ECHOPLAIN – Polaroid Malibu

Emmanuel Bœuf et Clément Matheron usaient leurs cordes de guitare et de basse dans un groupe parisien appelé Sons Of Frida. Ce combo a prospéré une dizaine d’années, de 2005 à 2014, dans une veine shoegaze assez planante et a laissé à l’humanité reconnaissante cinq albums et un EP. Puis c’est la séparation et nos deux compères passent un certain temps à musarder dans des groupes chacun de leur côté (notamment pour Emmanuel Bœuf qui transite dans Emboe, A Shape ou Dernière Transmission) avant de reprendre leur collaboration dans Echoplain en juillet 2018. Stephane Vion (La Diagonale du Fou, Velocross) prend en charge la batterie dans ce power trio qui compte bien abandonner les langueurs poussives du shoegaze pour passer au 220 volts à tous les étages.

Les premiers tremblements se produisent en septembre 2019, à l’occasion de la sortie d’un premier EP éponyme qui vient mettre la panique dans les rangs avec trois titres durs et tendus, prélude à un premier album que la crise virale mondiale a finalement reporté au début de l’année 2021. Ne vous fiez donc pas au nom idiot de ce premier effort, qui évoque plutôt un groupe pop sautillant et niais, car ce qu’il contient est du meilleur acabit post-punk ou noise rock.

Les dents serrées et l’œil vindicatif, Emmanuel Bœuf et ses compagnons balancent dans la masse des giclées brûlantes de guitares rageuses et épaisses, soutenues par une rythmique nerveuse et capricieuse. Il n’est ni question de Polaroid ni de Malibu au cours de ces dix titres colériques qui remettent au goût du jour un noise rock qui avait tendance ces derniers temps à faire des tours sur lui-même sans ajouter de plus-value.

Ici, finie la plaisanterie et on casse bien volontiers le mobilier en se laissant emporter par les tempêtes malicieuses générées par ʺAll eyes on meʺ, les incantations épileptiques de ʺHole.dare.neckʺ, les rythmiques obsédantes de ʺOn her sideʺ ou les ondes dépressives de ʺBeyoncéʺ. Le trio soigne ses compositions en alternant brutalité sonore et mélodies souples, combinaison idéale pour sauter partout sans se faire mal. Dans le genre, des réminiscences comme Fugazi, Flipper ou The Jesus Lizard remontent à l’esprit, signe de l’excellence classique dont peuvent faire preuve les gens d’Echoplain.

Avec une production signée Julien Bous (Postghost Recordings), un mixage de Julien Camarena (Unison) et une pochette dessinée par Sasha Andrès (Heliogabale, A Shape), cet album est marquant à la fois dans son contenu et son contenant. Ne pas s’y intéresser serait une faute de goût.

Le groupe :

Emmanuel Bœuf (chant et guitare)
Clément Matheron (basse)
Stephane Vion (batterie)

L’album :

ʺAll Eyes on Meʺ (3:54)
ʺHole.dare.neckʺ (3:46)
ʺOn Her Sideʺ (3:53)
ʺHere I Standʺ (2:50)
ʺBeyoncéʺ (4:58)
ʺWatchaʺ (4:06)
ʺOn My Ownʺ (3:20)
ʺFade Outʺ (3:05)
ʺ13thʺ (4:11)
ʺYed Sneakyʺ (3:53)

https://echoplain.bandcamp.com/album/polaroid-malibu
https://www.facebook.com/echoplain.music/

Pays: FR
Atypeek Music
Sortie: 2021/02/19