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CHAOS MOTION – Psychological spasms cacophony

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Avec Chaos Motion, on n’est pas près de se remettre de ses surprises. Ce groupe est en effet assez inclassable et porteur d’un message musical peu commun : le death metal expérimental avant-gardiste. Mais ce n’est pas le seul aspect curieux de ce groupe, puisque Chaos Motion a fait le choix assez original de quitter son Mexique natal pour venir se perdre dans la plaine alsacienne, à Strasbourg plus précisément. Comment passe-t-on du chili con carne à la choucroute garnie? C’est déjà un assez grand mystère mais ce n’est pas le seul quand on prête une oreille à la musique de Chaos Motion. En effet, à ce niveau, il va falloir s’accrocher fermement au pinceau parce qu’on risque de perdre l’échelle pour de bon. Commandez une camisole de force neuve à votre psychiatre habituel, réservez une chambre dans l’hôtel psychiatrique le plus proche, c’est parti pour un petit voyage chez les dingos.

Juan Pablo Munoz (batterie), Guillermo Gonzalez (guitare et chant) et Alexis Tedde (guitare) forment Chaos Motion à León, dans l’Etat du Guanajuato, en 2013. Juan Pablo Munoz et Guillermo Gonzalez avaient été co-équipiers dans le groupe black metal Goat Perversion, puis Nebular Vision, qui va précisément devenir Chaos Motion en 2013. Juan Pablo Munoz est beaucoup plus âgé que ses deux autres camarades puisqu’il affiche 44 printemps alors que les deux autres viennent d’entamer la trentaine. On ne sait pas ce qui a poussé le trio à faire les valises pour l’Alsace mais il semble que le changement soit une habitude chez ce groupe qui avait déjà changé de nom et donc pourquoi pas de pays.

C’est donc en France que Chaos Motion compose son premier album ʺPsychological spasms cacophonyʺ, dont le nom en dit déjà très long sur l’orientation musicale. Si on veut résumer, on dira que Frank Zappa rencontre Primus avec la bénédiction de Napalm Death et le parrainage d’Agoraphobic Nosebleed. Le bouchon de l’aventure musicale est donc poussé très loin dans le cas de Chaos Motion qui pratique un death metal complètement haché et anti-mélodique (si tant est que le death metal soit peu ou prou mélodique…). Ici, on est dans le chaos total, avec un chant d’ours venant beugler de courts slogans sur des rythmiques en perpétuel bouillonnement. La batterie part dans tous les sens, explose dans des secousses incontrôlables tandis que la guitare se livre à des rodomontades imprévisibles, explosées en une multitude de plans passant de la vitesse supersonique à des breaks inattendus.

Rien n’est construit logiquement ou plutôt si, tout est hyper-construit, calibré au petit poil mais dans le but de semer une anarchie difficilement explicable. A côté de Chaos Motion, le Dillinger Escape Plan fait office de groupe jazz-rock suisse allemand… Les hommes de Chaos Motion nous soumettent à 43 minutes de bruit surexcité, monté sur des structures qui ne sont pas si fondamentalement éloignées de l’avant-prog, après tout. Et les titres des morceaux sont à l’image de l’album, avec des dingueries appelées ʺPerturbation of a spinʺ, ʺUnscrupulousness resolutionʺ, ʺPsychotic spasmʺ, ʺAbsorption disastrousʺ ou ʺSempiternal self-dissolutionʺ. A la toute fin de l’album, les hommes de Chaos Motion nous finissent le bulbe rachidien avec une ʺOutroʺ complétement absconse, au bruitisme électro qui fait miroir avec les folies inquiétantes annoncées en début d’album sur l’ʺIntroʺ.

Si vous êtes passablement surmenés et cherchez à relativiser votre état avec les vraies notions de dérangement mental, si vous voulez mettre fin à une surprise-party dont les derniers invités refusent de plier bagage tard dans la nuit alors que vous voulez aller vous coucher, si vous voulez faire sombrer votre belle-mère dans la schizophrénie la plus complète afin de capter au plus vite l’héritage, procurez-vous cet album qui vous rendra de grands services. On est à la croisée des chemins entre l’insupportable et le génie pur, et la frontière entre les deux est très ténue. Personnellement, j’opte pour la solution du génie mais vous n’êtes pas obligés de me suivre.

Le groupe :

Juan Pablo Munoz (batterie)
Guillermo Gonzalez (guitare et chant)
Alexis Tedde (guitare)

L’album :

ʺIntroʺ (02:38)
ʺThe Sound of Specterʺ (04:52)
ʺPerturbation of a spinʺ (04:48)
ʺUnscrupulousness resolutionʺ (04:01)
ʺVital Vision Voidʺ (05:06)
ʺInner Chaosʺ (03:45)
ʺPsychotic spasmʺ (04:53)
ʺAbsorption disastrousʺ (04:48)
ʺSempiternal self-dissolutionʺ (04:51)
ʺOutroʺ (03:15)

https://chaosmotionband.bandcamp.com/

https://www.facebook.com/chaosmotionband/

Pays: FR
Transcending Obscurity
Sortie: 2019/10/18

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