LOUDNESS : tellement plus qu’un « coup de tonnerre oriental »
En 2020, LOUDNESS fêtera ses trente-neuf années d’existence sur les routes d’Europe (et du monde entier). Fait exceptionnel, la tournée de vétéran du Heavy Metal japonais s’arrêtera en Belgique à deux reprises (NDR : au club South Of Heaven de Bilzen le dimanche 12 avril 2020 et à Courtrai, en aout, dans le cadre du Alcatraz Hard Rock & Metal Festival). L’occasion rêvée, pour l’inconditionnel que je suis, de retracer, dans ses moindres détails, l’histoire de la créature du légendaire guitariste Akira Takasaki.
Nombreux sont ceux qui résument Loudness à son plus gros succès international, l’album « Thunder In The East » paru en janvier 1985, en oubliant que ce dernier était déjà le cinquième album studio du quatuor et, surtout, qu’il était loin d’être le dernier puisque la discographie des métallurgistes nippons compte aujourd’hui 27 albums studio, une pléthore d’enregistrements ‘live’ et de compilations/best of, de nombreux albums solo ainsi qu’une foultitude d’enregistrements de side-projects divers et variés.
Pour que la saga d’Akira & Co soit complète, il ne nous suffira pas de remonter de trente-neuf années sur la ligne du temps. Car lors de sa formation, en 1981, Loudness était déjà le second chapitre de cette sympathique histoire qui, en réalité, débute à Osaka en 1973. Akira Takasaki est alors âgé de 12 ans. Surdoué de la six-cordes et amateur de Rock, il s’associe à deux camarades de classe (le bassiste Hiroyuki Tanaka et le chanteur Hironobu Kageyama) pour former son premier groupe. En hommage à Deep Purple, dont ils apprécient tous trois la musique, les compères baptisent leur projet LAZY (NDR : le single « Lazy » de Gillan, Blackmore & Co avait fait un tabac au Japon un an plus tôt). Pour compléter son line-up, le trio recrute deux musiciens dans les classes supérieures de son lycée : le batteur Munetaka Higuchi et le claviériste Shunji Inoue. Le quintette ainsi formé attire rapidement l’attention du puissant label RCA. Ce dernier, cependant n’est pas tout à fait convaincu par l’orientation Hard Rock de la musique des adolescents et les pousse dans une direction plus ‘easy listening’, tout en leur façonnant une image de ‘boys band’ des seventies. Les premiers singles, publiés dans le courant de l’année 1977 sont un succès commercial et un album intitulé « This Is The Lazy » sort début 1978. La musique naïve (plus inspirée par la Pop Rock des Beatles que par le Hard Rock de Deep Purple), les sourires ravageurs et les tenues de scène kitch assurent au quintette un franc succès auprès du public féminin nippon. Les enregistrements succèdent aux tournées et le succès va grandissant. Cinq albums studio et deux albums live sont publiés entre 1978 et 1981. Cependant, si une partie du groupe semble se complaire dans son statut de Pop Star, Akira Takasaki et Munetaka Higuchi n’oublient pas leur passion pour le Hard Rock et finissent peu à peu par imposer leur vision musclée de la musique. Le groupe abandonne les tenues pop ridicules au profit d’un look foncièrement Metal. Paru en 1980, l’album « Earth Ark (Uchuusen Chikyuugou) » marque une cassure net avec le monde la Pop et un passage définitif vers le côté obscur de la force métallique. Véritable joyau de Heavy Rock, il fait la part belle aux guitares musclées d’Akira Takasaki et aux rythmes plombés de Munetaka Higuchi. Le changement de style, ne fait pas l’unanimité au sein de la formation et le split est consommé dès le début de l’année 1981.
Akira Takasaki et Munetaka Higuchi fondent Loudness peu après. Les autres membres du groupe poursuivent quant à eux de fructueuses dans le milieu musical nippon. Tout en jouant dans de nombreux projets musicaux, le claviériste Shunji Inoue fonde le label Lantis Corporation. Homme d’affaire aguerri, il devient en 2010 le président de la célèbre société de jeux vidéo Bandai/Namco. Hironobu Kageyama n’est pas en reste. Outre ses nombreux projets musicaux, le vocaliste devient une véritable célébrité au Japon (et dans le monde du dessin animé nippon) grâce, entre autres, à ses prestations vocales sur la plupart des bandes originales du dessin animé ‘Dragon Ball Z‘ . Pour la petite histoire, Lazy se reforme en 1997 et publie quelques albums Classic Rock très intéressants. Le groupe est d’ailleurs toujours actif à l’heure actuelle, même si deux de ses membres sont aujourd’hui décédés.
Revenons en 1981. Bien décidés à s’éloigner du monde de la pop, Akira Takasaki et Munetaka Higuchi recrutent le bassiste Masayoshi Yamashita (NDR : un ami d’enfance d’Akira) et débauchent Minoru Niihara, alors vocaliste d’une autre étoile montante du Metal Japonais : Earthshaker. Forts de leur réputation, les quatre musiciens n’éprouvent pas énormément de difficultés à décrocher un contrat avec le fameux label Nippon Columbia. L’album « The Birthday Eve », qui sort le 21 novembre 1981 au Japon est une véritable curiosité sonore. Imaginez un album de NWOBHM joué avec une technique digne de Van Halen, ajoutez-y l’exotisme (surprenant pour l’époque) de la langue nippone et vous ne serez pas loin du compte. Le succès est immédiat (NDR : au japon, en tout cas, car chez nous, il faudra attendre 1983 et la réédition des trois premiers albums par le label batave Megaton Records pour pouvoir profiter de la chose). Taillée dans une veine similaire, « Devil Soldier », la seconde plaque sort en juillet 82. En visionnaire discret, Akira Takasaki intègre dans ses riffs Metal des influences Jazz Fusion et Progressives qui, si elles sont plutôt communes aujourd’hui, étaient tout à fait innovantes à l’époque.
