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HELIUM HORSE FLY – Hollowed

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Plus de cinq ans que nous n’avions pas eu de nouvelles discographiques d’Helium Horse Fly, groupe post-punk liégeois qui avait impressionné avec son premier album éponyme, sorti fin 2013. Cela paraissait bien long quand on se rappelle de l’excellent album que nous avait sorti ce groupe à l’occasion de ses débuts. Eh bien, quelques années plus tard, nous sommes rassurés de découvrir qu’Helium Horse Fly n’a rien perdu de sa puissance évocatrice ni de son inspiration.

Côté vision du monde, Marie Billy (chant et claviers), Stéphane Dupont (guitare et claviers), Dimitri Ianniello (basse) et le nouveau batteur Gil Chevigné véhiculent toujours les mêmes tourments existentiels dans une musique rappelant les fantômes de la dark wave des années 80. Le groupe propose ici six morceaux aux durées diverses, mais avec une majorité de titres longs dépassant les six minutes et même les dix minutes pour deux d’entre eux.

Dès ʺHappinessʺ (un nom bien mal porté), nous sommes dirigés vers des eaux troubles et véhémentes, où notre frêle esquif auditif va être charmé par un chant de sirène neurasthénique avant d’être chahuté par des assauts de guitares capricieuses, alternant la tempête et le calme inquiétant, sous une rythmique assez progressive. Le plat de résistance arrive dès le deuxième morceau avec un ʺDeathless spellʺ qui va nous occuper plus de 14 minutes, semant à nouveau un charme délétère sous l’aspect de la voix envoûtante de Marie Billy, alors que les instruments se mettent doucement en place en vue de la construction d’un mur sonore qui va peu à peu prendre des aspects olympiens. Les choses explosent après que Marie Billy a posé cette question cruciale : ʺDo you fight fire with fire or do you just sit there and burn?ʺ. A partir de là, c’est l’hallali électrique, la colère des dieux, le cyclone froid et rugueux d’un assaut instrumental finalement assez bref, avant que les choses ne retombent dans la dépression hivernale. Vous commencez à avoir envie de découper tout votre voisinage à la hache quand un nouveau cycle de violence se déchaîne, cette fois pour de bon, avant l’engloutissement dans un brouhaha sonore à la fin du morceau. C’est ensuite l’heure de la piqûre de tranquillisants sur les huit minutes d’ʺAlgenyʺ, dont l’effet sera de courte durée puisque la guitare se rebiffe à nouveau dans des ruades malsaines à la fin du titre.

Une transition instrumentale (ʺProgenyʺ) sert de liaison avant l’abordage de l’autre gros morceau ʺMonochromeʺ, qui affiche plus de onze minutes au compteur. Ici, une langueur faussement rassurante donne l’occasion de subreptices montées vers des acmés sonores au voltage surchargé, préalablement à des retombées dans cette lourdeur ténébreuse, étape ultime avant une nouvelle poussée de fièvre où la batterie intervient sur tous les fronts. Après de telles émotions, on pouvait bien reposer un peu les montures avec un petit folk final tout aussi porteur de déprime que les morceaux qui l’ont précédé (ʺShelterʺ).

En somme, on retrouve ici Helium Horse Fly avec encore plus de maîtrise de son art, encore davantage de talent à construire des atmosphères déliquescentes et étouffantes. Un disque idéal pour l’hiver. Cela valait bien la peine d’attendre cinq ans.

Pays: BE
Dipole Experiment Records
Sortie: 2019/01/18

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