IGNITE – Ignite
Ignite revient avec son nouvel album, le sixième de la série en près de trente ans d’existence, et également après un long silence de six ans où tous ceux qui avait été mis en pièces par leur excellent ʺA war against youʺ étaient dans l’expectative à l’idée de se reprendre en pleine face un autre disque de cette trempe. Eh bien, l’attente se termine enfin mais je vais être au regret d’annoncer que tout ce temps n’aura pas été utilisé pour mettre au point un nouvel album encore meilleur, bien au contraire…
Que s’est-il passé ? Le bug doit remonter en fait à 2019, quand Ignite se retrouve sans son chanteur Zoli Téglás, en poste depuis 1994 et contributeur crucial sur les albums ʺFamilyʺ (1995), ʺA place called homeʺ (2000), ʺOur darkest daysʺ (2006) et ʺA war against youʺ (2016). Le manque est énorme, le trou béant et Ignite doit faire un gros travail sur lui-même pour retrouver l’élan qui l’avait notamment porté sur le fabuleux ʺA war against youʺ. Le défi est de taille, mais le groupe ne lâche pas le morceau. Le vétéran bassiste Brett Rasmussen, le dernier des membres originaux, et ses compagnons Craig Anderson (batterie, 25 ans de services), le guitariste Kevin Kilkenny (20 ans de maison) et le guitariste Nik Hill (spécialiste des allers et retours dans le groupe depuis 2003 mais revenu pour de bon en 2019) cherchent activement un successeur à Zoli Téglás, dont les origines hongroises en faisaient un très intéressant rédacteur de paroles pertinentes et politiques.
Enfin, en 2021, l’oiseau rare est trouvé. C’est Eli Santana (de chez Holy Grail, un combo métal californien) qui reprend le micro et participe à l’écriture des chansons. Ignite a surmonté l’obstacle, a conservé la confiance de son label Century Media, se sent plus fort que jamais, a les yeux fixés sur un avenir radieux, entre en studio en mode marche triomphale avec son producteur attitré Cameron Webb (Motorhead, Pennywise) et le résultat est euh… comment dire ? Il va falloir pourtant le dire : un album totalement moyen, générique, passe-partout, mètre-étalon d’un bubble punk complètement habituel dignes des moments les plus mous de Green Day ou des réflexes conditionnés d’Offspring pour faire une musique sauteuse mais totalement dépourvu de dangerosité. Tout ça pour ça, en quelque sorte…
On ne peut pas en vouloir à Offspring ou Blink-182 de faire toujours le même album, ils nous ont habitués à cela depuis des décennies. Mais s’agissant d’Ignite, étant donné qu’ils avaient commis un chef-d’œuvre avec ʺA war against youʺ, la pilule est dure à avaler. Au milieu des débris de cet album ʺIgniteʺ (les types ne se sont même pas creusé la tête à trouver un titre un peu original) qui s’est crashé au décollage, on va essayer de retirer quelques morceaux encore vivants, mais le taux de perte est élevé. ʺAnti-complicity anthemʺ était chargé de commencer l’album au pas de course mais on ignore où est passé l’originalité. À partir de ce moment, les titres insipides s’enchaînent, d’un ʺThe riverʺ censé être une bombe politique au niveau des textes jusqu’au translucide ʺAter the floodʺ. Seuls quelques rares titres sont vivaces, comme les excellents ʺCall off the dogsʺ et ʺEnemyʺ qui ont tenu le coup. À la fin du compte, on est en droit de se demander pourquoi 90% du hardcore mélodique américain moderne sonne toujours comme un éternel générique de la série ʺFriendsʺ.
On est confronté ici à une question délicate. Comment se fait-il que du hardcore mélodique soit formidable sur l’album ʺA war against youʺ et que, avec très peu de différences, finalement, on se retrouve avec un autre album qui passe à côté de son sujet. Les guitares sont là, l’énergie est là, le chanteur est bon mais il y a un truc qui ne décolle pas. C’est la parabole du bon et du mauvais chasseur des Inconnus. Le bon album de hardcore mélodique, c’est des chansons pleines de pêche qui déchirent tout, et le mauvais album de hardcore mélodique, c’est des chansons pleines de pêche qui tapent à côté de la cible. C’est un mystère et cette fois-ci, la pièce jetée en l’air par Ignite a eu la malchance de tomber sur la mauvaise face.
Le groupe :
Eli Santana (chant)
Nik Hill (guitare)
Kevin Kilkenny (guitare)
Brett Rasmussen (basse)
Craig Anderson (batterie)
L’album :
ʺAnti-Complicity Anthemʺ (2:23)
ʺThe Riverʺ (3:36)
ʺThis Dayʺ (2:15)
ʺOn the Ropesʺ (2:29)
ʺThe Butcher in Meʺ (2:55)
ʺCall Off the Dogsʺ (3:16)
ʺThe House Is Burningʺ (3:12)
ʺEnemyʺ (3:17)
ʺState of Wisconsinʺ (3:30)
ʺLet the Beggars Begʺ (4:11)
ʺAfter the Floodʺ (3:46)
https://www.facebook.com/igniteband
Pays: US
Century Media
Sortie: 2022/03/25