Le guitariste publie son premier album solo « Tusk Of Jaguar » la même année. Surprenant mélange de Heavy Metal, de Rock, de Jazz et de Pop, l’album connait un incroyable succès chez nos voisins hollandais qui, dans un célèbre magazine Metal de l’époque, élisent le shredder japonais ‘Guitariste de L’année 1983’.
Pour la petite histoire, l’envoutant instrumental « Macula (Far From The Land) » qui est extrait de l’album solo figurait déjà, dans une version légèrement différente, sur l’album « Earth Ark » de Lazy. 1982, c’est également l’année de la sortie de « Messiah’s Blessing », le tout premier album de la chanteuse japonaise Misako Honjoh; un album dont la musique a été enregistrée par les musiciens de Loudness et sur lequel, entre les titres originaux, figurent des reprises, chantées en japonais de Riot, Rainbow, Cream, Loudness et Slade. L’année suivante, Akira Tasaki, Munetaka Higuchi et Masayoshi Yamashita enregistreront encore l’album « 13th » en compagnie de la jolie vocaliste.
1983. « The Law Of Devil’s Land », le troisième opus qui sort en janvier 1983 est sans doute le plus ‘européen’ des albums de Loudness. Musicalement assimilé à la NWOBHM, il est comparé, à sa sortie, aux classiques d’Iron Maiden, Saxon et Judas Priest et permet au groupe de faire sa première excursion européenne (limitée à quelques dates aux Pays-Bas et en Angleterre). « Live Loud Alive » le premier live du groupe sort la même année en vidéo (disponible au japon uniquement) et en version double LP. Bien qu’ils portent le même titre, la vidéo et l’album ne proposent pas du tout le même concert. Outre les titres communs aux deux concerts, la vidéo propose des titres issus des premiers albums qui ne figurent pas sur la version LP, tandis que cette dernière dévoile des versions « live » du singles « Roadracer/Shinkiro », de la plage titulaire de l’album solo d’Akira ainsi que deux titres inédits (« I Was The Sun » et « Heavenward ») qui ne figurent sur aucun autre album (ou single) du groupe.
L’année 1983 est plutôt chargée pour le batteur Munetaka Higuchi. Outre les deux sorties de Loudness dont nous venons de parler, il publie son premier album solo « Destruction » et produit (et joue les parties de batterie) sur deux albums de la chanteuse japonaise Mari Hamada (« Romantic Night » et « Lunatic Doll »). Revenons un instant sur « Destruction », un album plutôt sympathique qui propose d’intéressantes collaborations avec, notamment, le vocaliste Nobuo Yamada du groupe Make-Up (NDR : célèbre au Japon et dans le monde du dessin animé japonais pour ses participations aux bandes originales de la série « Saint-Seiya ») ainsi que le vocaliste J.J. et le claviériste Yūki Nakajima, tous deux membres du cultissime gang nippon Heavy Metal Army (NDR : en 1982, Munetaka Higuchi avait également joué sur quelques titres de l’album solo de Nakajima « The Prophecies-Heart Of Renaissance »).
Pendant ce temps, Akira Takasaki, Masayoshi Yamashita et Minoru Niihara s’investissent dans un side-projet appelé M.T. Fuji, sur lequel on retrouve également le vocaliste Nobuo Yamada, la chanteuse Misako Honjoh, le claviériste Masanori Sasaji (NDR : qui joue sur de nombreux titres de Loudness et sur l’album solo d’Akira), et le batteur Soul Toul (NDR : qui, plus tard, jouera avec Minoru Niihara dans le groupe Ded Chaplin). M.T. Fuji ne publie qu’un seul disque. Intitulé « Human Transport », l’album mélange Rock Progressif et Classic Rock dans un style qui, par certains aspects, rappelle un peu la musique des derniers opus de Lazy.
1984 est une très grande année pour Loudness, puisque c’est celle où publie le véritable chef d’œuvre du Metal Nippon qu’est « Disillusion ». L’album, chanté en Japonais, sort en janvier. La version traduite en anglais (une première pour Minoru Niihara) sort en juillet de la même année au Japon et en Europe. L’artwork de la sortie anglaise européenne est identique à celui de la sortie japonaise originale. La version anglaise proposée aux fans japonais comporte, quant à elle, un artwork entièrement remanié ainsi qu’un titre (instrumental) supplémentaire. Musicalement, Loudness affine son style et propose une série de titres variés et accrocheurs, mariant rythmes mid-tempo et accélérations furieuses à un incroyable savoir-faire technique. Les soli distillés par Akira takasaki sur cet album sont absolument sublimes. Peu avant la sortie de la version anglaise, le groupe au complet embarque pour une tournée promotionnelle européenne. Celle-ci s’arrête en Belgique (Halle) le 1er mai 1984. Nos héros nationaux d’Ostrogoth assurent avec brio la première partie de cette furieuse soirée (NDR : qui fut, pour votre serviteur, une véritable révélation et le début d’une vénération inconditionnelle pour la musique du gang japonais). Témoin de cette formidable tournée européenne, une vidéo intitulée « Eurobounds » (NDR : sur laquelle on peut revivre quelques passages du concert de Halle) sort au Japon uniquement (en version VHS et Laser Disc) en aout 1984. Celle-ci ne sera rééditée en versions DVD et CD audio que dans le courant de l’année 2000.
