IIVII – Grinding teeth / Zero sleep
Après ʺColonyʺ (2015) et ʺInvasionʺ (2017), Josh Graham continue avec IIVII ses explorations d’un drone ambiant spatial avec un double album ʺGrinding teeth / Zero sleepʺ. Plus précisément, il ne s’agit pas d’un double album mais de deux albums distincts réunis sous un même projet. Et ces deux albums ont des messages bien particuliers. Le premier ʺGrinding teethʺ se veut sombre, déstabilisant et est aussi le complément du second album. Le second ʺZero sleepʺ éveille les consciences sur la vie rapportée au temps de sommeil qui l’ampute immanquablement d’un bon tiers.
Les deux disques explorent les deux facettes d’une même réalité, en tout cas d’une réalité émanant de l’esprit de leur auteur. Nous restons nécessairement dans le fictif, dans la fabrication mentale d’atmosphères évoquant le sommeil et son contraire, l’absence de sommeil, mis en relation avec une notion de cauchemar. Le cauchemar onirique peut venir par le sommeil, mais il existe aussi un cauchemar réel qui vient de l’insomnie, quand on ne peut pas dormir et que tout devient atroce du fait du manque de rupture avec une réalité permanente.
C’est peut-être en se posant ces questions qu’on aborde au mieux les rivages complexes et aériens de ʺGrinding teeth / Zero sleepʺ, suite de seize morceaux instrumentaux dont la plupart franchissent allègrement le pas des six minutes pour parfois flirter avec les onze minutes. Josh Graham signe ici un projet ambitieux, aux morceaux dont les structures sonores vont servir à d’autant d’évocations émotionnelles, de transcriptions de sentiments allant de la rêverie à l’angoisse, sans jamais forcer sur les aspects dramatiques mais en suggérant des palettes de sensations. A la fois fondés sur des émanations de sons fragiles, subtils et contredits par des atmosphères plus tendues, les deux albums communiquent entre eux, échangeant leurs climats antagonistes pour ne finalement faire qu’un seul ensemble puissamment caractérisé.
On sent dans cette œuvre la main solitaire d’un unique créateur mais c’est un leurre. Josh Graham s’est en fait entouré de plusieurs invités qui viennent mettre du liant à ce monde musical complexe et élaboré. On citera Sarah Pendleton (SubRosa), Mathilde Smessaert (BARST), Jo Quail, Gregory Simons (Vonnis), Dana Schechter (Insect Ark), Billy Graves (A Storm of Light), Shane Ocell (Sorxe) et même Kim Thayil (Soundgarden) ou Benjamin Weinman (Dillinger Escape Plan).
Bien sûr, ʺGrinding teeth / Zero sleepʺ est avant tout intéressant pour les amateurs de drone et d’ambient mais ses atmosphères à la fois feutrées et dramatiques peuvent séduire ceux qui voudraient se plonger dans des expériences méditatives ou simplement vivre un moment d’originalité musicale.
L’album :
ʺGrinding teethʺ
ʺCrystalline beastsʺ (8’27)
ʺDisappearing Selfʺ (6’00)
ʺBell Ringerʺ (3’43)
ʺSing Your Death Songʺ (6’37)
ʺCoda Ascending Ardorʺ (3’23)
ʺWrapped In Linenʺ (2’42)
ʺAfterglow (Little Black And White Things)ʺ (11’16)
ʺZero sleepʺ
ʺAll Of Us Refugeesʺ (4’51)
ʺMirrorlikeʺ (3’24)
ʺThis Chrysalisʺ (7’28)
ʺSun And Solaceʺ (5’06)
ʺWhite Lightʺ (4’38)
ʺBeginningʺ (6’07)
ʺSleeping Dreamingʺ (5’10)
ʺCoalescing Bodiesʺ (6’45)
ʺBlissʺ (6’28)
https://www.facebook.com/resonantiivii/
Pays: US
Consouling Sounds
Sortie: 2020/03/20