EINSEINSEINS – Zwei
Les membres de EinsEinseins se définissent comme des extra-terrestres ayant trouvé refuge sur la Terre après la destruction de leur planète du fait de la surexploitation de ses ressources. À ce niveau, on peut déjà leur dire de garder le moteur de leur fusée allumé car ils vont bientôt devoir repartir vers une autre planète, parce que les ressources de la planète Terre, ça va être vite cuit, faites confiance aux hommes. Mais ces garçons sont ici pour le moment et ils croient tellement à leur histoire de Martiens qu’il est impossible de découvrir la véritable identité des musiciens du groupe, même en lisant les interviews disponibles sur le Net. Après tout, ce sont peut-être d’authentiques visiteurs de l’espace en vadrouille momentanée sur notre caillou tournant autour du soleil.
Par contre, pour ce qui est de la musique, on peut soupçonner que les gens de EinsEinsEins n’ont pas fait que voyager dans l’espace, ils ont aussi voyagé dans le temps et se sont sans doute arrêtés au milieu des années 70, pour s’abreuver des sonorités de la pop allemande de l’époque, les Neu! et autres Kraftwerk. Parce que du côté électronique et futuriste robotique, cet album ʺZweiʺ nous en met plein les oreilles.
Et si cet album s’appelle ʺZweiʺ, c’est qu’il y en a un premier paru en 2016 et qui s’appelle ʺĬİĨʺ. Ce titre étrange n’est ni plus ni moins que le nom de la planète de nos sympathiques envahisseurs. Sur ce premier album, EinEinsEins avait mis au point une méthode d’écriture à partir d’improvisations, aboutissant à de longs morceaux qui trahissaient un passé musical au service du funk, avec aussi des passages heavy prog.
Le groupe fait un large pas en direction de l’électronique sur ʺZweiʺ. Des morceaux dynamiques et rythmés font intervenir des voix de robots et de bruitages de vieux fax, histoire de donner un aspect rétro-futuriste à l’ensemble (ʺGraf Zahlʺ, ʺPlastikliebeʺ). L’instrumental ʺRegit etarakʺ (karate tiger, pour les dyslexiques) a ce petit air de bande-son d’un documentaire sur le football des années 70, avec les boîtes à rythmes triomphantes et les synthés en pleine forme. Les rares fois où le chant intervient, c’est pour s’exprimer dans la langue de Forian Scheider et Ralf Hütter, EinsEinsEins préférant laisser s’exprimer les instruments. Après l’hypnotique et sautillant ʺGasetagenheizungʺ, le trio berlinois nous livre ses deux plus longs morceaux, des escapades de sept à huit minutes qui permettent de voler entre new wave pour dance-floors, rêveries de computers, électro progressive ou obsessions stroboscopiques.
Enfin, je vais devoir vous livrer la vérité sur ces gens d’EinsEinseins : ils ne sont pas plus martiens que vous et moi et j’ai finalement découvert leur identité. Johannes Rosswog (batterie), Niels Hoffmann (basse, synthétiseurs, chant) et Alexander Fedorov (guitare, synthétiseurs, chant) nous ont fait croire qu’ils étaient arrivés sur Terre clandestinement avec la dernière navette spatiale mais ils sont bel et bien humains. Désolé d’avoir brisé les rêves des amateurs d’aliens comme on brise les rêves des enfants qui croient encore au Père Noël, mais EinsEinsEins ne vient pas d’une autre planète. Par contre, il pourrait très bien venir du passé électronique et new wave des Seventies que ça n’aurait rien d’étonnant.
Le groupe :
Johannes Rosswog (batterie)
Niels Hoffmann (basse, synthétiseurs, chant)
Alexander Fedorov (guitare, synthétiseurs, chant)
L’album :
ʺGraf Zahlʺ (2:24)
ʺPlastikliebeʺ (4:04)
ʺRegit Etarakʺ (4:49)
ʺGasetagenheizungʺ (5:00)
ʺNachtigallʺ (7:31)
ʺNur Fuchsʺ (8:46)
https://einseinseins.bandcamp.com/
https://business.facebook.com/einseinseins.jetzt/
Pays: BE
Tonzonen Records
Sortie: 2022/01/21