Prohibited Records, 30 ans et une fiesta au Bota
Jamais à court d’idées lumineuses, les programmateurs du Botanique s’associent l’espace de deux soirées au label indépendant parisien Prohibited Records. Celui-ci fête ses trente ans et établira pour l’occasion ses quartiers au Witloof Bar le mercredi 10 septembre et à l’Orangerie le lendemain. Retour sur une aventure pas comme les autres en compagnie de l’un de ses fondateurs, Nicolas Laureau.
L’histoire de Prohibited Records est étroitement liée à celle de Prohibition, groupe de noise-rock aux guitares lourdes formé fin des années 80 dans la capitale française par Nicolas et son frère Fabrice. Jouissant d’une aura internationale (ils ont notamment tourné aux Etats-Unis aux côtés de Blonde Redhead et Black Heart Procession), reconnus par leurs aînés (Fugazi, Noir Désir, Les Thugs…), ils publieront une demi-douzaine d’albums jusqu’à leur séparation à l’aube du nouveau millénaire. Le label Prohibited voit le jour en 1995, issu de l’énergie et de la volonté du groupe dont le troisième long format, « Cobweb Day », sera la première référence de la structure nouvellement créée.
Mais au-delà de l’aspect promotion et distribution inhérent à ce type d’entreprise, le but des frangins est avant tout de générer de l’engouement autour d’un collectif, peu importe le style de musique, l’esthétique ou la nationalité. Une ouverture d’esprit héritée de leur jeunesse vécue notamment aux States et en Allemagne, s’inspirant d’un modèle à taille humaine que l’on retrouvait à l’époque chez Bang! et assez proche de la philosophie actuelle de Capitane Records.
Les artistes qui rejoignent le label partagent ses valeurs et prônent une culture DIY fédératrice. Parmi ceux-ci, Herman Düne dont ils publient les deux premiers albums (« un accident heureux, au moment où tous les labels sortent des disques de French Touch, on arrive avec un truc de folk qui cartonne ») les mènera jusque dans les studios du célèbre John Peel. Purr, Heliogabale, Soeza, Mendelson et Patton (aka les frères bruxellois Sam et Max Bodson) en étant d’autres auxquels il convient d’ajouter les multiples projets parallèles des membres de Prohibition dont certains seront à l’affiche du Botanique le mois prochain (on y revient).
Le label compte désormais une centaine de références et ses fondateurs le gèrent avec toujours autant d’enthousiasme, de conviction et de bienveillance. Un subtil équilibre entre démarche artistique, technique et comptable qui leur a permis d’atteindre le système d’indépendance dont ils rêvaient au moment de se lancer dans l’aventure. Tout ceci se voit largement documenté dans une dizaine de capsules vidéo mettant en scène plusieurs collaborateurs (à découvrir par ici). D’autres initiatives matérialiseront ce trentième anniversaire, comme la réédition de « Cobweb Day » en vinyle remasterisé comprenant des inédits, la reformation de Prohibition pour un concert prévu à la Marbrerie le 22 octobre et un slot au festival Rockomotive dans la foulée.
Sans oublier ces deux soirées au Botanique les 10 et 11 septembre qui verront défiler six projets artistiques chers à Prohibited Records. À commencer par R/A/D, la récente collaboration entre la Californienne d’origine Brisa Roché et Nicolas Laureau dont la sortie du premier album, « Outta Sight », coïncidera avec l’événement. Introspectif et mystérieux, le premier titre à en être extrait (« Deep Blue ») titille nos sens dans l’attente de la suite. Le singer-songwriter Pacôme Genty, autre fan du label, développera l’univers chaleureusement rêveur que jalonne « Hestia », sa dernière livraison en date. Avant qu’un DJ set de Don & Françoiz aka Don Niño et Françoiz Breut n’enflamme le Witloof Bar. D’autant qu’il pourrait générer son lot de surprises vu leurs antécédents.
Le lendemain, l’Orangerie accueillera l’écurie Prohibited et ses fondateurs historiques. Les frangins seront en effet aux commandes du set de NLF3, le trio qu’ils forment avec le batteur Jean-Michel Pirès (Bruit Noir). Hypnotiques et motoriques, leurs compositions entêtantes vous emporteront dans des mondes insoupçonnés, où l’expérimentation prend tout son sens. En parlant d’expérimentation, Quentin Rollet (Prohibition, Red Krayola) et Jérôme Lorichon (Purr, Zombie Zombie) s’en donneront à cœur joie via cuivres, percussions, synthés et tout ce qui leur tombe sous la main. Pourquoi pas une paire de ciseaux, d’ailleurs ? Ciseaux, c’est aussi le nouveau nom du projet susmentionné Patton. Les frères Bodson entendent bien ne pas faire de la figuration devant leurs anciens patrons.
Les 30 ans de Prohibited Records, deux soirées prévues au Botanique le mercredi 10 septembre au Witloof Bar et le jeudi 11 à l’Orangerie. Des tickets combi sont disponibles à un prix préférentiel pour les détenteurs d’une Botacarte. De quoi l’amortir sérieusement en une seule fois et s’immiscer dans les coulisses d’un label DYI tout ce qu’il y a de plus authentique.