EYE OF PURGATORY – The lighthouse
Vous pensez peut-être que l’épidémie mondiale de coronavirus a empêché Rogga Johansson de tenir son programme de travail stakhanoviste ? Que nenni ! Le Suédois a souverainement méprisé le vilain petit virus en bossant comme à son habitude, c’est-à-dire comme un forcené, un champion du rendement, un maniaque du nombre d’albums mensuels. Pour vous donner une idée de ce qu’a pu réaliser Rogga Johnasson, à la fois dans les groupes dont il est le patron et ceux où il est simple membre, voici une liste tirée du site de référence Encyclopedia Metallum qui établit les albums marqués du sceau de Johannsson en 2020 et 2021. On cite le nom du groupe, le titre de l’album et le rôle joué par Rogga Johansson dans l’histoire :
1) Bloodgut : ʺPerennial bloodbatherʺ (2020), guitare, basse, chant
2) Furnace : ʺDark vistasʺ (2020), guitare, chant
3) Ghoulhouse : ʺRigor mortis intermezzoʺ (2020), guitare, basse, chant
4) The Dead Cold : ʺFuck your realityʺ (2020), chant, basse
5) Humanity Delete : ʺNo one survives this gameʺ (2020), tout
6) Johansson & Speckmann : ʺThe germs of circumstanceʺ (2020), guitare, basse
7) Megascavenger : ʺSongs in the key of madnessʺ (2020), guitare, basse, chant
8) Monstruous : ʺDawnsleeperʺ (2020), guitare, basse, chant
9) Reek : ʺDeath is something there betweenʺ (2020), guitare
10) Revolting : ʺThe shadow at the world’s endʺ (2020), chant, guitare
11) Those Who Bring The Torture : ʺDark chaptersʺ (2020), guitare, basse, chant
12) Massacre : ʺWar machineʺ (2021, single), guitare
13) Metal Against Coronavirus : ʺNoise and bileʺ (2021, single), chant
14) Necrogod : ʺIn extremisʺ (2021), guitare, basse, programmation batterie
15) Dead Sun : ʺNight terrorsʺ (2021), guitare, basse, chant
16) Heir Corpse One : ʺFly the fiendish skiesʺ (2021), guitare, chant
17) House By The Cemetary : ʺRise of the rottenʺ (2021), guitare, basse
18) Stass : ʺSongs of flesh and decayʺ (2021), guitare
19) Stygian Dark : ʺGorelords of waʺr (2021), guitare, composition
20) God Cries : ʺGod Cries / Starless nightʺ (2021, single), chant
21) The Dead Cold : ʺPolar vortexʺ (2021,EP), chant, basse
22) To Descend : ʺExorcism of hopeʺ (2021), guitare
Résultat des courses : 22 albums ou singles supplémentaires à mettre au palmarès de Rogga Johansson au cours des 18 derniers mois. Et dire qu’il y a des musiciens qui ont passé toute la durée de l’épidémie dans leur salon à faire des petits concerts sur une chaise pour une poignée d’internautes. Ah oui, on oubliait ce 23e album à mettre au compte d’Eye Of Purgatory, encore un nouveau projet monté par Rogga Johansson, qui avait sans doute remarqué qu’il avait encore quelques minutes de libre de temps en temps entre deux albums ou séances de studio.
Sur ce coup, Rogga Johansson a décidé de faire dans le death metal old school bien gras et un rien mélodique en rameutant deux autres solides requins ayant prospéré dans le genre, Jeramie Kling (basse) et Taylor Nordberg (batterie). Ces deux gaillards forment une paire quasi inséparable et traînent ou ont traîné leurs bottes dans de nombreux groupes communs : Dritt Skit, Goregäng, Infernaeon, Inhuman Condition, Ribspreader, The Absence, Necromanting The Stone, Massacre, Wombbath, Gus G. Certains de ces groupes, comme Massacre ou Ribspreader, sont aussi fréquentés par Rogga Johansson.
C’est donc un trio dont les membres peuvent quasiment communiquer par télépathie qui signe ici son deuxième album, après le premier ʺThe rotting enigmaʺ sorti en 2018. ʺThe lighthouseʺ délivre un lot de morceaux qui empruntent beaucoup au death metal suédois des débuts, époque Dismember, Grave ou Entombed. En ce sens, les titres sonnent assez classiques, avec des piles de riffs grossiers et violents couvrant un chant grogné dans les parties les plus graves de la gamme. On se fait happer facilement par le rouleau compresseur qui aplatit de l’acier trempé sur ʺThe lighthouseʺ, ʺCarved in a stone bleedingʺ ou ʺThey silently awaitʺ. Là où Rogga Johansson et ses compagnons innovent, c’est avec l’utilisation judicieuse de synthétiseurs qui apportent une tonalité mélodique à certains morceaux, pour ne pas dire une touche un peu maritime qui correspond bien à l’illustration de la pochette, représentant un monstre sorti des eaux profondes.
Là où on pourrait voir dans cet album une collection de morceaux sans âge ayant pu avoir été composés en 1991 comme en 2021, ʺThe Lighthouseʺ parvient à se distinguer de la masse par cette présence de synthés, qui pourront hérisser le poil des défenseurs hardcore de la tradition death metal. Mais comme ce genre a déjà eu l’occasion d’être galvaudé en profondeur par la branche mélodique du genre (In Flames, pour ne citer qu’eux), le death metal joué ici absorbe parfaitement les synthés qui restent discrets et donnent juste ce qu’il faut de mélodie à des morceaux qui restent bien agressifs en toutes circonstances.
Autrement dit, ʺThe lighthouseʺ se pose comme un album costaud, classique dans ses compositions mais doté d’un petit quelque chose qui rend l’écoute très sympathique. Dans la pléthore de productions émanant de Rogga Johansson, on sent le disque composé en vitesse mais quand même intelligemment conçu pour laisser une trace dans les mémoires après écoute.
Le groupe :
Rogga Johansson (guitare et chant)
Jeramie Kling (basse)
Taylor Nordberg (batterie)
L’album :
ʺAnd From the Fog… ʺ 1:16
ʺThe Lighthouseʺ 4:47
ʺFornever to Awakenʺ 4:03
ʺCarved in a Stone Bleedingʺ 4:55
ʺPieces of a Fading Worldʺ 4:49
ʺThey Silently Awaitʺ 4:00
ʺWhere Slowly Life Fadesʺ 3:37
ʺRotting Pathwaysʺ 4:49
ʺRebirtherʺ 3:31
https://eyeofpurgatory.bandcamp.com/album/the-lighthouse-death-metal
https://www.facebook.com/eyeofpurgatory/
Pays: SE
Transcending Obscurity
Sortie: 2021/06/18