JUPITERIAN – Protosapien
Actif depuis 2013, Jupiterian a d’abord commencé à enfoncer sa ville natale de Sao Paolo sous les couches épaisses d’un sludge metal coupé au death et au doom avant de répandre ses funestes volutes sur le reste du monde grâce à un contrat signé chez Transcending Obscurity. Le label indien a encore flairé un poulain intéressant ayant plus d’une corde à son arc. D’abord, Jupiterian peut être considéré comme un des groupes les plus lourds du monde, avec son énorme sludge metal englué jusqu’au cou dans une boue épaisse et visqueuse, dont l’odeur repoussante précipite l’imaginaire dans des gouffres à la profondeur indicible.
Jupiterian se démarque également de ses congénères par les pseudonymes peu communs donnés à ses membres. On trouve en effet R à la basse, A à la guitare, V au chant et à la guitare ainsi que P à la batterie. Signalons que P a remplacé G en 2019. Cette plaisanterie alphabétique cache en fait les noms de Rafael Riberti, Ale, Vakka (alias Tiago Oliveira) et Paulo Pinheiro (qui a donc remplacé Gustavo Vaz Gabriel). Ces gens ont pour la plupart exercé leurs talents dans d’autres groupes locaux comme Horns Of Venus, Corporate Death, Inerthe, The Black Coffins ou The Kroni.
Ces précédents combos évoluaient dans des registres death ou metalcore mais avec Jupiterian, c’est le sludge metal le plus gras et le plus dépressif qui a pris le dessus. Jupiterian a ainsi affligé l’Occident chrétien des albums ʺAphoticʺ (2015), ʺTerraformingʺ (2017) et revient avec ce nouvel album ʺProtosapienʺ, plus épais que jamais. Le titre évoque la dureté granitique des cavernes, la rudesse des peaux de bêtes couvrant les corps rustiques de nos ancêtres lointains, les éprouvantes conditions de vie au milieu des bêtes fauves et la lourdeur du mammouth.
Nous sommes ici au fond des grottes les plus effrayantes, submergés par des sonorités rupestres qui font trembler le centre de la Terre. Les ours de Jupiterian nous ont concocté un album court et intense, avec seulement trente-cinq minutes pour six morceaux. Mais la plupart d’entre eux avoisinent ou dépassent les sept minutes, permettant de longues pérégrinations apeurées dans une furie contrôlée, ralentie et bouillonnante. Les guitares empilent les couches sonores les unes sur les autres pour compresser l’atmosphère et faire jaillir des coulées de boue étouffante et tourmentée. On sent poindre l’ombre de groupes comme Eremit, Loss, Primitive Man, Gaerea, Lurk, Unearthly Trance, Deathspell Omega, My Dying Bride ou Conan dans ces compositions sinueuses et gargantuesques, engloutissant l’auditeur dans des labyrinthes d’effroi et de folie. Dans le genre, les deux derniers morceaux ʺStarlessʺ et ʺEarthling bloodlineʺ sont tout simplement exemplaires.
Jupiterian atteint ici son sommet avec ce troisième album qui est considéré comme un progrès significatif par rapport aux disques précédents. Espérons que cette montée vers l’excellence (ou cette descente vers l’horreur, selon les points de vue) ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Voilà un excellent album qui fera fuir les petits gamins venus vous casser les noix pour vous demander des bonbons lors de la prochaine nuit d’Halloween. Parce que la peur authentique est certainement plus du côté de Jupiterian que des citrouilles vides.
Le groupe :
R (basse)
A (guitare)
V (chant et guitare)
P (batterie)
L’album :
ʺHomecomingʺ (2:09)
ʺMere Humansʺ (5:38)
ʺVoidbornʺ (6:53)
ʺCapricornʺ (7:06)
ʺStarlessʺ (7:13)
ʺEarthling Bloodlineʺ (6:40)
https://jupiterian.bandcamp.com/album/protosapien
https://www.facebook.com/jupiteriansect/
Pays: BR
Transcending Obscurity
Sortie: 2020/09/11