1985. Loudness à désormais conquis l’Europe (NDR : et, par la même occasion, ouvert les portes de notre continent pour une série de groupes japonais tels qu’Earthshaker, 44 Magnum, Bow Wow ou encore Anthem) et il rêve de conquérir l’Amérique. Le quatuor s’envole pour Los Angeles où il enregistre son « Thunder In The East » en compagnie de Max Norman. Le célèbre producteur est responsable, entre autres, du son des fameux « Diary Of A Madman » et « Bark At The Moon » d’Ozzy Osbourne et son travail d’orfèvre booste indéniablement les compositions du groupe. Comme toujours, Takasaki exécute son contingent de riffs compliqués et de soli acérés avec la précision infaillible qui caractérise son jeu. Les compositions, cependant, sont un peu moins atypiques que par le passé. Bien que plus complexes que celles du commun des gangs Metal de l’époque, les chansons semblent avoir été formatées pour le public américain. Et bien que le succès commercial soit au rendez-vous des deux côtés de l’Atlantique, Loudness se sent désormais plus Américain qu’Européen Les critiques le comparent à Dokken, Stryper et Mötley Crüe (NDR : le look paillettes et permanente y est sans doute pour beaucoup) plutôt qu’à Saxon ou Judas Priest. (NDR : qu’il faut dire qu’à l’époque, même Saxon ressemblait plus à Mötley Crüe qu’à Saxon. Jadis terre d’asile, l’Europe est entièrement oubliée lors de la tournée promotionnelle de « Thunder In The East ». Celle-ci se concentre essentiellement sur les Etats-Unis où le quatuor ouvre, entre autres, pour Mötley Crüe. Cette année-là, Loudness participe également à l’enregistrement de la Bande Originale du film d’animation « Odin (Photon Sailer Starlight) ». Regroupée sur deux LP, la BO alterne les titres originaux du quatuor avec les pièces musicales classiques du compositeur Hiroshi Miyagawa. Un « condensé » métallique de l’affaire est publié au format EP 12″ sous le titre « Gotta Fight ». La plage titulaire de la plaque est choisie pour représenter le Rock Japonais au Live Aid, le 13 juillet 1985 (NDR : pour ceux qui n’étaient pas nés, le Live Aid était un gigantesque festival musical se déroulant simultanément sur plusieurs continents ; organisé afin de récolter des fonds destinés à soulager les victimes de la famine qui sévissait à l’époque en Éthiopie).
1986. Boosté par le succès international de « Thunder In The East », Loudness tente de réitérer l’exploit en retournant enregistrer chez Max Norman. Sorti fin mars 1986 au Japon sous le titre « Shadows Of War », le nouvel album est publié deux mois plus tard en Europe et aux USA. Bien que les titres soient identiques, l’artwork est complètement remanié et le titre original est abandonné au profit de « Lightning Strikes ». Bien que l’album soit aussi bon (ou presque) que son prédécesseur, son succès commercial est un peu moins fulgurant Outre-Atlantique. Loudness en profite pour revenir jouer en Europe où il tourne en support de Saxon, sur la tournée « Innocence Is No Excuse ». Celle-ci fait un arrêt chez nous, dans un Forest National archi-comble. 1986 est l’année du cinquième anniversaire de Loudness. Le quatuor décide de marquer le coup auprès de ses fans de la première heure en publiant (sur le marché nippon uniquement) un superbe double album Live intitulé « 8186 Live ». Un livre de photos retraçant les cinq premières années du groupe (« 8186 File ») et une vidéo (« Live in Tokyo – Lightning Strikes ») sortent en parallèle. 1986, c’est également l’année de sortie du premier ‘Best Of’ du groupe. Intitulé « Never Stay Here, Never Forget You »), ce dernier semble vouloir indiquer aux fans japonais (qui font parfois la moue face au succès étranger de LEUR groupe) que, s’il reste fidèle à ses origines, Loudness n’a pas l’intention de se contenter d’un succès national.
1987 est donc l’année d’une nouvelle tentative de percée extérieure. L’aide de Max Norman n’ayant pas été suffisante à l’avènement interplanétaire de « Lightning Strikes », le groupe décide de passer à la vitesse supérieure en faisant appel à la superstar de la production qu’est Eddie Kramer (Jimi Hendrix, Kiss, Led Zepplin, Twisted Sister, Anthrax, Pretty Maids, etc.). « Hurricane Eyes » sort en aout 1987. Si l’Amérique succombe à l’alternance de titres musclés (« S.D.I. », « Strike Of The Sword ») et de mélodies faciles largement arrosées de claviers destinés à la bande FM (« This Lonely Heart », « Rock’n’Roll Gyspsy »), l’Europe, elle commence à lâcher l’affaire. Dans un premier temps, le Japon boude également un peu l’album. « Hurricane Eyes » est le troisième album chanté uniquement en anglais, et l’absence de prose nipponne titille tellement la fibre patriotique des métallurgistes du soleil levant que Minoru Niihara entre en studio quelques mois plus tard pour réenregistrer les vocaux de l’album en japonais. « Hurricane Eyes », version japonaise, emballé dans un artwork flambant neuf, sort en décembre ’87. Une publicité insérée dans le célèbre magazine Metal japonais ‘Burnn’ de l’époque indique, en grand « This Time, We Will Sing in Japanese » !
Les chiffres de vente d’« Hurricane Eyes » n’atteignent pas les records de « Thunder In The East ». Le mini album « Jealousy » qui sort en 1988 et qui, pourtant, contient quelques compositions supérieures à celles qui étaient proposées sur son prédécesseur ne dépasse pas les frontières du Japon. Dommage. Le groupe, cependant, rendra justice à la plaque fin 2018, en mettant à la disposition des fans une réédition de luxe spéciale 30e anniversaire, comprenant un CD remastérisé, un CD de démos et d’inédits ainsi qu’un DVD de concerts et vidéos mises en boite à l’époque de sa sortie.
1989. Akira Takasaki n’a pas renoncé à son rêve américain. Son besoin de reconnaissance au pays de l’Oncle Sam le pousse à commettre ce qui, à mon humble avis, est la plus grosse erreur de sa carrière. Persuadé qu’un chanteur américain serait un atout pour raviver l’intérêt des Yankees, il donne son congé à Minoru Niihara pour engager Mike Vescera, le vocaliste du groupe Power Metal américain Obsession qui, s’il possède un excellent organe (NDR : après avoir quitté Loudness, il enregistrera, entre autres, plusieurs albums avec Yngwie Malmsteen qui, on le sait, n’est pas du genre à recruter des beuglards aphones) ampute Loudness de l’un de ses atouts principaux : l’exotisme. Cependant, l’album « Soldiers Of Fortune », qui sort en septembre 1989 est plutôt réussi. Contrairement aux essais précédents, c’est un véritable disque de Heavy Metal, qui ne cherche pas à capter l’attention des afficionados de la bande FM américaine. Les titres sont puissants, accrocheurs et franchement bien ficelés. Sans Minoru Niihara, bien sûr, Loudness n’est pas vraiment Loudness. Rien, dans le son de la plaque, ne semble indiquer les origines du groupe et pour tout dire, l’album pourrait être présenté comme la nouvelle sortie d’un (très bon) groupe Américain sans que personne ne s’aperçoive du subterfuge. Le souci, c’est que des bons groupes américains, il y en a déjà beaucoup et malgré toutes ses qualités, « Soldiers Of Fortune » se perd un peu dans la masse des sorties de l’époque.
