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LA MER – Tetrahedra

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Respect sincère à celui qui parviendra à définir le style musical de La Mer. L’Encyclopaedia Metallum y colle l’étiquette ‘Atmospheric Black Metal’, ce qui semble adéquat et réducteur à la fois. Le label Godz Ov War s’essaie quant à lui à l’appellation ‘Black Rock’. Avant écoute, ceci nous avait fait imaginer que nous allions avoir droit à quelque chose de similaire au ‘Black’n’RollKvelertak ou ‘Hard Rock’n’Roll noir’ distillé par Shagrath (Dimmu Borgir) au sein de son side-project Chrome Division.  Les premières notes de l’album nous ont confirmé que nous avions peu d’imagination. Car si La Mer est bien un mélange de ‘Black Metal’ et de ‘Rock’, le ‘Rock’ en question n’a pas grand-chose d’ ‘n’roll’. C’est un Rock moderne, que, faute de pouvoir trouver mieux, nous situerons quelque part entre la ‘New Wave’ des années 80, le ‘Gothique des Nineties et, toute proportion gardée, la pop-rock alternative de groupes anglais du second millénaire tels que Muse ou Coldplay.

Contrairement à ce qu’insinue son patronyme maritime, La Mer n’est pas français (ni même francophone), puisqu’il est basé à Glasgow, en Écosse. La Mer n’est pas tout à fait un groupe ; c’est le pseudonyme choisi par un chanteur/multi-instrumentiste, actif (au point de vue discographique) depuis 2020 ; année au cours de laquelle il a carrément sorti deux albums : « Silence » et « Kindom Of Hell ». Depuis, le loup (de mer) solitaire a enrichi son patrimoine musical de quelques singles et EPs ainsi que de deux albums supplémentaires « Everything Is Falling Apart » (2021) et « Death Verses » (2022). Toutes ces sorties avaient été publiées sur son propre label : Roadtrip God Inc. Pour « Tetrahedra », sa cuvée sonore 2023, La Mer a eu la très bonne idée de signer un pacte avec l’excellent label polonais Godz Ov War Produtions, ce qui, on l’imagine, devrait booster sa cote de popularité bien aux delà des Highlands écossais.

Vous l’aurez compris, La Mer n’est pas compatible avec les prétentions rigoristes des ayatollahs du True Black Metal à la norvégienne. Le musicien écossais franchit souvent les frontières de l’invraisemblable en effectuant des  allers-retours entre le monde de l’extrême et celui de la Pop musclée. « Tetrahedra » combine savamment les guitares atmosphériques angoissantes et les cris viscéraux à d’improbables rythmiques synthétiques et à un chant clair sombre et envoutant. Ce mariage qui, au premier abord aurait pu être contre-nature, se révèle plutôt heureux. L’album démarre sur une jolie intro au piano et un chant morose qui ne tarde pas à dégénérer en vocifération extrême. Seule la rythmique programmée apporte à l’ensemble un côté étrangement guilleret. La dimension synthétique perdure sur « Last One Out », un brûlot Gothique/Indus qui rappelle un peu le style des norvégiens de The Kovenant. « Tetrahedron » pour suivre, colle un riff ‘headbangable’ et un chant écorché sur une rythmique dansante hypnotique. “Patina” pourraît être  un hit morose de Depeche Mode (ou une chanson de Paradise Lost, prériode « Host » si vous tenez à conserver des références Metal). « Sunset » alterne moments de morosité intense et accès de rage pure. Tandis qu’elle « Hell Can Wait » ressemble à la rencontre sonore de U2 et Katatonia.

L’histoire ne dit pas vraiment si, malgré sa nationalité britannique, Monsieur La Mer a quelques ancêtres au pays de son label, toujours est-il que, bizarrement, certains de ses titres sont interprétés en Polonais. C’est le cas de l’ultra-violent « Death Dogs » qui démarre dans la langue de Shakespeare pour se terminer dans celle de Copernic (et de Jean-Paul II, les blasphèmes en plus). Deux autres titres (« Strach » et « Nienawiść ») sont interprétés intégralement en langue polonaise. Le premier est une composition personnelle de La Mer, le second une cover du groupe rock alternatif polonais Myslovitz.

Un album qui brille autant par son anticonformisme métallique que par la qualité de ses compositions. L’une des plus belles surprises de la fin 2023.

L’album :

  1. “To the End” (04:48)
  2. “Last One Out” (02:49)
  3. “Tetrahedron” (04:08)
  4. “Patina” (06:12)
  5. “Sunsets” (03:54)
  6. “Strach” (03:07)
  7. “Death Dogs” (02:55)
  8. “Esse Non Videri” (03:32)
  9. “Hell Can Wait” (04:43)
  10. “Gallow Hill” (03:54)
  11. “Where Sadness Lasts Forever” (05:17)
  12. “Protostar” (04:52)
  13. « Nienawiść” [Myslovitz cover] (04:17)

Le groupe

  • La Mer – Tout

Instragram

Bandcamp de Godz Ov War Productions

Pays: GB

Godz Ov War Productions GOWP 015.23

Sortie: 2023/10/27

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