BARABBAS – La Mort Appelle Tous Les Vivants
« La Mort Appelle Tous Les Vivants » ! Difficile de trouver plus approprié que le titre du nouvel album de Barabbas en cette période intermédiaire qui nous mène joyeusement de la grande pandémie à la troisième guerre mondiale. Comme toujours, dans les moments difficiles, l’humanité cherche à se rassurer en adressant de pieuses suppliques à un inépuisable panthéon des divinités cosmiques. Un panthéon dans lequel, je dois l’avouer, j’ai toujours un peu de mal à me retrouver. Peu enclin à m’agenouiller devant un crucifix pédophile ou à jouer les esthètes végétariens en louant une divinité obèse, c’est avec une joie certaine que je retrouve aujourd’hui les rassurantes paraboles sonores de l’Eglise du Saint Riff Rédempteur !
« La Mort Appelle Tous Les Vivants » est le troisième chapitre de grand livre de Barrabas. Sorti des presses quelques jours avant le terme de l’an 22, il fait suite au six-titres « Libérez Barabbas » de 2011 et à l’album « Messe Pour Un Chien » de 2014. Si vous êtes lecteur assidu de notre gazette digitale depuis plus d’une décennie, vous savez déjà que Barrabas sévit en Île de France depuis 2007 et qu’il a choisi le Doom Metal traditionnel, l’humour noir et l’idiome de Jean-Baptiste Poquelin pour botter le train à celles et ceux qui continuent à faire rimer théologie avec langue de bois.
Aujourd’hui constitué de Saint-Rodolphe au chant, Saint-Stéphane et Saint Thomas aux guitares, Saint-Alexandre à la basse et Saint-Jean-Christophe à la Batterie Barrabas s’associe au label Sleeping Church Records pour porter, plus loin encore, la bonne parole de l’Eglise du Saint Riff Rédempteur. S’il est rédempteur, le riff est surtout gras et acéré; inspiré, comme il se doit, par la divine caresse métallique du majeur sectionné de Tony Iommi. Il embellit un assortiment envoutant de rythmiques plombées et s’associe (à de trop rares moments) à des touches de claviers vintage.
Des groupes Doom, direz-vous, il y en a désormais dans tous les villages. Et vous n’avez pas tort. Alors pourquoi jetteriez-vous votre dévolu sur Barabbas plutôt que sur l’une ou l’autre valeur sure suédoise ? La réponse tient en un céleste patronyme : Saint-Rodolphe ! Car si Balhlsen avait Monsieur Plus pour se démarquer de la concurrence (NDR : cliquez ici si vous n’étiez pas né dans les années 70/80), Barabbas, lui, possède incontestablement le frontman qui fait la différence en ajoutant de très grosses noisettes au biscuit Doom Metallique traditionnel. N’allez pas croire que je fasse allusion au timbre de voix « Testostéroné » du gaillard. Car si ses vocaux charnus (semi-Motörheadiens) sont plutôt rare dans le genre, ce sont surtout les idées sombres qu’ils expriment avec humour et conviction, dans un français irréprochablement envoûtant qui font de Barabbas un groupe à part. De l’effrayant « Je suis mort depuis longtemps » à la troublante « Valse funèbre« , en passant par un « De la viande » désabusé et un « Mon crâne est une crypte » désespéré, tout ici fleure bon la poésie délicieusement putride et le sarcasme finement ciselé.
« Emmuré Dans Ma Chair, Dévoré par les Vers, De mon Esprit Vicié, Mon Crâne est une Crypte, Dont j’ai perdu la clé »
Un album à savourer d’urgence !
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- « La Mort Appelle Tous Les Vivants [Intro] » (0’50)
- « Je Suis Mort Depuis Bien Longtemps » (8’02)
- « Le Saint Riff Rédempteur » (7’41)
- « De La Viande » (5’10)
- « Le Cimetière Des Rêves Brisés » (7’04)
- « Sous Le Signe Du Néant » (8’09)
- « Mon Crâne Est Une Crypte (Et J’y Suis Emmuré » (9’37)
- « La Valse Funèbre » (9’38)
- « La Mort Appelle Tous Les Vivants [Outro] (2’10)
Le groupe :
- Saint Rodolphe : Voix
- Saint Stéphane : Guitare
- Saint Thomas : Guitare
- Saint Alexandre: Basse
- Saint Jean-Christophe : Batterie
Pays: FR
Sleeping Church
Sortie: 2022/12/22