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CITY WEEZLE – N° 2

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La crise covidienne a semé la panique un peu partout dans le monde et a désorganisé les calendriers de tournées et d’enregistrements de nombreux groupes rock. Après cette gigantesque tempête anarchique, on retrouve par-ci par-là des petits groupes qui émergent des décombres, avec un disque préparé de longue date mais dont la sortie et la promotion ont été évaporées à l’époque, si bien qu’on les découvre maintenant sous un tas de poussière, en se disant qu’il faut bien en parler quand même, afin de réparer l’injustice d’une mise sous silence indépendante de la volonté des groupes.

Et la situation de certains groupes est encore plus fragile que d’autres, comme dans le cas des combos séparés depuis longtemps et qui avaient justement eu la bonne idée de préparer leur retour en 2020, la faute à pas de bol. Victime collatérale des intempéries virales, City Weezle est dans cette triste situation, lui qui avait passé dix ans à préparer un deuxième album, après la sortie de son premier LP ʺTabooʺ en 2011 et qui s’était mis en sommeil faute de retrouver un batteur digne de ses attentes.

Nous avions à l’époque chroniqué ce premier album en soulignant ses qualités techniques un peu folles, fortement inspirées des œuvres de Mister Bungle et de Primus. À l’époque, Simon Fleury (chant et guitare), Benjamin Violet (guitare), Ai Uchida (batterie) et Maxime Gibon (basse) avaient le vent en poupe. Mais un jour, Ai Uchida a dû retourner au Japon et Simon Fleury a mis son groupe en sommeil en attendant de trouver un batteur aussi costaud qu’Uchida. Des batteurs excellents, on en trouve partout mais il semblerait que Simon Fleury ait été trop fine gueule pour se contenter du premier venu. Résultat : la mise en sommeil a duré près de dix ans.

Pourtant, dès 2013, l’envie de relancer son groupe avait été communiqué à Simon Fleury par la compositeur et producteur CSL Parker. Fleury finit par remettre la main sur le génie Ai Uchida et récupère au passage un autre Japonais nommé Kengo Mochizuki, qui va s’occuper de la basse. Oui, car on n’a pas précisé qu’à force de chercher sa brebis perdue Uchida, Fleury a paumé ses autres musiciens et qu’il faut tout remonter de zéro. La patience va être la principale vertu de tout ceci car il faut quatre ans pour mettre au point les chansons d’un nouvel album, qui sont enregistrées par petits morceaux un peu partout dans des studios et des endroits précaires situés entre la France, l’Irlande et le Japon. Personne n’a eu l’idée d’aller dans le Mato Grosso mais on n’était pas loin.

Ces longueurs viennent aussi des ambitions qu’a mis Simon Fleury dans ce nouvel album, toujours basé sur une rock fusion un peu fou hérité de Primus mais cherchant – et c’est de bonne guerre – à dépasser les limites créatives du premier album. Fleury et ses sbires se sont donc livrés ici à l’écriture de morceaux beaucoup plus alambiqués et beaucoup plus longs (certains titres abordent les sept, neuf et même treize minutes sans débander), réquisitionnant par la même occasion la collaboration de très nombreux invités. On trouve bien sûr CSL Parker au piano et aux arrangements, mais aussi Pierre Schmidt (guitare), Tommy Buckley (guitare), Pedro Lacasa et Jasmina Barra (chant), Etienne Gaillochet (arrangements), Patrick Dalton (saxophone), Richard Rudkins (orgue), Gael Leprince Caetano (percussions), Gautier Serre (électro), la couverture de l’album et les illustrations du livret étant signés David Le Gouguec et Colin Bolger.

Le résultat valait le coup d’attendre. City Weezle livre ici un produit impeccable du point de vue des compositions, à la fois folingues et très travaillées, enlevées par le chant d’ours paillard de Simon Fleury, fouettées par des parties de guitares cinglantes et enjolivées des claviers jazzy d’Axel Steinbiss. City Weezle oscille ainsi de l’aventureux (ʺCaptain introspectiveʺ) à du plus conventionnel (le jazz matois de ʺEven weezles get the bluesʺ) en passant par des exercices de haut vol s’étendant sur la longueur (ʺMaestro mafiosoʺ, ʺCrimson jigʺ et surtout les 13 minutes – morceau caché inclus – de ʺCluedoʺ qui comme le nom du célèbre jeu l’indique, parle de meurtre).

On retrouve toujours les ambiances inspirées de Frank Zappa, Primus mais aussi le Bonzo Dog Doo-Dah Band, avec son petit côté comedy rock. Sous ses aspects un peu dingos, cet album mérite une écoute attentive parce que du point de vue technique (surtout les percussions), ça vous pose son homme. Espérons que City Weezle ne passera pas dix autres années à sortir un troisième album car on commence vraiment à y prendre goût.

Le groupe :

Simon Fleury (chant et guitares)
Ai Uchida (batterie)
Axel Steinbiss (claviers)
Kengo Mochizuki (basse)

L’album :

ʺCaptain Introspectiveʺ (3:48)
ʺThe Underground in Europeʺ (6:16)
ʺMaestro Mafiosoʺ (7:41)
ʺCrimson Jigʺ (9:03)
ʺShe’s a Stomperʺ (4:33)
ʺEven Weezles Get the Bluesʺ (5:56)
ʺEskimo Pieʺ (7:44)
ʺCluedoʺ (13:13)

https://cityweezle.bandcamp.com/album/no-2
https://www.facebook.com/cityweezle/

Pays IE
Autoproduction
Sortie: 2020/11/25

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