DUMBSAINT – Panorama, in ten pieces
Le label australien Bird’s Robe continue de célébrer son dixième anniversaire avec la réédition d’albums significatifs édités à l’époque de ses débuts. Après The Nerve, puis Super Florence Jam, voici Dumbsaint et son album ʺPanorama, in ten piecesʺ, petit chef-d’œuvre du post-rock et du post-metal paru en 2015 et qui bénéficie désormais d’une sortie en dehors des terres australiennes. Et vu l’objet auquel on a affaire ici, cela valait la peine d’attendre.
James Thomas (basse) et Nick Andrews (batterie) fondent Dumbsaint à Sydney en 2009. Deux ans plus tard, Ron Prince les rejoint à la guitare pour l’album ʺSomething that you feel will find its own formʺ, sorti en 2012. Ici, pas besoin de chanteur puisque Dumbsaint exprime sa musique uniquement par le canal instrumental et évolue dans un sillon post-rock et post-metal. Ces genres ont des cousinages assez proches avec le sludge ou le doom metal, et même le psychédélisme, par leur capacité à étirer de longs morceaux ambients et planants, avec toujours une plongée régulière dans des tourbillons métalliques, histoire de bien marquer le coup.
Avec l’ajout du guitariste Michael Tokar, Dumbsaint commet son deuxième album ʺDisappearance in a minor roleʺ en 2014, en appui d’un film dont le disque va constituer la bande-son. Car Dumbsaint va en fait se spécialiser dans l’écriture de musiques pour films, ce qui est confirmé avec le troisième album ʺPanorama, in ten piecesʺ, sorti en 2015 sur le label Bird’s Robe. Cet album accompagne un nouveau film, un moyen métrage de 60 minutes écrit, financé, filmé et distribué par les membres de Dumbsaint. Il raconte une histoire horrifique qui montre une rue d’un quartier résidentiel dans l’obscurité, où d’étranges personnages décalés évoluent.
Dumbsaint a mis beaucoup d’efforts dans ce film mais n’a pas négligé le côté musical, avec un album composé de dix titres qui ont nécessité plus d’un an d’écriture avant d’être enregistrés avec le producteur Dax Liniere (sleepmakeswaves, Solkyri) dans plusieurs studios à la campagne et en banlieue. Le mixage par Dax Liniere prendra quatre mois avant la mastérisation par Sean Diggins. Dans la foulée, le film, qui comprend 25 acteurs, est filmé sur une période de six mois.
C’est donc le grand-œuvre de Dumbsaint qui est représenté ici avec ʺPanorama, in ten piecesʺ. On en a pour 53 minutes, avec dix titres aux durées diverses, allant de deux à dix minutes. Les occasions de partir dans de longues périodes de mélancolie sonore sont nombreuses, la guitare égrenant des notes par paliers progressifs, sur lesquelles la basse et la batterie viennent se greffer. Les constructions montent peu à peu en puissance jusqu’à l’explosion dans de grandes gerbes métalliques pleines de majesté. Dans ce modèle, ʺLong dissolve / Temps mortʺ ou ʺOf no returnʺ se posent comme des mètres-étalons.
La première écoute de cet album a pu donner l’impression d’une répétition un peu routinière mais le disque gagne toute sa force et révèle toutes ses subtilités avec les écoutes suivantes. ʺPanorama, in ten piecesʺ est donc une œuvre forte, intense et riche qui contribue à apporter au post-rock certaines lettres de noblesse. Par la suite, avec l’arrivée de Brendan Sloan en remplacement de Ron Prince, Dumbsaint se met en veilleuse et n’a toujours pas sorti de nouveau disque (à part l’EP ʺAnother sceneʺ en 2017). Peut-être sont-ils en train de bosser sur un projet encore plus babylonien que cet album mais en attendant, on peut profiter pleinement de ʺPanorama, in ten piecesʺ et découvrir un petit peu à la fois toutes les pépites qu’il contient.
Le groupe :
James Thomas (basse)
Nick Andrews (batterie)
Michael Tokar (guitare)
L’album :
ʺLow Visionsʺ (6:38)
ʺCommunionʺ (7:38)
ʺLove Thy Neighbourʺ (5:30)
ʺ(Partition)ʺ (2:01)
ʺCold Callʺ (4:12)
ʺGracelandʺ (2:39)
ʺLong Dissolve / Temps Mortʺ (10:02)
ʺNeighbour (Reprise)ʺ (1:57)
ʺOf No Returnʺ (8:35)
ʺBarren Templesʺ (3:59)
https://dumbsaint.bandcamp.com/
https://www.facebook.com/dumbsaint/?ref=page_internal
Pays: AU
Bird’s Robe Records
Sortie: 2021/08/27