HIPPOTRAKTOR – Stasis

Trois ans après avoir bluffé leur monde via un premier album unanimement acclamé, les Malinois d’Hippotraktor reviennent à la charge. Véritable bombe, « Meridian » présentait l’alchimie d’un groupe avantageusement renforcé par l’arrivée conjointe du guitariste Sander Rom (L’Itch) et du percussionniste Stefan De Graef (Psychonaut). Outre leur dextérité, ceux-ci ont apporté de la voix au projet jusque-là instrumental articulé autour du guitariste et tête pensante Chiaran Verheyden, du bassiste Jakob Fiszer et du batteur Lander De Nyn.

Publié chez Pelagic Records (Mono, Thot, Briqueville…), « Stasis » se profile comme la suite imagée de « Meridian ». Si sur ce dernier le narrateur découvrait en solitaire un monde mystérieux en affrontant l’inconnu, Il doit cette fois affronter ses semblables et appréhender leurs réactions. Ou comment explorer les complexités de la nature humaine en égrenant les sentiments qu’elle engendre. Un thème philosophique vaste aux limites infinies que le groupe a choisi d’attaquer par la fin. Un peu comme si le personnage principal se retournait sur son expérience pour en tirer les premières conclusions avant d’aller plus loin dans l’analyse…

Le furieux « Descent » qui ouvre la plaque sur une intro soutenue et des hurlements bien sentis ne laisse planer aucun doute sur l’état vénère du gaillard. Qui a-t-il bien pu rencontrer pour le mettre dans cet état ? Heureusement, des nuances apparaissent rapidement et, entre les sautes d’humeur spontanées, des moments de relatives introspections apparaissent çà et là. Des breaks salvateurs lui permettent ainsi de reprendre son souffle avant de poursuivre son épopée. Pour l’auditeur, c’est pareil. Des harmonies aperçues notamment chez System Of A Down apaisent momentanément la tension avant l’arrivée de nouveaux rugissements.

Moins sombres que celles d’Amenra, leurs compositions méticuleusement travaillées entretiennent toutefois une tension similaire (« Renegade ») qui prend par moment des détours flippants (« The Indifferent Human Eye »). Si un certain sens du groove (« Stasis ») et un aspect progressif prenant (« The Reckoning ») parviennent à faire diversion, c’est la rage qui prédomine un album marqués par des riffs entêtants à la Gojira et des contretemps chers à Meshuggah. Mais avec cette subtilité que des musiciens à la technicité hoirs pair sont capables de générer lorsque l’environnement leur est propice. La même sans doute qui a permis à notre aventurier des temps modernes de sortir humainement grandi de son aventure…

Tracklisting
« Descent »
« Echoes »
« Silver Tongue »
« Renegade »
« The Indifferent Human Eye »
« Statis »
« The Reckoning »