Wildfest 2025: un dernier petit tour et puis s’en va? (jour 2)
« Qui aurait pu imaginer, en 2016, que nous accueillerions des groupes comme Tyketto, H.E.A.T., Ted Poley et tant d’autres sur notre modeste scène à Grammont ? » — Les organisateurs du Wildfest
La pluie est revenue sur le trajet qui nous sépare de Grammont où nous allons assister à la deuxième journée de l’édition 2025 du Wildfest. Difficile de croire que c’est notre dernier jour dans ce sympathique festival. Mais faisant contre mauvaise fortune bon coeur, nous comptons bien profiter à fond de cette dernière ligne droite avec tous les autres festivaliers.
Pour lancer la machine, les organisateurs ont fait appel à Mr. Myst, groupe belge de Sleaze Rock fondé en 2013 par le guitariste Atticus Myst (Ostrogoth). Le band combine l’énergie brute du glam metal avec des influences sleaze modernes, dans la veinte de groupes comme Mötley Crüe, Guns N’ Roses et Poison. La formation ostendaise extrêmement bien rôdée sur scène (pour avoir tourné dans le Benelux, en Allemagne et en France) est à la hauteur de sa réputation avec au menu des riffs puissants et la prestation scénique très convaincante du chanteur Jansy Debusschere (Mr JSD). Les effets pyrotechniques combinés aux colonnes de fumée et aux nombreux changements de costumes ont contribué à mettre l’ambiance. Le public ne s’est d’ailleurs pas fait prier pour reprendre en choeur le fameux «2 Fucked Up 4 U». Bref, une mise en route à la fois sympathique et efficace.
On enchaîne avec le groupe suédois Bulletrain que nous avions adoré lors de l’édition 2018 et qui n’a pas déçu non plus pour cette dernière édition. Le batteur Jonas Tillheden, les guitaristes Mattias Persson (lead) et Robin Bengsston (rythmique), le séduisant chanteur Sebestian Sundberg et le bassiste Niklas Mansson ont encore fait monter l’ambiance d’un cran avec leur heavy metal inspiré d’artistes tels que Guns N Roses, Skid Row, Crazy Lixx, Firehouse, Bon Jovi, Hardcore superstar, Metallica, Mötley Crüe, Steel Panther…
Dès leur entrée en scène, le groupe enflamme le public pourtant déjà chaud. Le charisme du Sebbe n’y est sans doute pas étranger. Au bout d’à peine deux ou trois morceaux, les Suédois se retrouvent torse nu à exhiber leurs tablettes de chocolat et à donner des complexes à une majorité d’hommes présents dans la salle. Les festivaliers sont captivés par la musique et la glam-attitude du groupe, agrémentée de quelques déhanchements bien marqués. Un spectacle total.
Le groupe compte deux albums à son actif: «Start Talking» de 2014 et «What You Fear the Most» de 2016. Côté setlist, le public de Grammont a droit à une belle sélection de morceaux: «Memory Lane» (2016), «Nothin’ but Trouble» (2014), «Love Lies» (2016), «We Salute You» (2016), «Fear» (2016), «Far Away» (2016), «Start Talkin’» (2016), «Out of Control» (2014) et «All for One» (2014).
Les Suédois nous assènent une succession de morceaux sleaze-glam modernes et hyper efficaces. L’ambiance va crescendo et le public est en feu. Ce groupe, qui me rappelle furieusement l’ambiance des concerts de H.e.a.t, autre formation suédoise, confirme son statut de groupe incontournable à voir absolument en concert.
La suite se fait un peu attendre en raison de problème techniques. Sur scène, deux cercueils et quatre colonnes lumineuses intriguent le public qui ne connaît pas encore le groupe South Of Salem. Originaire de Bournemouth, cette formation britannique fondée en 2019 plonge le public dans une ambiance de film d’horreur et dans un univers musical mêlant heavy metal classique, sleaze des années 80 et influences horror. Résultat: un son hard rock moderne très séduisant. Après un premier album intitulé «The Sinner Takes It All» sorti en 2020, cette étoile montante de la scène rock britannique a sorti l’année dernière un second opus au titre plus dark: «Death Of The Party». La setlist était donc composée de morceaux des deux disques, avec entre autres «Pretty Little Nightmare», «Static», «Hellbound Heart», «Vultures», «Death of the Party», «Bad Habits (Die Hard)», «Let Us Prey» ou encore «Cold Day in Hell».
