelée True music guide qui a pour objet de parler d’un groupe spécifique à l’occasion d’une réédition de ses œuvres. Je ne sais pas où on peut la trouver puisque notre rédaction l’a reçue récemment mais il est fort probable qu’elle provient des Pays-Bas ou du nord du pays. Son numéro 2 traite de The Last Detail, un groupe progressif néerlandais qui a fait un parcours météoritique à la toute fin des années 80 et début des années 90, ne laissant brièvement que quelques démos et un album long format. Nous allons donc découvrir ce groupe, qui intéressera surtout les amateurs de néo-prog bien marqué années 80.
The Last Detail est formé à La Haye à partir des restes du groupe symphonique Ywis. Quand ce groupe se sépare en 1986, le claviériste Julian Driessen et le batteur Herman Ruijters s’allient aux frères Ruud et Peter Stoker (respectivement chant et guitare) ainsi qu’au bassiste Bert de Bruijne pour former le groupe Year and A Day qui, comme son nom l’indique, se sépare au bout d’un an et un jour à la fin de 1987. Julian Driessen et Ruud Stoker continuent à travailler ensemble et mettent la main sur le guitariste Bart Feis pour monter un nouveau projet. Les trois hommes s’entendent tout de suite très bien et s’enferment trois jours dans le studio de Julian Driessen pour pondre un premier album ʺThe silhouetteʺ, vendu sous forme de cassette à la sortie des concerts du groupe. Cette première œuvre est un rock-opéra de science-fiction consistant en six morceaux répartis en deux mouvements et contenant chacun des sous-chapitres. C’est très prog, dominé par des claviers à la Jean-Michel Jarre et chanté d’une voix claire et juvénile. On est ici aux carrefours entre Marillion, Europe, Magnum, Yes ou Genesis.
Nous sommes alors en 1988 et le groupe est repéré par le patron du petit label FREIA Music, un certain Peter Lindenbergh. L’homme prend le groupe sous son management et fait réenregistrer ʺThe silhouetteʺ à ceux qui s’appellent désormais The Last Detail, puisque toutes les premières cassettes sont épuisées. Dans la foulée, le groupe enregistre fin 1988 une deuxième cassette, avec le bassiste Bert de Bruijne de retour comme quatrième larron. Il faut aussi un batteur et ce sera René Kerst qui va s’y coller. Cette nouvelle cassette ʺWaterfordʺ est aussi basée sur une histoire complète, racontant les méfaits d’un certain Spring-heeled Jack, personnage maléfique du folklore victorien ayant sévi dans l’Angleterre des années 1840. Ici aussi, musicalement, même limonade : du prog rock lourdement rythmé par une batterie électronique, des claviers impériaux qui ont tendance à submerger un chant assez haut perché dont la douceur tranche étrangement avec les dimensions de la musique, qui n’a cependant rien de lourd ou de hard mais reste très mélodique, pour ne pas dire emphatique. Cette deuxième cassette connaît son petit succès dans le monde feutré du prog batave, avec également une petite renommée en Belgique flamande ou en Allemagne, pays voisins.
Au moment où The Last Detail réenregistre quatre titres pour une démo promotionnelle destinée à le faire connaître auprès des salles de concerts, certains musiciens renâclent à passer à la vitesse supérieure. C’est ainsi que Bert de Bruijne et René Kerst se retirent du projet, laissant leur place respectivement à Peter Stoker (qui retrouve son frère après l’expérience Year And A Day) et au jeune Andy de Zeeuw. Avec ce line-up ʺclassiqueʺ, The Last Detail se produit dans une dizaine de shows entre 1989 et 1991, connaissant son apogée avec une première partie de Saga au Noorderligt de Tilburg en juin 1990. Ce concert a lieu à l’occasion de la sortie de l’album ʺAt last… the taleʺ, le premier album du groupe qui sort enfin en format vinyle et CD. Ce disque propose des versions réenregistrées en provenance des cassettes ʺThe silhouetteʺ et ʺWaterfordʺ, qui comptent pour à peu près la moitié des morceaux. Côté style, The Last Detail maintient le cap avec son rock progressif un peu niais, toujours influencé par Marillion ou IQ. Le groupe se laisse volontiers aller à des surenchères de solos de guitare et de claviers, en mode virtuose.
Après la sortie de l’album, le groupe reprend ses activités en septembre 1990 et enregistre cinq nouveaux morceaux. Ce seront les derniers de The Last Detail, qui se sépare en mars 1991 au moment où sortent quatre de ces cinq morceaux sur l’EP ʺThe wrong centuryʺ. Le dernier morceau sortira sur une compilation éditée à l’occasion des dix ans du magazine musical néerlandais Sym-Info, plus connu sous le nom de SI.
Tout ce dont on vient de parler est désormais disponible sur ce double CD ʺAt last… the tale and other storiesʺ, édité par le magazine True Music Guide et qui propose la totalité des morceaux de The Last Detail. Le premier CD mélange, sans respecter les ordres de lecture originaux, les morceaux de ʺAt last… the taleʺ, les quatre titres de ʺThe wrong centuryʺ, le cinquième titre paru sur la compilation SI ainsi qu’un extrait de la première compilation ʺExposure 88ʺ où The Last Detail avait figuré à ses débuts. Le second CD reprend l’intégrale des cassettes ʺThe silhouetteʺ et ʺWaterfordʺ. Avec cela, vous aurez entre les mains tout le dossier The Last detail… à la condition expresse d’être un amateur de néo-prog des années 1980-90. Personnellement, je trouve tout ceci un peu daté et un rien naïf mais pour ceux qui aiment ce genre, il y aura sans doute de quoi s’amuser car il y a quand même 150 minutes de musique à se taper.
Pays: NL
FREIA Music
Sortie: 2019/01/15