De son côté, Minoru Niihara ne reste pas inactif. Intitulé « One », son premier album solo sort quelques semaines avant « Soldiers Of Fortune ». On y retrouve un intéressant panaché de Hard Rock mélodique, de Heavy Metal, de Blues et de Pop et des invités de marque aussi célèbres que Reb Reach (Dokken, Winger, Whitesnake, etc.), Doug Aldrich (Dio, Whitesnake, Lion, The Dead Daisies, etc.), Steve Smith (Journey, Montrose, etc.), Ross Valory (Journey) ou encore le guitariste Yukihiro Fujimura, avec lequel il fondera Ded Chaplin l’année suivante. Puisque nous parlons de Ded Chaplin, autant liquider tout de suite l’affaire. Actif de 1990 à 1992, Ded Chaplin est le premier véritable groupe fondé par de Minoru Niihara après son départ de Loudness.
On y retrouve le six-cordiste Yukihiro « Cha-Cha-Maru » Fujimura (NDR : un ex-membre du groupe Rock Progressif Gerard qui, plus tard, rejoindra le groupe J-Rock/Visual Kei Gackt), le bassiste Atsushi Hasegawa (Gerard) et le batteur Soul Toul, qui jouait déjà sur le projet M.R. Fuji que nous avons évoqué plus haut. Ded Chapelin publie trois albums (« Ded Chaplin First », 1990 – « Rock The Nation », 1991 – « Final Revolution », 1992) et un « best of » avant de splitter. Contrairement à celui de l’album solo de Niihara, le style musical est définitivement le Heavy Metal.
Mais revenons plutôt chez Loudness, au début de l’année 1991, alors qu’Akira Takasaki commet la seconde grosse erreur de sa carrière : « On The Prowl ». L’idée de départ est simple : faire réenregistrer quelques-uns des classiques de Loudness par Mike Vescera afin de les présenter au public américain qui ne les connaît pas vraiment. Grossière erreur. Car s’il assure plutôt sur les nouvelles compositions, Vescera est véritable manche lorsqu’il s’agit de réinterpréter des brûlots classiques tels que « Lonely Player », « Milky Way » ou « To Be Demon ». Pour le fan de Loudness, les nouvelles versions sont carrément inécoutables. À oublier. Pour la petite histoire, la compilation « Re-Masterpieces, The Best Of Loudness » parue en 2001 propose l’exercice inverse et le titre « Soldiers Of Fortune » recréé vocalement par Minoru Niihara est une petite perle qui, à lui seul, justifie l’achat de la plaque.
L’année 1991 est une année de transition. Le bassiste Masayoshi Yamashita, qui, selon les rumeurs s’est fritté à plusieurs reprises avec Vescera, a quitté le navire. Le vocaliste lui-même ne tarde pas à recevoir son préavis. À la recherche de remplaçants pour combler le vide laissé par le départ des deux musiciens, Akira Takasaki et Munetaka Higuchi multiplient les sorties de best-of, EPS et autres albums live. Les choses sérieuses redémarrent dès 1992 avec l’intégration de l’excellent vocaliste Masaki Yamada (connu des fans de Metal pour avoir été le frontman des excellents Flatbacker et EZO) et Taiji Sawada, fraichement licencié par X Japan (l’un des leaders du mouvement Visual Kei). Intitulé tout simplement « Loudness », le premier album de cette nouvelle mouture du groupe est une véritable tuerie. Plus musclé que le Loudness classique, il propose dix titres d’un Heavy Thrash rageur, sur lequel le timbre éraillé de l’ami Masaki fait merveille. L’album live « Loudness Once And For All », enregistré à l’époque mais publié seulement deux ans plus tard, témoigne de la fureur du moment. Il est amusant d’y retrouver, entre les extraits de l’album « Loudness », une cover du classique d’EZO « House Of The 1000 Pleasures ».
Les années qui suivent sont un peu plus floues en ce qui me concerne. Les albums de Loudness ne sont plus distribués en Europe et le commerce en ligne n’est pas encore ce qu’il est aujourd’hui. La carrière du groupe est donc plus difficile à suivre. Le fan que je suis mettra d’ailleurs plusieurs années pour rattraper le train qui, en son absence, n’a jamais cessé d’avancer.
Difficile de savoir ce qui se passe au Japon en 1993. Toujours est-il qu’aucun membre ou ex-membre de Loudness ne publie d’album cette année-là (à ma connaissance, en tout cas). Lorsque Loudness revient en décembre 1994 avec l’album « Heavy Metal Hippie », il est presque méconnaissable. Côté line-up, Akira Takasaki est désormais le seul ‘survivant’ de la formation originale. Munetaka Higuchi, son compagnon de route depuis plus de vingt ans, a quitté le groupe pour rejoindre Sly, le nouveau projet de Minoru Niihara. Pour le remplacer, Akira a recruté Hirotsugu Homma, le cogneur d’EZO. Taiji Sawada, lui aussi, a quitté le navire et c’est Akira qui se charge de l’enregistrement des lignes de basse. Côté musique également, tout est différent. La musique est lourde, dépressive, plus proche du Doom que du Heavy Metal enjoué qui caractérisait Loudness dans les années 80. Différent ne signifie pas mauvais pour autant. « Heavy Metal Hippie » est d’ailleurs mon album favori de l’ère ‘Masaki Yamada’. Quelques mois plus tôt, Akira Takasaki avait déjà commencé à appesantir sa musique en publiant « 氣 » (« Ki »), son second album solo, entièrement instrumental, truffé de riffs plombés, d’atmosphères éthérées, de sonorités folkloriques et de divagations solitaires envoutantes. Une véritable réussite qui aurait sans doute mérité mieux que le relatif anonymat dans lequel elle est sortie.
