FINNTROLL – Vredesvävd

Autant prévenir tout de suite avant d’aborder cette chronique : je n’ai jamais aimé la musique celtique, et encore moins le métal celtique. Par conséquent, le folk metal des Finlandais de Finntroll est pour moi une aberration, un truc impossible. Que ce groupe ait délibérément choisi de mettre en porte-à-faux les fans de black metal, avec les grosses pantalonnades celtiques de sa musique, ainsi que les fans de folk avec son black metal bondissant, est le plus sûr chemin pour dérouter les deux publics en même temps et ainsi se planter commercialement. Pourtant, le mélange semble fonctionner puisque cela fait désormais 23 ans que ça dure pour Finntroll, qu’il ne faut pas confondre avec la célèbre banque belge possédée par BNP Paribas.

Les affaires ont commencé à vraiment tourner pour Finntroll à partir du moment où le groupe a été pris en charge par le label Century Media pour l’album ʺNifelvindʺ (2010), cinquième d’une série commencée avec l’album ʺMidnattens widunderʺ (1998). Les trois disques suivants ont permis à Finntroll de se loger autour de la vingtième place des charts de son pays d’origine et c’est avec ʺNifelvindʺ que le groupe rejoint les hit-parades français, allemand, suédois, et autrichien, sans oublier la Finlande où il perd quand même une douzaine de places dans les classements. ʺBlodsveptʺ ajoute la Wallonie et les Etats-Unis parmi les pays ou régions qui accueillent Finntroll dans leurs charts, bien que le groupe soit toujours en milieu de classement un peu partout. Donc, effectivement, Finntroll fonctionne commercialement mais dans des proportions assez modestes. Et l’absence totale du nouvel album dans les charts précités pourrait bien être le signe que Finntroll a commis le disque de trop ou a en tout cas réalisé ici un opus superflu dans sa vision musicale.

Car si jusqu’à présent Finntroll avait réussi à séduire son public par des innovations qui arrivaient toujours à faire de ses albums des œuvres différentes, il faut admettre que cette fois-ci, le combo finlandais s’affale lourdement à bottes cloutées jointes dans la redite et l’habituel. Du gros instrumental introductif hollywoodien où la truculence des cuivres et des chœurs guerriers semble annoncer une nouvelle saison de ʺGame of thronesʺ en passant par le black metal symphonique hyper-speedé (ʺAtt döda med en stenʺ), les polkas autour du feu en mode grosse brute (ʺGrenars vägʺ), les compos basées sur des riffs à deux notes (ʺForsenʺ) ou la cavalcade surexcitée à cheval sur un accordéon (ʺMyrenʺ), Finntroll coche toutes les cases de ce qu’il nous a déjà servi sur les albums précédents.

Il n’y a donc rien de nouveau sur cet album qui aura quand même mis sept ans à être composé et dont on aurait pu attendre davantage de brainstorming et d’idées nouvelles après autant de temps. Bon, même si cet album semble être un coup d’épée dans l’eau, il ne décevra pas les fans du groupe puisqu’on sent bien que ce qu’on a ici est du Finntroll caricatural, auto-parodié, mais du Finntroll tout de même, sincère, énervé et festif. N’ayant moi-même jamais renié le moindre album d’Alice Cooper ni de Motörhead, même les plus répétitifs, je peux me mettre à la place du finntrollien de base, qui pourra sans honte se maquiller la tronche en peinture blanche avec des tâches noires, se mettre sur le dos un tee-shirt au logo illisible, ajouter un kilt par-dessus le jean troué et danser la gigue dans la forêt avec ses camarades bourrés à la Cara Pils tout en écoutant cet album.

Le groupe :

Trollhorn (claviers, orchestrations, guitare, banjo, harmonica)
Tundra (basse)
Skrymer (guitare)
Routa (guitare)
Vreth (chant)
Virta (claviers)
Mörkö (batterie)

L’album :

ʺVäktarenʺ (02:48)
ʺAtt döda med en stenʺ (03:37)
ʺOrmfolkʺ (03:58)
ʺGrenars vägʺ (03:44)
ʺForsenʺ (04:07)
ʺVid häxans härdʺ (04:01)
ʺMyrenʺ (02:49)
ʺStjärnors mjödʺ (04:08)
ʺMaskʺ (03:01)
ʺYlarenʺ (05:06)
ʺOutroʺ (01:03)

https://www.facebook.com/officialfinntroll/

Pays: FI
Century Media
Sortie: 2020/09/18