GIRISH & THE CHRONICLES – Hail to the heroes
Ce n’est pas tous les jours qu’on voit débarquer un groupe de heavy metal indien sur nos platines européennes. Et quel groupe ! On peut dire qu’ici, le label Frontiers Music est allé très loin pour dénicher cette pépite de la vallée du Gange qui s’appelle Girish & The Chronicles. Le nom est idiot mais le groupe vous démastique la tronche avec du pur heavy metal sans aucun complexe. Et c’est cela qui compte.
Comme le disait Napoléon au sujet de la Chine, ʺQuand la Chine s’éveillera, le monde trembleraʺ. Mais quand le heavy metal indien s’éveillera, le monde tremblera aussi. Parce que toutes ces populations qui n’ont pas encore été complètement contaminées par l’indolence occidentale et sa société de consommation ont encore un sacré paquet de cojones dans le caleçon. Et l’Orient mystérieux, quand il se met à faire du métal, obtient autre chose que les redites mollassonnes de groupes américains, anglais ou nord-européens qui se laissent parfois aller à une certaine facilité. On l’avait bien vu eu cours des années 80, quand le Japon avait ouvert les bras au métal. Ça avait donné des groupes tueurs comme Loudness, par exemple. Et si la vague arrive maintenant sur le Brahmapoutre ou dans le Madhya Pradesh, si les saris sont remplacés par des blousons de cuir clouté et si les mangeurs de chapati se mettent à la viande rouge, on va se prendre à coup sûr de la bourrasque métallique qui pourrait bien sauver le monde (du métal, s’entend, parce que pour ce qui est de sauver le monde tout court, c’est un peu grillé d’avance…).
Mais revenons à notre Girish et ses chroniques. Girish Pradhan vient de Bengaluru dans le Sikkim et a été bercé par le bon vieux hard rock et heavy metal des années 80. Avec ses copains, la seule alternative possible est de perpétuer la mémoire du hair metal US, de la New Wave Of British Heavy Metal et du hard FM suédois tels qu’on les pratiquait entre 1979 et 1987. Girish monte ses Chronicles en 2010 et réalise avec eux les albums ʺBack on Earthʺ (2014), sur Universal Music India, et ʺRock the highwayʺ (2020). Le groupe se fait rapidement une réputation locale avec un jeu de scène explosif, qui lui ouvre certaines premières parties prestigieuses autant que variées, comme les rockeurs alternatifs américains Hoobastank, les Finlandais de Poets of The Fall ou les thrasheurs teutons de Destruction. Le groupe a aussi tourné avec Chris Adler, l’ex-batteur de Lamb Of God.
Girish Pradhan et Chris Adler sont également associés dans le groupe Firstborne, qui réunit aussi James Lomenzo and Hugh B. Myrone. Girish a aussi eu l’occasion de venir jouer en France, Espagne, Portugal ou Royaume-Uni avec d’autres projets parallèles. C’est avec l’album ʺRock the highwayʺ que Girish & The Chronicles entame sa montée en puissance à l’international, auréolé d’excellentes critiques. Le bruit vient aux oreilles des patrons du label Frontiers Music qui font entrer le groupe dans leur écurie.
Il faut prévoir un large box dans cette écurie car le nouvel étalon est fougueux. On ne tarde pas à s’en rendre compte avec l’excellent ʺHail to the heroesʺ, plongée dans le true metal des années 80, toutes épées dehors et les flingues tonnant partout sur leur passage. Les types de Girish & The Chronicles ont bouffé du lion, ou plutôt du tigre du Bengale parce qu’à tout moment de cet album, c’est un sublime carnage sonore qui vient nous dévaster les tympans. Alliant à la fois une puissance colossale, une nervosité imparable et un sens aiguisé de la mélodie, le groupe indien est bouleversant de rage juvénile et de foi indétrônable dans la grandeur du heavy metal, celui des maîtres du début des années 80, le tout jeune Def Leppard, le Ratt à peine sorti du cocon, le Dokken tout frais, le Dio dans toute sa splendeur.
D’entrée de jeu, on se prend un coup de bélier en pleine tronche avec le titanesque ʺPrimeval desireʺ, servi par un riff de génie et des guitares qui tuent tout. Judas Priest, Loudness et Def Leppard se sont penchés sur le berceau de ce titre monstrueux qui vient de présenter Girish & the Chronicles aux auditeurs. Il n’en faut pas plus pour être totalement séduit. Et ça continue dans l’énorme avec un ʺChildren of the nightʺ huilé à chaud, qui passe ensuite le ballon à ʺI’m not the devilʺ, qui tire et qui marque ! Après ce brelan gagnant qui a tout aplati, Girish et ses sbires gèrent le terrain conquis avec d’autres petites pépites un peu plus mélodiques, comme ʺLove’s damnationʺ, ʺClearing the blurʺ ou ʺLover’s trainʺ, à la puissance hair metal indiscutable. Les étrangleurs de Bombay ressortent les armes du fourreau pour revenir plaquer un peu plus de tôle fumante contre nos têtes avec ʺRock and roll Jackʺ ou le massif ʺHail to the heroesʺ, à la rythmique rutilante et aux solos virevoltants. Il y aura bien une petite ballade romantique pour nous permettre de souffler, mais ce ʺHeaven’s cryingʺ recèle lui aussi de grands moments d’émotion électrique. Et Girish nous finit le bulbe rachidien avec un dernier ʺRock n’ roll feverʺ provenant de son groupe Firstbone puisqu’il est crédité à Chris Adler, Hugh B. Myrone et Rowan Robertson. Et là encore, la température monte à 40 degrés.
On tient ici une des grosses révélations métal de ce premier trimestre 2022. Il n’y qu’un seul mot d’ordre ici : se procurer cet album fantastique par n’importe quel moyen.
Le groupe :
Girish Pradhan (chant et guitare rythmique)
Yogesh Pradhan (basse et claviers)
Suraj Tikhatri (guitare)
Nagen Mongrati (batterie)
L’album :
ʺPrimeval Desireʺ
ʺChildren of the Nightʺ
ʺI’m Not the Devilʺ
ʺLove’s Damnationʺ
ʺClearing the Blurʺ
ʺLover’s Trainʺ
ʺRock And Roll Jackʺ
ʺHail to the Heroes (intro)ʺ
ʺHail to the Heroesʺ
ʺShamans of Timeʺ
ʺHeaven’s Cryingʺ
ʺRock N’ Roll Feverʺ ft.
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Pays : IN
Frontiers Music
Sortie: 2022/02/11