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La Carrière #6: The Bioul Club

L’année dernière, à l’occasion de sa cinquième édition, le festival La Carrière a regagné ses bucoliques pénates originelles de Bioul. Bonne nouvelle, dans quelques semaines, c’est de nouveau dans cet écrin de verdure féérique que la suite de l’histoire s’écrira.

Subtil équilibre entre découvertes, artistes en devenir et têtes d’affiche indie, l’événement se veut avant tout une expérience immersive dans un cadre enchanteur et à taille humaine. Répartie sur la soirée du vendredi 22 août et la journée du samedi 23, la programmation devrait cette année encore ravir les plus exigeants tout en garantissant aux moins aguerris des moments rassembleurs.

Parmi les quatre groupes se produisant le vendredi, les Gallois de The Bug Club mettront sans aucun doute tout le monde d’accord. Carburant actuellement au rythme d’un album par an, le duo fait désormais partie de la prestigieuse écurie Sub Pop et le récent « Very Human Features » assoit encore un peu plus sa réputation tout en calmant (légèrement) ses ardeurs. Crasseuses à souhait, leurs compositions conservent néanmoins d’authentiques lignes mélodiques qui donnent leur pleine mesure sur scène. On est prêt à parier une bouteille de bulles du Château de Bioul que le single isolé « Have You Ever Been 2 Wales » se hissera tout en haut des hymnes du festival.

Dans un registre post-punk sombre juste ce qu’il faut, les Irlandais de Silverbacks défendront leur troisième album, le bien nommé « Easy Being A Winner ». À l’instar des précédents, il a été produit par Daniel Fox, le bassiste de Gilla Band, qui n’impose toutefois pas sa vision oppressante à tout va. Une démarche surprenante mais gagnante dont le résultat, par moments léger et sautillant, permet une vision drastiquement plus large que celle imposée par les standards du genre. Quant à la plage titulaire de la nouvelle plaque, elle pourrait presque rendre jaloux un certain A. Savage (Parquet Courts).

Nettement plus pop et colorées, les influences des Anversois de Plush Baby, aperçus récemment au Bota en support de Hinds, favoriseront les déhanchements à l’heure d’entamer le week-end. Un retour aux sources puisque Caitlin Talbut restera à jamais la première musicienne à avoir foulé une scène de La Carrière lors de l’édition initiale en 2018. Membre de Blond et de Bluai, c’est toutefois en s’associant avec Nicolas Anne (Saving Nico) qu’elle s’épanouit désormais, jusqu’à arborer des accoutrements excentriques. Qui sait, des spectateurs défileront peut-être sur scène dans des tenues similaires lors du karaoké géant proposé un peu plus tard par KaraOkay Live qui ne sont autres que les membres de Okay Monday en mode délire total. Ou comment ponctuer une première soirée sans se prendre au sérieux.

Après une bonne nuit dans le camping (situé littéralement à deux pas du site) et un brunch de derrière les fagots (sur réservation), il sera temps d’attaquer la seconde partie du festival qui verra défiler une tripotée de projets passionnants. À commencer par les Catalans de Mourn dont l’indie rock enlevé tendant vers l’emo-pop a pris de la bouteille depuis leurs débuts voici une dizaine d’années. Ou comment se lancer dans des bousculades amicales le sourire jusqu’aux oreilles. Un sentiment qui prévaudra également lors du set de Günier Künier, berlinoise d’origine turque dont les rythmes électro saccadés jalonnent « Yamaraz », son excellent deuxième album franchement orienté dancefloor. Pensez à M.I.A produite par Andrew Fearn de Sleaford Mods.

Une capitale allemande que les membres de Lemongrab connaissent bien pour y avoir établi leurs quartiers. Originaires des quatre coins du globe, ils y peaufinent leur univers inspiré du rock garage crasseux ayant mené vers le punk au milieu des seventies couplé au mouvement riot grrrl. Sueur et spontanéité forment leur credo à ne surtout pas renier. Des caractéristiques taillées sur mesure pour les Bruxellois de Stonks qui y ajoutent dextérité, richesse mélodieuse et expérimentations judicieuses. Un récent deuxième EP (« Badger ») sorti chez Exag’ confirme tout le bien d’un groupe dont l’explosion n’est plus qu’une question de temps.

Boris Gronemberger et ses camarades de River Into Lake terminent tout doucement l’exploration de « Rise & Shine », sorti voici une grosse année. Récemment, lors d’une impeccable prestation dans un AB Club bondé, le leader (qui avait rasé pour l’occasion sa célèbre moustache), a revisité son passé au sein de V.O.. De quoi spéculer sur un set plus varié qu’escompté. Ou pas. Mais l’ample orchestration et les arrangements léchés dont il s’est fait une spécialité assureront un intermède de choix. La délicatesse de Dana Gavanski, l’ambiant pop teintée de jazz de la saxophoniste Shoko Igarashi et la patte raffinée d’Aurélien Auchain aka June Moan en mode singer-songwriter formeront un triptyque introspectif que Félicette se chargera d’élégamment complémenter. Difficile à croire lorsque derrière ce délicieux sobriquet se cache Sam De Clerck (Brorlab, Bontridders…) généralement associée à des ouragans brefs et violents.

Dans un autre style, la French-pop synthétique de Cœur à l’Index, trio féminin assurant la liaison Marseille-Bruxelles en français dans le texte, pourrait bien initier quelques farandoles au pied du rocher. Un peu plus tard et dans la veine de la mémorable prestation des Juliens au même endroit en 2021, les Gantois de Soft Boy (qui étaient à l’affiche l’an dernier pour présenter « Always Hungry », leur premier album), se fendront d’un set exclusivement composé de titres des Beatles. De quoi affoler la plaine…

La Carrière, c’est aussi des food trucks de qualité, des bières de la brasserie de la Houppe, des fournisseurs locaux, un esprit environnemental marqué et une bienveillance à toute épreuve. Une expérience à vivre le vendredi 22 et le samedi 23 août à Bioul. Infos, tickets et détails sur le site officiel de l’événement. On vous y attend nombreux…

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