CONVULSIF – Extinct
Le titre de l’album fait peur, le groupe aussi. Les bruyants Suisses de Convulsif reviennent avec ce cinquième album qui porte le nom d’ʺExtinctʺ, tout un programme en cette période où l’humanité se pense condamnée à la disparition à cause d’un virus. On n’en est pas encore là mais si de fait, l’humanité est encore loin de céder sa place à la prochaine espèce dominante sur Terre (les suricates, bien sûr), l’idée d’extinction fait toujours froid dans le dos. Et si c’était nous, les prochains ?
Cette vision pessimiste ne trouvera aucune voie vers l’optimisme quand on écoute le nouvel album de Convulsif, toujours mené par Loïc Grobety (basse) et secondé par Christian Müller (clarinette et effets électroniques), Jamasp Jhabvala (violon et effets électroniques) et Maxime Hänsenberger (batterie). Ceux qui ont lu les chroniques relatives aux albums ʺConvulsif Big Bandʺ et ʺIVʺ connaissent mon enthousiasme à l’égard de ce combo et tout cela n’est pas près de retomber avec ʺExtinctʺ.
On commençait à s’inquiéter un petit peu car cela faisait plus de quatre ans que Convulsif n’avait pas lâché de nouveaux morceaux sur un album. Il faut dire que les quatre Suisses avaient parcouru le monde entretemps afin de défendre leur musique sur scène. Ils avaient même poussé la croisade sonore jusqu’à Cuba, où ils avaient décidé de ne plus jamais jouer le même concert d’un soir à l’autre. C’est en travaillant davantage sur les improvisations générées par ce serment que Convulsif est allé encore plus loin dans l’expérimentation, comme on va pouvoir le constater sur ce nouvel album.
Expérimental, certes, ʺExtinctʺ l’est incontestablement mais il est aussi plus mesuré, plus calculé que les précédents disques. Loïc Grobety et ses hommes se laissent souvent aller à de longs développements environnant les huit à douze minutes (ʺBuried between oneʺ, ʺFive days of open bonesʺ, l’impressionnant ʺThe axe will breakʺ), où une puissante basse sert de charpente à des poussées inquiétantes menées par la clarinette et une batterie toujours au bord de l’explosion. Noise rock et post-hardcore dominent les débats, toujours entièrement instrumentaux, de cet album nerveux et tourmenté. Le mid-tempo est souvent de mise, surtout sur les longs titres mais aussi sur les morceaux plus courts (ʺSurround the arms of revolutionʺ, qui envoie une puissante respiration rythmique, quasi-hypnotique). Même le titre le plus court ʺFeed my spirit side by sideʺ de moins de deux minutes conserve un sang-froid qui n’empêche en rien une fabuleuse envolée basse-guitare à tout casser, environnée de crissements électroniques agressifs.
Sans aucune parole, ce disque raconte une histoire, il établit une atmosphère à la fois fiévreuse et contrôlée, comme le constat d’une catastrophe à venir qui susciterait en même temps inquiétude et réflexion sur la conduite à tenir. On peut toujours compter sur Convulsif pour être incritiquable dans ce genre d’exercice. Vivement le prochain épisode, si l’humanité n’a pas disparu d’ici là.
Le groupe :
Loïc Grobety (basse)
Christian Müller (clarinette et effets électroniques)
Jamasp Jhabvala (violon et effets électroniques)
Maxime Hänsenberger (batterie)
L’album :
ʺBuried between oneʺ (07:12)
ʺFive days of open bonesʺ (12:26)
ʺSurround the arms of revolutionʺ (03:09)
ʺFeed my spirit side by sideʺ (01:53)
ʺThe axe will breakʺ (13:48)
ʺTorn from the stoneʺ (bonus) (02:26)
https://convulsif.bandcamp.com/
https://www.facebook.com/convulsifband/
Pays: CH
Hummus Records
Sortie: 2020/10/23