GEMINI 4 – Gemini 4
Décidément, on est bien obligé de conclure qu’avec Hugo Race, on ne sait jamais sur quoi on va tomber. A chaque nouveau projet de ce monsieur correspond un paradigme totalement nouveau et le plus souvent complètement surprenant. L’ex-Bad Seeds, avec le temps, a appris à se faire connaître et surtout à faire comprendre qu’il était en recherche permanente d’idées nouvelles. A l’origine assez impliqué dans le post-punk et le blues revisité, Hugo Race a pris l’habitude de changer de style musical comme on change de chemise. Au fil de ses pérégrinations à travers le monde (Italie, Slovénie, Suisse, Australie, Belgique…), il a toujours réussi à monter des projets avec d’autres musiciens sur des prémisses musicales aussi diverses que variées.
Récemment, il s’était acoquiné avec Michelangelo Russo, un ancien camarade de son groupe True Spirit, pour un projet dédié à John Lee Hooker et qui prenait le contrepied total de ce qu’on pouvait attendre en matière de reprises de blues (ʺJohn Lee Hooker’s world todayʺ). Et pour ce début d’année 2019, on retrouve Hugo Race et Michelangelo Russo qui abordent des territoires radicalement opposés à l’esprit de John Lee Hooker, puisqu’ils mettent en œuvre avec ce Gemini 4 une visite approfondie du plus pur et du plus dur de l’électronique contemplative.
En effet, les onze monceaux instrumentaux qui composent l’album éponyme du groupe nous plongent dans des atmosphères planantes, foncièrement cotonneuses et laid back, comme diraient les Anglo-Saxons. Aidés de la claviériste Julitha Ryan (Silver Ray) et du percussionniste André ʺIdgeʺ Hehir, les deux complices réinventent l’électro rétro du milieu des années 70, avec nappes de synthés cosmiques, couches électroniciennes posées avec une méticulosité de chirurgien ou traficotages d’harmonicas ou d’instruments à vent délayés dans une galaxie de sons flottants.
L’amateur d’électronique appliquée trouvera ici des climats propices à la méditation tantrique (ʺUnicornʺ, ʺAspartameʺ), à la tentation du dancefloor (ʺDream machineʺ) ou se laissera déboussoler par des pièces quasiment inclassables (ʺEphemeraʺ, ʺMercury risingʺ, ʺTwinsʺ). Le final ʺRosebudʺ assemble à lui seul tous les mystères de ce disque à la fois classique et avant-gardiste, révélant une nouvelle fois l’étendue du talent d’Hugo Race.
Pays: AU
Gusstaff Records
Sortie: 2019/01/25