KARNEL, Bruno – Las ilusiones
C’est avec un grand plaisir que nous avoyons arriver sur notre table de travail le nouvel album de Bruno Karnel, ʺLas ilusionesʺ. Le titre en espagnol est déjà à lui seul une invitation au voyage, au départ vers les contrées sud-américaines, une culture que Bruno Karnel aime particulièrement. Après son précédent disque ʺEvaporation des voix offʺ, qui était un live confiné par le coronavirus, le Meldois réalise enfin un album qui était dans les tiroirs depuis longtemps mais que la pandémie avait empêché d’arriver à maturité.
Bruno Karnel se fait connaître sur le Net, avec une présence bien accrochée sur Bandcamp, où on peut entendre ses albums ʺA-Kubosʺ (2013), ʺInsolenceʺ (2016) et ʺAmraʺ (2019), sans parler d’une bonne dizaine d’EPs. Son petit nouveau ʺLas ilusionesʺ est sorti en septembre 2021 et il est grand temps de lui rendre justice. L’album a été précédé du single ʺMedialunaʺ, joué avec le bassiste Antonin Smirr et produit par Florent Morel, deux membres du groupe Lytalk, un jeune groupe rock également originaire de la ville de Meaux. Le rock est en effet le genre qui fait son retour sur ce nouvel album de Bruno Karnel, ce dernier l’associant à son folk rock et à des musiques du monde qu’il a l’habitude de cultiver.
Bruno a composé et écrit la quasi-totalité des chansons, reprenant juste un titre de Lola Downs (ʺIcnocuiatlʺ) et les paroles du poète Nezahualcóyotl Acolmiztli (1402-1472), une importante figure du Mexique précolombien, sur sa chanson ʺChant de Nezahualcóyotlʺ. On sent ici la prédominance d’un hommage rendu à l’Amérique du Sud, notamment par l’usage du nahuatl, une langue ancienne du Mexique, toujours parlée aujourd’hui par deux millions de personnes. Autre référence à l’Amérique latine, la chanson ʺVictor, victorieuxʺ rend hommage au chanteur Victor Jara, figure de la contestation chilienne assassiné lors du coup d’état de Pinochet en septembre 1973. Nous allons aussi au cœur de l’Amazonie avec ʺNuevo Edenʺ, l’histoire d’un village ravagé par l’industrialisation, et nous volons vers la Cordillère des Andes avec ʺMedialunaʺ et ʺLa noche se achaplinaʺ. Quelques musiciens accompagnent Bruno Karnel sur certains titres, dont le déjà mentionné Antonin Smirr (basse), Sonia (chant) et Ricardo Da Silva (guitare).
Mais nous ne voyageons pas qu’en Amérique du Sud avec ce nouvel album. Bruno Karnel nous emmène aussi à Osijek, ville croate qui fut sévèrement touchée par les combats entre Serbes et Croates lors de la guerre de Yougoslavie en 1991, ou sur les chemins de fer slovènes (ʺVlak !ʺ). Il nous emmène aussi dans son univers personnel, fait de poésie animalière (ʺCallopsittesʺ, une espèce de perruche australienne), de critique des addictions informatiques (ʺNébuleux softwareʺ) ou d’accès dans du rock un peu plus costaud (ʺFernwehʺ, ʺNuevo Edenʺ). La production signée Florent Morel permet de toujours coller parfaitement aux diverses subtilités sonores des chansons.
Comme toujours avec Bruno Karnel, on n’est pas déçu du voyage. Il a fallu écouter son album avec une encyclopédie à ses côtés pour découvrir toutes les allusions aux poètes, chanteurs, lieux et animaux qui sont évoqués dans cet album et c’est justement ce qu’il y a de bien avec cet artiste : non seulement, on écoute de belles chansons en français (ou en nahuatl) et en plus on se cultive.
Le groupe :
Bruno Karnel (chant, guitare, basse et batterie)
Antonin Smirr (basse)
Sonia (chant)
Ricardo Da Silva (guitare)
L’album :
ʺOsijekʺ (03:38)
ʺVlak !ʺ (03:22)
ʺNébuleux softwareʺ (03:36)
ʺRebooting cloudsʺ (03:13)
ʺVíctor, victorieuxʺ (03:22)
ʺMedialunaʺ (04:25)
ʺFernwehʺ (03:03)
ʺChant de Nezahualcóyotlʺ (04:26)
ʺNuevo Edenʺ (07:38)
ʺCallopsittesʺ (03:22)
ʺMatamoreʺ (03:33)
ʺLa noche se achaplinaʺ (04:12)
ʺCallopsittesʺ (acoustique) (03:06)
ʺIcnocuicatlʺ (03:52)
https://brunokarnel.bandcamp.com/album/las-ilusiones
https://www.facebook.com/brunokarnelmusic
Pays: FR
Autoproduction
Sortie: 2021/09/16