Du côté des dissidents, on s’active aussi. 1994 est l’année de sortie de « $£¥« , le premier album de Sly, ce ‘supergroupe’ formé par les deux ex-Loudness, Munetaka Higuchi et Minoru Niihara, le guitariste d’Earthshaker, Shinichiro Ishihara et l’ancien bassiste du groupe Heavy Metal japonais Blizard, Kouichi Terasawa. Le groupe délivre un Heavy Metal musclé, caractérisé par de subtiles harmonies vocales, d’accrocheuses mélodies teintées d’une bonne dose de groove. Le quatuor publiera encore trois albums (« Dreams Of Dust », 1995, « Key », 1996 et « Vulcan Wind », 1998) avant de jeter l’éponge.
Dans le clan Loudness, les années 1995 et 1996 seront consacrées à de nouvelles sorties d’albums live et de compilations et à la sortie d’un troisième album solo d’Akira Takasaki. Intitulé « 輪 » (« Wa« ), il reprend plus ou moins les choses où elles s’étaient arrêtées deux ans plus tôt avec « Ki ». Seul le titre « Grope in the Dark », chanté par Takasaki lui-même, marque une différence entre le style majeure entre les deux plaques.
Le retour de Loudness en studio du groupe se fait en 1997. Naoto Shibata, l’un des membres fondateur du fameux groupe Heavy Metal Anthem est engagé comme bassiste à temps plein pour entamer l’enregistrement d’une trilogie d’albums relativement étonnants : « Ghetto Machine » (1997), « Dragon » (1998) et « Engine » (1999). Le style des trois albums, plutôt déroutant pour le fan de Loudness, n’a plus rien à voir avec la musique qui a fait la gloire des nippons. On y découvre, avec étonnement, un Groove Metal lourdingue, teinté d’atmosphères enfumées et d’emprunts mystiques au folklore musical nippon. Un peu à part dans la discographie de Loudness, les trois albums seront réunis, en 2016, dans un coffret au nom explicite : « Buddha Rock ».
1997 est aussi l’année de la sortie d’un second album solo pour Munetaka Higuchi. Comme son nom l’indique, « Munetaka Higuchi with Dreamcastle – Free Way » est la réalisation d’un rêve pour le batteur historique de Loudness, car il est enregistré en collaboration avec quelques-uns de ses héros internationaux : Ronnie James Dio, Steve Vai, Don Dokken, Ritchie Kotzen, Ty Tabor, Terry Bozzio et bien d’autres encore.
Celles et ceux d’entre vous qui ont eu le courage de lire l’article jusqu’ici s’inquiètent probablement de l’absence d’informations au sujet du bassiste Masayoshi Yamashita, qui, on s’en souvient, avait quitté le groupe suite à quelques tensions avec Mike Vescera. Le bassiste, bien sûr, n’a pas abandonné la musique et on le retrouve, dès 1994, au sein d’une formation Metal Alternative appelée Spaed avec laquelle il enregistre trois albums : « Vol 1. » (1994), « Vol 2. » (1995) et « Physique » (1997). En 1998, il participe à l’enregistrement de la seconde partie d’un album du projet solo du regretté Paul Raymond (UFO). Il se joint ensuite un autre projet Metal Alternatif appelé Blood Circus, au sein duquel officie aussi Munetaka Higuchi. Teinté de Funk et de furie Métallique, l’album « Born To Love » paru en 2002, rappelle un peu ce que faisait à l’époque l’Infectious Grooves de Robert Trujillo.
En 1998, Akira Takasaki et Munetaka Higuchi filent à nouveau le parfait bonheur avec leurs ex-collègues de Lazy et le groupe, fraichement reformé, publie un album au titre évocateur « Happy Time ». La musique propose un joyeux mélange de classic Hard Rock musclé et de funk. Entre les compositions personnelles, le groupe propose quelques reprises (en version japonaise) de classiques tels que le « Somebody To Love » de Jefferson Airplane ou le « All The Young Dudes » de Mott The Hoople. Une tournée, couronnée de succès, sera immortalisée un peu plus tard sur l’album « Happy Time Tour ’98 ».
Entre 1998 et 1999, quatre tributes à Cozy Powell (un studio et un live), Led Zepplin et Rainbow sont initiés et produits par Munetaka Higuchi. Le gotha de la scène Rock et Metal japonaise (membres de Loudness compris) participe à leur enregistrement.
Minoru Niihara ne reste pas longtemps inactif après la séparation de Sly. En 1999, il s’associe au guitariste Fumihiko Kitsutaka pour créer un nouveau projet Heavy Metal mélodique de grande qualité appelé X.Y.Z.->A. A ce jour, celui-ci a publié sept albums studio, un live (et de nombreux EP) et a annoncé une nouvelle plaque pour 2020.
La seule sortie de Loudness pour l’an 2000 est la réédition d’une version audio remastérisée de la vidéo « Eurobounds » de 1984 dont nous avions parlé plus haut. Akira n’est pas inactif pour autant puisqu’il publie « Love High », le premier mini-album de Ji-Zo; un projet solo au sein duquel il chante et joue de tous les instruments. La musique lente et hypnotique et le chant monocorde tristounet font plus penser au Stoner qu’au Heavy Metal typique de Loudness.
L’implication de Minoru Niihara dans X.Y.Z.->A. n’empêche pas Loudness d’annoncer, en 2001, la nouvelle que tout le monde attendait depuis 1989 : la reformation du Loudness original.
2001 est donc une année importante pour le fan de Loudness. En premier lieu (et surtout), parce qu’elle est marquée par le retour inespéré du line-up original de son groupe préféré. Ensuite, parce que c’est aussi l’année de la sortie de toute une série de projets annexes qui enrichissent indéniablement sa collection de CDs tout en vidant considérablement son compte en banque.
