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JOHN-PAULS, The – Bon mots

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Après cinq années, The John-Pauls reviennent à la surface avec ce ʺBon motsʺ, deuxième album pour ce groupe texan qui aurait mille fois été mieux à New York plutôt qu’au milieu des gros sudistes musclés, tant son post-punk fragile et délicat est plus digne des Talking Heads ou de Velvet Undergound que de ZZ Top ou Blackcherry Smoke.

Nous avions chroniqué l’album ʺForget to remember to forgetʺ, qui posait le style dépouillé et gracile de The John-Pauls, où tous les musiciens s’appellent John-Paul comme nom de famille (comme les Ramones), sans qu’on sache très bien à quel Jean-Paul ils se réfèrent. Aujourd’hui, The John-Pauls continuent d’affirmer la finesse de leur culture européenne, avec cet album au titre de ʺBon motsʺ (avec la faute d’accord au pluriel qui convient). Ce n’est pas évident pour un Américain de connaître ce terme typiquement français qui donne des références à une culture de luxe et semble être un honneur pour ces tristes Texans qui doivent se coltiner hamburgers et sodas par leurs contemporains qui ignorent Jean-Paul Sartre, Alexis de Tocqueville, Diderot et Voltaire.

The John-Pauls nous reviennent avec leur style lo-fi, bricolé mais toujours avec les dents serrées pour formuler des chansons fortes, alanguies et tristes. La durée des titres est toujours minimale, d’une à trois minutes mais nous avons ici la chanson ʺNo namesʺ qui nous en met pour sept minutes au compteur. Il y a une alternance entre le chant tremblant et poétique de Mikila John-Paul et celui de Phillip John-Paul, qui se charge davantage des agressions sonores (ʺSame dweller different caveʺ, ʺDany Greenʺ). Dès le premier morceau ʺBon motsʺ, avec ces guitares déliées et souffreteuses, on se retrouve immédiatement dans l’univers du Velvet Underground ou de Sonic Youth, la chanteuse marmonnant comme une Mo Tucker en proie à une crise de mélancolie. Dans le même genre, ʺDidn’t Iʺ se veut poignante et langoureuse à souhait. C’est peut-être même la chanson la plus marquante de l’album.

Lorsque le groupe rue un peu plus dans les brancards, ce sont les guitares de Ron Wood croisant le fer avec Lee Ranaldo des Pixies qui semblent sortir d’une gangue boueuse, rappelant que les John-Pauls peuvent être un redoutable combo post-punk. ʺBoxes inside boxesʺ, avec juste sa minute d’existence, sonne garage poisseux à peine ébauché, enregistré en vitesse au fond d’une cave humide avec un dictaphone. C’est une douche froide par rapport aux finitions léchées de ʺDenver rainbowʺ ou ʺKindnessʺ, sorte de folk frotté au style des Vaselines ou de Pavement. ʺNo namesʺ est la pièce de résistance, avec ses montées psychédéliques qui finissent par agripper des influences Sonic Youth ou Television à mesure qu’elle progresse vers des montées déchirantes, avec quasiment les deux tiers du morceau lâchés en trips de guitares flamboyantes.

Rares à faire des albums, The John-Pauls ont peut-être trouvé le bon rythme : prendre son temps pour penser à des chansons mais en écrire de superbes quand le moment est venu. En tout cas, ici, cette formule marche pleinement !

Le groupe :

Phillip John-Paul (chant et guitare)
Mikila John-Paul (chant, piano, batterie)
Elizabeth John-Paul (batterie et percussion)
Mark John-Paul (guitare)
Matt John-Paul (guitare)

L’album :

ʺBon Motsʺ (02:27)
ʺSame Dweller Different Caveʺ (03:07)
ʺDidn’t Iʺ (03:26)
ʺDanny Greenʺ (02:06)
ʺOOOʺ (03:23)
ʺBoxes Inside Boxesʺ (01:01)
ʺDenver Rainbowʺ (02:28)
ʺKindnessʺ (02:46)
ʺNo Namesʺ (07:20)
ʺForgetnessʺ (01:09)

https://aagoo.bandcamp.com/album/the-john-pauls-bon-mots
https://www.facebook.com/TheJohnPauls/

Pays: US
Aagoo Records
Sortie: 2022/11/18

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