Duo Dyad à l’An Vert : du classique à l’audacieux !
Deux univers, deux styles, deux personnalités, qui associent leur maîtrise respective de l’instrument, à la capacité de composer des musiques transversales et sans frontière. Voilà en quelques mots si je puis dire, le concept de ce Duo Dyad au sein duquel, l’on retrouve l’incontournable et volubile accordéoniste (accordéon diatonique, instrument à hanches libres je précise) Didier Laloy, et le non moins talentueux contrebassiste Adrien Tyberghein. En fait, je cherchais l’occasion de découvrir l’an Vert, l’un des derniers points de chute musical et culturel où, je n’avais pas encore foulé les pieds. En regardant la programmation de ce mois de janvier, que ne fût point ma surprise d’y voir justement cet étonnant et détonnant duo donc, en y allant ce vendredi 10 janvier, je faisais en fait d’une pierre deux coups ! Notons encore que Didier Laloy fête ses 30 ans de carrière, en fait, ses 31 puisqu’il les a fêtés en 2024, ce que précisera justement Adrien pendant le concert. Revenons quelques instants sur l’An Vert, chouette point de rencontre culturel de notre Cité Ardente (dans le quartier de l’Eglise Saint-Pholien) où, l’on peut se restaurer avant le concert, dans un cadre très sympa et décoré de nombreuses photos d’artistes. Sans oublier une belle petite salle de concert et sa scène, je dirais plutôt bucolique, et surtout accueillante.
Venons-en aux deux protagonistes de ce soir, dont j’avais chroniqué en son temps le disque, avec déjà un beau mélange des styles et des cultures. Une sorte de chassé-croisé entre musique classique et musique traditionnelle, rehaussé d’effets sonores électriques (loop…), et finalement saupoudré de relents rock ! Une étrange alchimie au sein duquel, nos deux virtuoses (vu le niveau technique, on peut le dire) virevolte entre un jeu plutôt classique, et un travail beaucoup plus aventureux où, tout est quasi permis. Concernant le contrebassiste Adrien Tyberghein, de formation classique et traditionnelle, précisons premier contrebassiste du Conservatoire de Paris (excusez du peu), l’artiste jongle littéralement avec les techniques de jeu. En effet, les cordes sont soit pincées, frottées, frappées, sans oublier l’utilisation du corps de la contrebasse comme instrument de percussions. Tantôt les sons sont classiques, tantôt plus audacieux, sur le fil de la corde, sur le fil de l’accord…sur le fil du rasoir ! L’on y décèle déjà une pointe de psychédélisme, il me semble, voire de fusion ! S’ajoute à cela de nombreux effets sonores comme le loop, et vous aurez une idée du travail accompli par ce véritable virtuose, évoluant entre acoustique et électrique.
Cela fait maintenant 31 ans, que ce diable de Didier Laloy, écrit, compose, joue pour son instrument de prédilection. Pur autodidacte à l’inverse de son comparse de ce soir, il aura multiplié les projets, et moult collaborations avec souvent de grands noms de la musique. Reconnaissable parmi tous, grâce à sa gentillesse et sa générosité, et surtout grâce à sa gestuelle atypique sorte de jeu de jambes, qu’il plie et déplie au fil des mélodies. J’en oublie son sens de l’humour, et ce doigt qu’il déplie là-aussi lorsqu’il parle, un artiste vrai en fait ! Lui-aussi virtuose dans son domaine, reconnu de tous comme un maître incontesté de l’accordéon diatonique. Dans un style qui reste classique, et surtout fidèle aux codes en vigueur de certains courants musicaux, mais ici aussi pour ce duo, il s’éloigne parfois des sentiers battus, et va jusqu’à produire des sons plus psychédéliques et plus expérimentaux. j’en oublie enfin son jeu de pied, qui lui permet de participer à une section rythmique originale !
Parlons aussi de ces sympathiques présentations de compositions où, nos deux artiste nous présentent la genèse de tel ou tel morceau, avec souvent un brin d’humour voire un brin de sérieux des moments, qui démontrent une réelle complicité entre les deux musiciens. Des présentation où, l’on vous parlera d’une composition se situant entre le Mali et Jacques Brel chacun fera son propre choix. L’on vous expliquera aussi l’origine et la signification du mot ’Komorebi’, ce dernier nous venant du japonais, et se traduisant par la lumière du soleil, traversant le vert des feuilles. En fait cette complicité est présente à chaque instant, preuve d’un important travail de répétitions, qui d’ailleurs transcende les compositions sur scène.
Nos deux virtuoses de ce soir nous ont offert un très beau voyage, voyage à travers les courants musicaux et à travers les contrées, merci à vous et bravo pour votre maîtrise technique ! Duo Dyad, l’envers du décor, en quelque sorte à travers cette liberté de jeu !
PS : merci à l’An Vert pour l’accueil