Douze ans après le départ (forcé) de Minoru Niihara, le groupe enterre la hache de guerre et se réunit, au complet, pour mettre en boite un album hybride intitulé « Spiritual Canoë ». Sorti en mars 2001 (au Japon uniquement), l’opus est un peu déconcertant pour celles et ceux qui, avec le retour du line-up original, avaient espéré un « Thunder in The East # 2 ». Il se révèle toutefois être un petit bijou d’originalité et d’inventivité pour peu que l’on se donne la peine de l’écouter sans préjugés. Mélange bigarré de Metal Classique, de groove, d’alternatif, d’atmosphères embrumées et de savoir-faire instrumental, l’album semble vouloir résumer tout ce que les quatre musiciens ont publié en dehors de Loudness depuis leur séparation. La sortie de l’album, bien-sûr, est suivie par une tournée japonaise. Celle-ci est immortalisée par la sortie d’un album et d’un DVD live intitulés « The Soldiers Just Came Back ».
En mai de la même année Akira Takasaki publie « Gene Shaft » qui est, non seulement son quatrième album solo, mais aussi la bande sonore de la série animée de science-fiction « Geneshaft ». Proposant un Metal Instrumental musclé et plutôt bien fourni en matière de shredding, l’album ressortira, quelques mois plus tard, dans une version remixée semi-électro (plus dispensable) intitulée « Trans=Mist ~Music from « Gene Shaft ». Toujours en 2001, sortie de « Next World », le deuxième (et dernier à ce jour) mini-album de Ji-Zo. La musique y est toujours aussi plombée, mais franchement moins dépressive. Le chant d’Akira y est beaucoup plus expressif et le groove omniprésent. Apparemment infatigable en 2001, Takasaki enregistre également plusieurs EPs en compagnie de Jasmine Sky, le projet Pop/Rock qu’il partage avec la chanteuse japonaise Letta et trouve encore le temps d’entrer en studio avec les autres membres de Loudness pour mettre en boite l’album suivant : « Pandemonium », qui sort en novembre 2001, soit, huit mois à peine après le précédent. La précipitation, cependant, n’est pas toujours bonne conseillère. « Pandemonium » est un album en demi-teintes où Loudness expérimente tout et n’importe quoi en voguant du Heavy/Thrash Brutal au Nu Metal en passant par le Funk, l’Alternatif, le Stoner et le Punk/Pop, mais sans vraiment offrir quoi que ce soit de bluffant dans chacun des styles explorés.
C’est en Mars 2002 que sort le cinquième effort solo d’Akira Takasaki. Enregistré à Honolulu, l’album s’intitule « Made In Hawaii ». Takasaki, dreadlocké et vêtu de couleurs vives y présente 17 titres (dont onze instrumentaux) d’une musique partagée entre un Rock Stoner plombé et les ambiances Zen/Psychédéliques. Le musicien y chante et joue de tous les instruments, de la guitare à la batterie en passant par la basse et, zen attitude oblige, la cithare. Cette sympathique parenthèse hawaiienne nous même jusqu’au mois de septembre, avec la sortie de l’album « Biosphere ». Contrairement au précédent, ce nouvel album de Loudness est plutôt réussi. L’artwork est absolument superbe (NDR : ce qui, malheureusement, n’est pas toujours le cas des albums de Loudness). Les compositions, franchement supérieures à tout ce que le groupe nous a proposé depuis sa réunion, mélangent de façon homogène le son du Loudness classique à un Metal contemporain, mais tout à fait agréable.
Pas de sortie notoire pour Loudness en 2003. Akira et Munetaka sont à nouveau occupés avec leurs collègues de Lazy avec lesquels ils donnent une suite à leur classique « Earth Ark » (« Uchuusen Chikyuugou II »). Minoru Niihara, quant à lui, met en boite « IV » qui, comme son nom l’indique, est le quatrième album studio de son projet annexe X.Y.Z.->A.
Le nouvel album de Loudness sort en janvier 2004. Intitulée « Terror », la plaque démarre plutôt bien sur un « Pharaoh » Doom à souhait. Malheureusement, la suite de l’album ne tient pas vraiment les promesses de son épique début puisque les riffs distillés par Akira Takasaki, les excès de groove de la section rythmique et la voix déformée de Minoru Niihara sur le reste de la plaque semblent plus destinés à attirer une jeunesse en mal de au Groove et de Néo machin chose que les afficionados aux traditions métalliques d’antan. Un coup dans l’eau en ce qui me concerne, donc. 2004 est, à nouveau une année de travail intense pour les membres de Loudness, et donc, un peu douloureuse pour le portefeuille du fan. Surtout que la qualité n’est pas toujours à la hauteur des dépenses.
Entre la sortie du single « Crazy Samurai », résolument Nu Metal, celle du nouvel album solo d’Akira Takasaki « Splash Mountain » (NDR : et ses étranges reprises du « Back In Black » d’AC/DC et du « Sweet Emotion » d’Aerosmith), celle du DVD « Live Terror » et de la compilation « Rockshocks » (NDR : sur laquelle le groupe réenregistre des versions ‘modernisées » de ses classiques des années 80), il faut encore desserrer les cordons de la bourse pour le second album studio de l’année « Racing » qui, bien qu’un peu plus digeste que le « Terror » de janvier, ne reflète quand même pas le meilleur travail du groupe. Sorti, au départ en version japonaise, l’album sera, de plus, réédité en 2005, en version anglaise. Outre la publication d’une pléthore d’albums et de vidéos ‘live », l’année 2005 sera surtout marquée par la sortie de « The Battleship Musahi ». Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la plage titulaire du mini-album ne raconte pas l’histoire du cuirassé « Musahi » qui (selon wikipédia) était le fleuron de la marine impériale japonaise, mais rend hommage au célèbre champion japonais de kickboxing Mori Akio (dont le surnom est » Battleship Musahi »). Le sportif utilise d’ailleurs toujours la chanson écrite pour lui par Loudness en guise de thème musical pour ses entrées sur le ring avant un combat.
