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RAISMESFEST 2024 – jour 1: un millésime plein de bonnes surprises!

La météo n’est pas aussi estivale que lors de l’édition de l’an passé, mais le soleil fera malgré tout quelques apparitions en cours d’après-midi. Une fois les formalités d’inscription accomplies auprès de la sympathique équipe de bénévoles à l’entrée, nous revoilà au pied du château de la princesse d’Arenberg à Raismes pour assister à l’édition 2024 de ce festival très prisé des amateurs de hard rock. Le coup d’envoi de la première journée a été donné avant notre arrivée par les régionaux de l’étape, à savoir le trio lillois Deluxe Renegades dont nous avons hélas manqué la prestation, mais que nous tenions à citer malgré tout dans notre compte rendu. En déballant le matériel photo, nous écoutons Nemesis HP, groupe de hard rock/heavy metal fondé par les frères Yannis et Liam Geenens, qui compte à son actif un premier album intitulé “Lions” (2021) pour lequel le groupe a bénéficié de la participation d’un guest prestigieux en la personne de Chris Holmes (ex Wasp). Au menu, une sélection de titres de l’unique album, dont l’excellent “You’ve got to regret“. Le quatuor déroule des compositions de style hard rock fortement influencé par les grands noms des années 80, en faisant preuve d’une belle maîtrise. Voilà qui augure bien pour la suite!

A peine le temps de faire un premier tour rapide des stands et foodtrucks en saluant les nombreux visages connus déjà présents dans la place, qu’il est déjà temps de découvrir l’univers musical de la formation transalpine Small Jackets. Créé en 2000 sous la forme d’un duo réunissant le batteur Danny Savanas et le chanteur-guitariste Lu Silver, le groupe a connu plusieurs changements d’effectif. Après un premier album très réussi sorti en mars 2004 (“Play at High Level”), le groupe démarre sa carrière de manière tonitruante et enchaine les albums: Walking the Boogie” (2006),“Cheap Tequila” (2009) et IV” (2013) . Suivra une période de vaches maigres malgré un concert mémorable à Milan en 2017. Il faudra attendre jusqu’à la mi-décembre 2021 pour assister au come-back du groupe avec la sortie de Just Like This!”. C’est dire si l’accouchement aura été difficile. Mais le résultat est à la hauteur des attentes. Sur scène, Mark Oak (chant et basse), Eddy Current (guitare et choeurs), Danny Savanas (batterie, percussions et choeurs) et Phil Baychans (guitare et choeurs) distillent un hard rock énergique et véloce, assez accrocheur. Seul petit bémol: certains passages de “jam” tirent un peu en longueur. Mais c’est assurément un groupe dont la musique ne manque pas d’attrait. Les fans auront apprécié de les retrouver pour un set d’une cinquantaine de minutes qui passe en revue les principales pépites du répertoire des Small Jackets.

L’artiste suivante est une nouvelle venue: Kim Melville. Elle est jeune, talentueuse, hyper sympa et sait y faire sur scène. De fait, avec un papa guitariste, une maman chorégraphe et une grand-mère pianiste, la pomme n’est pas tombée loin de l’arbre. Après avoir étudié le piano, Kim se met à la guitare et fait ses premiers pas sur YouTube et Instagram. Pour la petite histoire, Manu Lanvin lui a offert une guitare Melody Maker customisée, plaçant ainsi la jeune artiste sur les traces de la légendaire Joan Jett. Sur scène, Kim propose un univers teinté de rock, de glam, de pop et même d’influences métalliques. Nous avions eu l’occasion de la découvrir sur la scène d’un festival dans le sud de la France où elle se produisait avant Laura Cox. Elle nous avait déjà fait excellente impression et c’est un réel bonheur de la revoir à Raismes. Elle joue de la guitare et elle chante super bien. Un régal! Accompagnée sur scène par le fabuleux Lucas Melville à la batterie, François Félix à la basse et Frédéric Benne, la belle propose un set composé d’extraits de son EP 5 titres sorti en 2021 et de quelques surprises: “Bitter“, “Blond Loud & Dumb“, “Lost in the Woods“, “105 Times“, “Asmar“, “One More Chance“, “If I had you“, “Mars” (reprise de Yungblud), “Sinkin’“, “Can’t Sleep“, “Are You Gonna Be My Girl” (reprise de Jet). Voilà en tout cas une artiste pleine de fraîcheur, d’énergie, de talent et d’enthousiasme dont on risque d’entendre parler très bientôt. Son premier album est en préparation et nous sommes déjà impatients de l’entendre!