La sauce prend parfaitement. Le frontman Joey Draper parvient à impliquer le public activement et à créer une atmosphère intense. Mention spéciale pour les guitares de Kodi Kasper et Denis Sheriff. Un jeu de scène sans temps mort et une musique accrocheuse à souhait. Tous les ingrédients étaient réunis pour conquérir le public. Encore un de ces excellents moments qui auront marqué le Wildfest 2025.
Le groupe Maverick ayant dû annuler en raison de l’hospitalisation en urgence de son guitariste principal Ryan Sebastian Balfour, les organisateurs ont fait appel au groupe suédois Wildness pour assurer l’intérim. Produit au départ par Erik Grönwall (excusez du peu), le groupe s’est fixé pour mission sacrée de répandre la bonne nouvelle AOR à la sauce Ikéa. Après «Wildness» (2017), «Ultimate Demise» (2020) et «Resurrection» (2022), le groupe Wildness nous revient en 2025 avec un 4e album, intitulé «Avenger» et sorti sous le label Frontiers. Nous sommes diablement curieux d’entendre ces nouveaux morceaux, d’autant qu’il se disait que le groupe serait emmené ce soir par un vocaliste remplaçant en la personne de Fredrik Werner. Avec son aide, les autres membres du groupe, à savoir Adam Holmström et Pontus Sköld à la guitare, Erik « Lord of the Drums » Modin à la batterie et Marcus Sjösund à la basse, proposent un spectacle très plaisant au public de Grammont, même si on sent bien que le remplaçant n’est clairement pas tout à fait à l’aise, ce qui ne l’empêche pas d’interpréter très correctement le répertoire de Wildness.
Au programme: «Wings of Fire» (2025), «Renegades of Love» (2020), «Nightmare» (2022), «Avenger» (2025), «Your Last Romance» (2017), «Crucified» (2025) avec en invitée la chanteuse Dani Hart qui avait déjà officié avec le groupe dans le passé, «Caught Up in a Moment» (2025), «Stranger» (2017), «Die Young» (2020) et «Cold Words» (2020).
Surprise pour le titre «Nightmare» puisque Dani Hart rejoint le groupe sur scène pour un superbe duo. Il faut dire qu’elle avait déjà prêté sa voix comme choriste sur le premier album. Cela dit, les Suédois ont parfaitement réussi à faire oublier la défection de Maverick et ont réussi à mettre le feu grâce à leurs compositions de très haute qualité. Un de mes moments préférés du festival.
On reste dans le Nord avec le groupe finlandais Shiraz Lane qui a fait les beaux jours des éditions 2019 et 2022 du Wildfest et dont la fougue et la fraîcheur sur scène le disputent au talent. Hannes Kett (chant), Jani Laine et Miki Kalske (guitares), Joel Alex (basse) et le très expressif Ana Willman (batterie) incarnent le groupe ensemble depuis 2011. Comme à chaque fois, on sent bien qu’ils ont cette fois encore envie d’en découdre et nous sortent un show dont ils ont le secret. Des mélodies à l’accroche hyper efficace qui séduisent d’emblée le public qui suit comme un seul homme. Au menu du jour, pour l’essentiel une série de morceaux extraits de leurs trois albums («For Crying Out Loud» de 2016, «Carnival Days» de 2018 et «Forgotten Shades of Life» de 2022). Le set commence par un nouveau single annonciateur d’un nouvel album chez Frontiers Music «Plastic Heart» (2025), suivi de « Tidal Wave» (2018), du cultissime «Broken Into Pieces» (2020), «Keep It Alive» (2024), «Scream» (2022), «Dangerous» (2025), «Bullshit» (2025), «Do You» (2020), «Harder to Breathe» (2018) et « To the Moon & Back» (2020 – cover de Savage Garden).
Les Finnois nous sortent un show parfait basé sur quelques valeurs sûres de leur répertoire, mais aussi sur des morceaux nouveaux d’une belle modernité. Quel concentré de talent et quel grand moment musical encore une fois. Le public se délecte.