Comme toujours, Akira Takasaki profite de son temps libre pour expérimenter en solitaire. Son album solo de 2005 s’intitule « Maca ». Contrairement à l’excès de zénitude manifesté sur le « Made In Hawaii » de 2002, « Maca » est un petit concentré de colère musicale. Riffs plombés, rythmiques bigarrées et voix hurlées (proches du Hardcore ou même du Black Metal) en sont les caractéristiques principales. Au rayon ‘covers’, celle du classique « Shinin’ On » de Grand Funk Railroad, soumise à cette étrange moulinette sonore, est plutôt jouissive.
En 2006, Akira publie deux albums solo, à deux mois d’intervalle à peine. « Osaka Works #128 », en premier lieu, décline une série de riffs et de soli de guitare sur des rythmiques électroniques et des sonorités synthétiques. « Nenriki », pour suivre, revient entièrement aux sonorités organiques et poursuit le travail entamé sur « Maca » l’année précédente en proposant des voix hurlées sur des guitares plombées et des rythmiques exotiques. Deux covers également sur la plaque : l’une de Sly & The Family Stone l’autre de Santana. Un nouvel album solo également pour Minoru Niihara en 2006. Intitulée « Ashes To Glory », la plaque est orientée Hard et Classic Rock est plutôt sympathique à écouter. Il entrera également en studio avec X.Y.Z.->A afin d’enregistrer un album intitulé « Wings ». Pour la petite histoire, l’album « Wings » est aussi sorti aux États-Unis, cependant, le nom du groupe imprimé sur la pochette américaine n’est plus X.Y.Z.->A, mais bien Asian Typhoon.
Cette année-là, Munetaka Higuchi propose, quant à lui, un CD très justement nommé « Drum Collection », qui compile 40 minutes de solos de batterie issus des différents albums ‘Live » de Loudness. Un album de Loudness sort en décembre. Intitulé « Breaking The Taboo », il n’apporte pas grand-chose de neuf à la discographie récente du groupe, puisqu’il propose une série de titres énervés, pas vraiment mémorables, qui tentent une nouvelle fois de trouver un nouveau public chez les amateurs de Metal moderne. « Black Brown », le onzième (et dernier à ce jour) album solo d’Akira Takasaki sort le 26 septembre 2007. Il est entièrement instrumental et un peu moins ‘expérimental’ que ses prédécesseur.
« Metal Mad » en février 2008 est du même acabit que le « Breaking The Taboo » qui l’a précédé : un amalgame de titres Heavy Metal relativement classiques et de brûlots teintés de groove sur lequel le chant de Niihara flirte dangereusement avec le Hip Hop.
2008 est sans doute la pire année de l’histoire de Loudness, puisque c’est celle du décès de Munetaka Higuchi. Diagnostiqué d’un Hépatocarcinome (cancer du foie) en avril, le batteur succombe le 30 novembre 2008, huit mois plus tard à peine. il avait 49 ans.
Tout en luttant contre la maladie, le musicien avait encore eu le courage de mettre plusieurs projets en chantier. Au nombre de ceux-ci, un nouvel album de Loudness et un troisième album solo. Intitulé « The Everlasting » (NDT : ‘L’éternel’) en son hommage, l’album de Loudness sur lequel figurent ses derniers enregistrements est publié quelques mois après son décès. Les démos enregistrées pour son album solo en compagnie du claviériste Hiroaki Matsuzawa (NDR : décédé, lui aussi, en 2010) seraient probablement tombées aux oubliettes si Masayoshi Yamashita, par respect pour le travail de son alter-ego rythmique, n’avait pas décidé de prendre les choses en main et de finaliser les enregistrements existants avec l’aide de quelques musiciens invités. L’album finalisé sort en novembre 2012 sous le titre « Higuchi Project Team Last Collection – Free World II ».
Durant les années suivant le décès de son batteur historique, Loudness organise de nombreux concerts destinés à lui rendre hommage. Certains d’entre eux sont immortalisés sur les DVD/Blu-Rays « Munetaka Higuchi Forever Our Hero ».
Afin de continuer à honorer la mémoire de leur ami disparu, Akira Takasaki, Minoru Niihara et Masayoshi Yamashita ont créé la Munetaka Higuchi Foundation For Cancer Awareness And Research, dont le but est de récolter des fonds destinés à soutenir les enfants et adolescents atteints de cancer. Le groupe et les membres de la fondation organisent des événements annuels comme, par exemple, le Rock Beats Cancer Festival. Loudness met également un stand de collecte de dons à la disposition des fans durant ses concerts.
Mais, revenons à l’année 2009, puisque, malgré tout, la vie continue. Le vide laissé par le départ soudain de Munetaka Higuchi ne tarde pas à être comblé par l’engagement définitif de Masayuki « Ampan » Suzuki. Le batteur, entre autres, du groupe Metal Mélodique Galatea et du gang Thrash Metal RDX, avait déjà assuré l’intérim lors des concerts hommage à Munetaka Higuchi. Il avait aussi finalisé l’enregistrement de l’un des titres de l’album « The Everlasting ». Son premier album en tant que membre à part entière de Loudness sort en mai 2010.
Intitulée « King Of Pain », la nouvelle plaque est plutôt réussie. Si les textes sont d’une noirceur extrême (on n’y parle que de mort, de douleur et d’enfer), le groupe met un peu (mais pas toujours) de côté ses aspirations ‘modernistes » pour délivrer son quota de titres Heavy Metal purs et durs au sein desquels le style plutôt musclé d’Ampan fait merveille. L’année 2010 sera également marquée par une nouvelle intrusion de Loudness dans le monde du dessin animé japonais avec l’enregistrement du thème d’ouverture de la série « Mazinkaizer SKL » (parue sur l’EP « The Eternal Soldiers »).
Souvent plus Thrash que Heavy, l’album « Eve To Dawn », qui sort en décembre 2011 (NDR : pour le trentième anniversaire du groupe) est un concentré d’énergie (et de technique instrumentale), même si certains titres sont un peu plus faibles que d’autres. Pour la première fois depuis très longtemps, l’album sort en parallèle sur un label non-japonais (Frostbyte Canada) et est, de ce fait, disponible un peu plus facilement sur le territoire Européen). Ce ne sera malheureusement pas le cas de « 2.0.1.2. », son successeur, dont la sortie est, une fois de plus, limitée au territoire japonais. Pourtant, l’album, qui ne connait absolument aucun temps mort, est bien meilleur que son prédécesseur.