Encore une artiste féminine pour poursuivre. La foule des festivaliers est maintenant plus dense pour accueillir une artiste suédoise dont le nom vous est peut-être familier. Liv Sin s’était en effet fait connaître avec son band Sister Sin que nous avions eu l’occasion de voir sur scène à Bruxelles au défunt festival Road to Rock. Après 13 ans passés au sein de ce groupe suédois, Liv Jagrell a fait le choix d’une carrière solo sous le pseudinyme de Liv Sin. L’artiste compte déjà à son actif 3 albums et 1 EP dans lesquels elle distille un heavy metal plus rapide et plus agressif que celui de son ancien groupe, avec des influences reconnaissables comme celle d’Arch Enemy ou encore Amon Amarth. Bref, c’est couillu et très dynamique. Il faut dire que, vocalement, Liv envoie du lourd et ne ménage pas ses efforts sur scène pour mettre le public dans sa poche à grands coups de headbangings et d’invectives pour harranguer les festivaliers qui répondent présent à l’appel sur fond de riffs massifs et d’une rythmique percutante. C’est stimulant, revigorant, enthousiasmant. Quelle claque!

Au menu une setlist très dense de titres à vous décrocher les cervicales: “Forget My Name“, “Karma“, “Let Me Out“, “Syntetic“, “Hope Begins to Fade“, “Slave to the Machine“, “I Am the Storm“, “Antihero“, “The Process“, “Hypocrite“, “D.E.R.” et “King of Fools“. Les complices de la chanteuse Liv Jagrell sont le bassiste Daniel Skoglund, et les guitaristes Jay Matharu et Krille Kellerman ainsi que le batteur Per Bjelovuk. La complicité entre les protagonistes est évidente et le set de la tornade suédoise passe comme une lettre à la poste un jour sans grève. Liv se démène dans tous les sens et module sa voix tantôt en clair, tantôt en scream plus gutural, voire extrême. L’ambiance atteint son premier sommet de la journée. Et le niveau ne va pas descendre avant longtemps.

Dätcha Mandala est un groupe bordelais créé en 2009 que l’on peut franchement qualifier de power trio. Avec des modèles comme Led Zeppelin, Black Sabbath, Kyuss, Tool, Black Angels, Queens Of The Stone Age, et autres Hendrix), le heavy blues de Dätcha Mandala a un son très connoté 70s, basé sur des guitares puissantes, des voix magnifiques et une énergie débordante et communicative. Un blues rock puissant et inspiré aux accents psychédéliques, ce qui lui donne un groove hors du commun. Ce groupe présenté parfois comme rock alternatif se produit énormément en concert et gagne clairement à être connu par sa musique qui n’a pas tardé à convaincre l’ensemble des festivaliers, même ceux qui n’avaient jamais entendu parler de ce groupe auparavant (comme votre serviteur). Jean-Baptiste Mallet (batterie), Jérémy Saigne (guitare) et Nicolas Sauvey (basse et chant) n’ont pas chômé au cours de leur jeune carrière déjà riche de plusieurs pépites: Rokh” sorti en 2017, “Hara” sorti en 2020, “The Last Drop” (EP) sorti en 2022 et le tout récent “Koda“sorti en avril 2024).

Le groupe parfaitement rodé sur scène (avec plus de 600 concerts déjà à son actif) enthousiaste les festivaliers avec une setlist décapante basée notamment sur les nouveaux titres comme “Koda“, “She Said“, “Hit and Roll” et bien d’autres. Des titres incroyablement accrocheurs grâce à une rythmique toujours efficace, des riffs de guitare puissants et une voix excellente dans une belle variété de registres. Ici encore, il y a fort à parier que le côté nostalgie est pour beaucoup dans le succès tant critique que populaire du trio. Mais attention, cette musique contient aussi des éléments de modernité qui font de ce répertoire bien plus qu’une pâle copie de ce qui se faisait dans les seventies. Bref, un groupe à très haut potentiel de succès. Les organisateurs ont eu le nez très fin jusqu’ici.

La journée passe très vite, signe que le programme plaît. Et il est déjà l’heure d’accueillir le premier gros morceau de la soirée: GOTUS. Mandy Meyer s’est taillé une solide réputation en ayant participé à des groupes monstrueux tels que Krokus, Gotthard, Asia, House Of Lords, Unisonic ou encore Cobra. Quelques années en arrière, un peu avant la pandémie, il rencontre Pat Aeby avec lequel lui vient l’idée de réunir quelques artistes suisses ayant joué dans Gotthard ou Krokus (vous savez à présent d’où vient le nom de groupe). Le groupe commence avec le chanteur Dino Jelusick (à l’affiche du jour 2) auquel succèdera finalement Ronnie Romero (Lords of Black, Rainbow, MSG, CoreLeoni, The Ferrymen, Vandenberg). Musicalement, ces titres fleurent bon le heavy aux accents blues. Une musique qui n’est pas sans rappeler Whitesnake à sa grande époque.

Sur scène, le chanteur Ronnie Romero et le guitariste Mandy Meyer sont accompagnés du bassiste Toni Castell, du batteur Patrick Aeby et du claviériste Alan Guy. Au menu, des compositions originales qui font mouche et des reprises formidables: “Souls Alive” (reprise d’Unisonic), “Fallen Angel” (reprise de Cobra), “King for a Day” (reprise d’Unisonic), “First Strike / Danger Zone” (reprise de Cobra), “Travelin’ Man” (reprise de Cobra), “Fire” (reprise de Krokus), “Reason to Live” (reprise de Gotthard), “Beware of the Fire“, “Top of the World” (reprise de Gotthard), “Take Me to the Mountain” et “Warzone” (reprise de Katmandü). Quand des musiciens d’un tel niveau décident de se faire plaisir, avec en prime un chanteur qui sait y faire avec le public, cela donne une grande fête métallique et une ambiance du feu de dieu. Beaucoup se demandent encore comment ils n’avaient pas vu venir ce séisme musical qui a mis tout le monde d’accord.