C’est lors de l’édition 2023 du Wildfest que nous avions découvert Art Nation, fier représentant de l’école suédoise de rock mélodique/hard rock. Ce quatuor est formé d’Alexander Strandell au chant, Christoffer Borg à la guitare, Richard Svärd à la basse et Alexander Lundgren aux fûts. En 11 années d’existence, le groupe s’est montré très prolifique puisque sa discographie compte déjà pas moins de 5 albums: «Revolution» en 2015, «Liberation» en 2017, «Transition» en 2019, «Inception» en 2023 et «The Ascendance» en 2025. Comme la dernière fois, le combo propose une musique hypermélodique et des lignes de chant de rêve. Le groupe est très à l’aise sur scène et le batteur vaut le détour à lui seul. Parmi les morceaux du jour figurent (dans le désordre) «Brutal and Beautiful» (2023), «Thunderball» (2025), «Echo» (2023), «Lightbringer» (2025), «Julia» (2025), «Halo» (2025), «Need You to Understand» (2015) et «Rise» (2025).
Malgré un petit bémol lié au fait que les parties clavier étaient sur bande plutôt qu’en live, le groupe assure une prestation de très haut niveau grâce à son univers musical très léché qui plaît visiblement beaucoup aux festivaliers.
Après un dernier mot des organisateurs, la soirée finit en apotéose avec Crazy Lixx. Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas encore ce groupe de l’écurie Frontiers, Crazy Lixx est un groupe suédois originaire de Malmö, actif depuis 2002, incarné par Danny Rexon (chant), Robin Nilsson (le batteur de The Cruel Intentions qui remplace Joél Cirera aux fûts), Jens Lundgren (guitare), Chrisse Olsson (guitare), Jens Sjöholm (basse), qui s’est imposé comme l’un des piliers du renouveau du sleaze rock et du glam metal en Europe. Leur style musical, décliné à travers 8 albums studio dont le tout récent «Thrill of the Bite» (2025), se situe à la croisée du hard rock, du glam metal et de l’arena rock, avec une énergie contagieuse et une esthétique très inspirée des années 1980. Leur musique se distingue par des riffs de guitares puissants, des mélodies accrocheuses, des refrains puissamment choraux et une production soignée qui met en valeur l’énergie scénique du groupe. Les chansons de Crazy Lixx sont souvent festives, optimistes, et empruntent à l’esprit rebelle et à l’humour du rock des années 80, tout en y ajoutant une touche d’auto-dérision et de légèreté, notamment dans leurs clips vidéo.
Crazy Lixx, c’est aussi un sens inné du spectacle marqué par les costumes clinquants, les solos de guitare spectaculaires et une présence scénique énergique, qui rappelle l’âge d’or du glam metal. Pour ce chant du cygne du Wildfest, les Suédois ont choisi une setlist particulièrement efficace, avec dans le désordre: «Whiskey Tango Foxtrot» (de l’album «Riot Avenue» de 2012), «Little Miss Dangerous» (2025), «XIII» (de l’album «Ruff Justice» de 2017), «Girls of the 80’s» (de l’album «Crazy Lixx» de 2014), «21 Til I Die» (de l’album «New Religion» de 2010), «Blame It on Love» (2010), «Silent Thunder» (de l’album «Forever Wild» de 2019), le sublime «Sword and Stone» (morceau écrit par Kiss et enregistré par Bonfire, avant d’être repris sur l’album «Two Shots At Glory» de 2024), «Hunt for Danger» (2025) et pour finir l’hymne «Who Said Rock ’n’ Roll Is Dead», morceau sur lequel Jan en Sven sont venu esquisser quelques pas de danse en clôture de cette ultime édition du Wildfest.
Les années Wildfest resteront à jamais gravées dans la mémoire des festivaliers et des amoureux de rock en mode glam, sleaze et hard rock mélodique. Un festival qui était, au fil du temps, devenu le rendez-vous annuel d’une grande famille de fans venus de l’Europe entière et parfois même d’au-delà. Malgré la tristesse, comment ne pas être reconnaissants à Jan, Sven et toute l’équipe pour nous avoir permis de vivre tous ces incroyables moments. Une chose est certaine: entre euphorie et nostalgie, entre larmes et éclats de rire, les festivaliers se sont quittés avec la promesse – et la certitude – que l’esprit du festival survivra dans le cœur de ses participants et des groupes qui s’y sont produits. Un adieu digne de la légende que le Wildfest est devenu au fil des années. Et d’ailleurs, est-ce vraiment un adieu définitif?
Accréditations: Mike De Coene (Hard Life Promotion) et Wildfest
Texte: Anne-Françoise Hustin et Hugues Timmermans
Photos © 2025 Hugues Timmermans