Depuis le décès de Munetaka Higuchi, Loudness prend de plus en plus de temps entre chaque passage en studio. Le groupe semble également avoir compris que sa ‘clientèle’ était plus constituée de nostalgiques des années 80 que de néo-métallurgistes en culottes courtes et ses nouvelles compositions s’orientent dans cette direction. L’album « The Sun Will Rise Again » qui sort en 2014 renonce définitivement au groove moderne et renoue avec les mélodies Heavy Métalliques d’antan. L’artwork évoque indiscutablement une certaine nostalgie pour l’ère « Thunder In The East ». Côté textes également, finie la noirceur de « King Of Pain » ; tout ici n’est ‘positive attitude’. Une seconde version de l’album, remixée en Californie sortira, (au japon uniquement) en 2015 sous le titre « The Sun Will Rise Again – US Mix ». Outre le mixage, la nouvelle édition proposera aux fans un artwork et un tracklisting légèrement différents. S’il n’est pas salué par une sortie européenne, ce retour à une musique plus confortable pour les fans quadra/quinquagénaires permettra au quatuor de reprendre la route de notre vieux continent et même, de s’arrêter en Belgique, dans le cadre de l’édition 2016 du Graspop Metal Meeting. À l’exception de Minoru Niihara, qui publie encore un album (« Seventh Heaven ») en compagnie de X.Y.Z.->A et enregistre un album avec un nouveau projet folk/rock appelé Nishidera Minoru (西寺実) (NRD : un trio qu’il partage avec le chanteur d’Earthshaker Masafumi Nishida et Keiko Terada, la vocaliste du groupe Hard Rock féminin nippon Show-Ya), les sorties solitaires et les projets extérieurs sont carrément absents depuis 2009. Bien sûr, Akira continue à jouer et à enregistrer en compagnie de Lazy, mais, hormis quelques EPs et un DVD, les publications sont inexistantes.
Je m’étais promis de ne pas alourdir cet article en y intégrant trop de références aux nombreuses compilations, best of et autres albums et DVD live publiés par Loudness tout au long de sa carrière. Je ferai quand même une exception pour le « Samsara Flight » de 2016, puisqu’il ne s’agit pas d’une simple compilation de titres parus sur d’autres albums, mais de réenregistrements de titres issus des trois premiers albums. Bien plus réussi que le « Rockshocks » de 2004 (car moins orienté ‘Metal Moderne’) « Samsara Flight » est la compilation parfaite pour (re)découvrir le meilleur des premiers enregistrements du groupe.
Le 35e anniversaire de la formation de Loudness sera salué par une réédition en version remastérisée de la quasi-totalité de la discographie studio du groupe. Certains albums, comme « Samsara Flight », par exemple, bénéficieront même d’une édition ‘de luxe », coffret cartonné + CD supplémentaire et DVD. Et tant qu’à parler d’anniversaires et d’éditions de luxe, notons que les albums « Thunder In The East », « Lightning Strikes », « 8186 Live », « Hurricane Eyes » et « Jealousy » ont tous bénéficié, à l’occasion du trentième anniversaire de leurs sorties respectives, d’un luxueux relooking en coffret multidisques contenant, outre des versions remastérisées des sorties originales, de nombreux titres démo et autres inédits ainsi que de très sympathiques enregistrements vidéo live d’époque (NDR : un onéreux bonheur pour le collectionneur).
‘Le soleil se lèvera à nouveau’ promettait le titre de l’album de 2014. En 2018, c’est presque chose faite puisque la popularité mondiale de Loudness remonte en flèche. Prenons-en pour preuve un nouveau contrat discographique avec le puissant label teuton earMusic (Deep Purple, Alice Cooper, Def Leppard, etc.) et une très longue tournée mondiale qui, à nouveau, fait un petit arrêt en Belgique (NDR : à Westerlo le 21 juillet 2018). L’album « Rise To Glory » qui, pour la première fois depuis la fin des années 80, est publié dans le monde entier, dévoile clairement des intentions de reconquête mondiale avec une pochette représentant le logo qu’affichaient les albums du groupe au milieu des eighties, au centre d’un ciel orageux, surplombant un paysage constitué des plus célèbres monuments du monde (NDR : la Tour Effel, la pyramide de Giseh, le Taj Mahal, la tour de Pise, le Mont Fuji, la statue de la liberté, etc.). La musique mélodique, technique et accrocheuse, rappelle celle qui avait fait le succès du groupe sur les albums de la grande époque. Le pressage européen de l’album offre, en bonus la compilation « Samsara Flight » évoquée au paragraphe précédent.
En février 2018, le batteur Masayuki ‘Anpan’ Suzuki a été victime d’un grave accident cardiaque et, bien qu’il soit toujours le batteur officiel de Loudness, il ne monte aujourd’hui sur scène qu’à de rares occasions. On le voit, notamment, se joindre au groupe durant les rappels sur les DVDs sortis en 2019. En attendant un retour que les fans espèrent toujours, c’est l’excellent Ryuichi ‘Dragon’ Nishida (Marty Friedmann) qui assure l’intérim.
Le succès mondial du « Rise To Glory Tour » sera salué, en mai 2019, par la sortie internationale (chez earMusic toujours) d’un triple album live (2 CD+DVD) intitulé « Rise To Glory – Live In Tokyo ». Notons encore, pour terminer, qu’un second triple album live (« Japan Tour 2019 Hurricane Eyes + Jealousy Live at Zepp Tokyo ») est sorti en décembre de la même année, mais que cette luxueuse sortie, est limitée au marché japonais.
Pour la suite de l’histoire, rendez-vous le jour de Pâques (dimanche 12 avril 2020) au club South Of Heaven de Bilzen et, bien sûr dans le cadre ‘pénitentiairo-festif’ du Alcatraz Hard Rock & Metal Festival de Courtrai l’été prochain.