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Pas facile de prendre la suite me direz-vous. Pas faux. Sauf quand on s’appelle Audrey Horne (du nom d’un personnage de la série culte de David Lynch “Twin Peaks”). Ce groupe norvégien originaire de Bergen s’est formé en 2002. Il est bien connu de Music In Belgium puisque c’est même le premier groupe que votre serviteur a eu l’occasion d’interviewer. Nous les avons donc vu à plusieurs reprises et savions déjà qu’ils avaient la carure pour prendre le relais sans baisse de régime. Aucune crainte à avoir car le groupe a du talent à revendre. Plusieurs de ses membres du groupe jouent d’ailleurs ou ont joué dans des groupes de black metal comme Enslaved et Gorgoroth. Mais la musique d’Audrey Horne est fort différente puisqu’il s’agit de hard rock ou heavy rock mélodique. Ici aussi on sent une inspiration très 70’s/80’s et l’influence musicale de grandes pointures comme Iron Maiden, Deep Purple ou Thin Lizzy. Une énergie étonnante et une maestria technique à tous les étages, que ce soit dans les riffs de guitare, la section rythmique (quelle basse!) et la voix extraordinaire du chanteur Toschie. Celui-ci est accompagné par Kjetil Greve à la batterie, Arve Isdal et Thomas Tofthagen aux guitares et Espen Lien à la basse (que l’on confondrait aisément avec le chef Philippe Etchebest, lui aussi musicien à ses heures et membre du groupe Chef and The Gang).

La setlist de ce soir met l’accent de manière équilibré sur la partie plus récente de la carrière du groupe aux sept albums ainsi que sur ses plus grands succès: “This Is War” et “Blackout” (extraits de l’album “Blackout” de 2018) ouvrent le bal. Retour au dernier album en date avec “Break Out” (extrait de “Devil’s Bell” de 2022), suivi de “Volcano Girl” (de l’album “Pure Heavy” de 2014), “Youngblood” (de l’album éponyme de 2012), “Animal” (2022), “Pretty Little Sunshine” et “There Goes a Lady” (2012), “Bridges and Anchors” (de l’album “Audrey Horne” de 2009), “Out of the City” (2014), “Devil’s Bell” (2022), “Blaze of Ashes” (2009), “Waiting for the Night” (extrait de l’album live) et le tubissime “Redemption Blues” (2012).

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Comme à son habitude, Toshie interagit énormément avec le public et n’hésite pas à descendre dans le public pour mettre l’ambiance.  Le public adore et danse au rythme des mélodies du combo bergenois. On peut dire sans exagération qu’Audrey Horne est un groupe de scène prodigieux, qui déploie un maximum d’énergie (très communicative), peu importe si la salle compte 3 spectateurs ou 30.000. Les musiciens s’amusent visiblement beaucoup et sont unis par une grande complicité. Et ce bonheur de jouer est, lui aussi, communicatif. Bref, le public présent ne regrette certainement pas d’être venu, malgré quelques gouttes de pluie par-ci par-là.

Changement de style radical pour finir la soirée puisque le choix des organisateurs s’est porté sur le groupe folk finlandais KORPIKLAANI, créé en 2003. Ce groupe de folk ayant ajouté des éléments metal à sa musique, sa présence se justifiait donc au Raismes Fest. Et comme les membres du groupe ont pour seul et unique objectif de faire la fête avec le public, il était logique de terminer la soirée en leur compagnie. L’ambiance est festive, on se croirait dans le Seigneur des Anneaux. Sur scène, une bande de joyeux drilles:  Jonne Järvelä (voix, guitare acoustique, mandoline, violaphone), Olli Vänskä (violon), Cane (guitare et choeurs), Jarkko Aaltonen (basse), Sami Perttula (accordéon) et Samuli Mikkonen (batterie). Avec leurs tenues folkloriques étranges et leur entrain, ils arrivent encore à capter l’attention du public, même si les premiers festivaliers commencent à quitter les lieux pour prendre des forces en vue de la deuxième journée.

Le bilan de la journée est excellent: nous sommes allés de découverte en découverte. Des artistes passionnants et une ambiance montant crescendo jusqu’à l’apotéose avec Audrey Horne. L’affiche pouvait peut-être paraître moins fournie en stars que celle de l’an passé, mais elle n’était certainement pas moins fournie en concentré de talent. Gageons d’ailleurs que nous entendrons très vite reparler des différents artistes qui nous ont fait passer une aussi bonne journée.

Encore merci aux organisateurs et en route pour de nouvelles aventures avec le jour 2!

 

Accréditation : Raismesfest
Article: Anne-Françoise Hustin et Hugues Timmermans
Photos © 2024 Hugues Timmermans

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