CAP OUTRUN – High on deception

Cap Outrun a d’abord vu le jour en 2007, au moment où Andrée Theander (guitare) et Erik Wiss (claviers) étudiaient la musique et la composition musicale aux conservatoires de Skara et Skövde, deux villes voisines situées à une centaine de kilomètres de Gothenburg, le fameux foyer du métal extrême suédois. Mais avec Cap Outrun, il n’est pas question de métal extrême, loin de là. On est plutôt dans un mélange habile de hard FM, AOR et progressif, comme on peut l’entendre sur le premier EP du groupe, ʺInfluence grindʺ, sorti en 2008.

Cet EP est assez bien apprécié à l’époque et les textes que l’on peut lire à son sujet sur Internet sont assez élogieux. Il ne sera cependant pas suffisant pour enclencher une suite concrète aux activités de Cap Outrun, qui laisse tomber le cap et se met out pour un sacré bout de temps. En effet, le groupe entre en hibernation et ne ressort qu’en 2021, avec un premier album hébergé chez le label italien Frontiers Music.

Cet album intitulé ʺHigh on deceptionʺ voit également intervenir des musiciens récoltés dans d’autres formations : Chandler Mogel (Outloud) tient le micro, Carl Tudén (ex-Creye) est sur le tabouret du batteur et Linus Abrahamson (ex-Constancia) est à la basse. Erik Wiss et Andréé Theander ont également invité Johan Ludvig Rask (batterie et percussions) et André Egbo (claviers) à venir enrichir un dispositif instrumental assez conséquent. À ceux-ci s’ajoutent deux derniers invités venant jouer ponctuellement sur un morceau : Hugo Lundwall (basse sur ʺRun before we walkʺ et Sebastian Freij (violoncelle sur ʺOur brightest dayʺ).

Avec tout ce petit monde à bord, Cap Outrun nous sort un album de rock progressif à tendance AOR très maîtrisé techniquement, qui n’est pas forcément le plus grand album du 21e siècle mais qui a ses moments. Premier atout, la voix d’or de Chandler Mogel, rugueux sur la vocalise, funambule de l’octave. Avec lui, la moindre comptine pour enfant peut devenir une pièce lyrique de premier ordre. Ensuite, la guitare d’Andrée Theander qui, malgré son prénom féminin (ses parents devaient sans doute admirer la France mais pas parler sa langue), est un rude gaillard qui tient son manche avec brio. Enfin, la présence derrière les fûts du jeune Carl Tudén (24 ans), phénomène prometteur qu’il va falloir suivre de près.

Après, c’est à peu près tout mais on doit quand même admettre qu’avec une approche conventionnelle du rock FM, Cap Outrun parvient à mettre un peu de piquant dans ses chansons grâce à quelques ingrédients progressif bienvenus. On sent des petites touches prog traditionnel à la Asia ou UK sur des titres comme ʺMy destinationʺ, un des morceaux les plus costauds de la sélection. Ayons encore une oreille attentive au fabuleux solo de guitare qui vient enflammer ʺIn the shade of the masqueradeʺ ou les manœuvres intéressantes qui donnent du relief à ʺShadows on the wallʺ. Le groupe sait également être convaincant sur des pièces plus délicates mais ayant les reins solides (ʺAs long as you believeʺ) et termine son disque sur un instrumental de très bon aloi (ʺDopamine overflowʺ).

Sans être d’une transcendance indestructible, cet album saura certainement trouver son public. Espérons cette fois que la machine est lancée pour Cap Outrun, qui a quand même quelques belles cartes dans son jeu.

Le groupe :

Chandler Mogel (chant)
Erik Gafvelin Wiss (claviers et progammation)
Andrée Theander (guitare et chœurs)
Linus Abrahamson (basse)
Johan Ludvig Rask (batterie et percussions)
André Egbo (claviers)
Carl Tudén (batterie et percussions)

L’album :

ʺCrazy Enoughʺ
ʺHigh on Deceptionʺ
ʺDisaster Mindsetʺ
ʺIn The Shade of the Masqueradeʺ
ʺShadows on the Wallʺ
ʺOur Brightest Dayʺ
ʺMy Destinationʺ
ʺRun Before We Walkʺ
ʺAs Long As You Believeʺ
ʺDopamine Overflowʺ

https://www.facebook.com/capoutrun/
https://capoutrun.bandcamp.com/releases

Pays: SE
Frontiers Music
Sortie: 2021/12/10