Whispering Sons : luminous dark
Cette fois, ça y est, les concerts debout en capacité maximale sans masque ni distanciation sociale sont bien de retour. Whispering Sons a été l’un des premiers à en bénéficier dans une AB bouillonnante et pleine à craquer…
Comme sur la plupart des dates précédentes, la première partie avait été confiée à Teen Creeps, le trio emmené par Bert Vliegen. Si on l’a aperçu récemment au sein de Sophia, le gaillard tient surtout la basse au sein des hôtes du jour depuis le début de leur tournée (on aura l’occasion d’y revenir). Car pour le moment, c’est de sa voix rageuse qu’il défend les composition de « Forever », un deuxième album sorti au tout début de l’année dernière.
Puisant largement leurs influences dans le rock à guitares des années 90, les Gantois revisitent à leur sauce les grandes heures du grunge et du college rock qui ont élevé les Foo Fighters, Nada Surf ou Pavement au rang de stars. Les sonorités crasseuses, les intonations vindicatives et les riffs accrocheurs sont légion et parfaitement calibrés mais révèlent trop souvent une impression de déjà-entendu.
Si cette date à l’AB n’avait pas été reportée pour les raisons que l’on sait, on aurait réussi l’exploit de voir Whispering Sons au moins une fois par mois entre juillet et décembre (Werchter Parklife, Pukkelpopkwartier, OLT Rivierenhof, C-Mine et Voo?uit), chaque fois à guichets fermés. Preuve de la popularité d’un groupe qui a développé un sérieux following intergénérationnel depuis sa victoire au Humo Rock Rally en 2016.
Après avoir répondu aux attentes les plus folles avec « Image », l’énigmatique Fenne Cuppens et ses acolytes se sont enfermés dans un studio au milieu des Ardennes pour y enregistrer son successeur lors de l’été caniculaire 2020. Moins évident au premier coup d’oreille, « Several Others » se révèle également plus subtil et introspectif mais ne tarde pas à devenir indispensable au fil des écoutes. Mieux, il prend toute son ampleur sur scène et l’AB n’allait pas tarder à comprendre pourquoi.
Il ne faudra en effet pas plus de trente secondes pour laisser la tension de « Dead End » nous envahir et dicter à Fenne ses premiers pas de danse épileptiques. Elle a troqué sa combinaison immaculée de la tournée précédente contre un élégant ensemble noir davantage en adéquation avec la texture glaciale des nouvelles compositions. « Heat », dans la foulée sera déjà un premier sommet alors qu’à l’arrière de la scène apparaissent les rochers rouges renvoyant au visuel de l’album.
Comme évoqué plus haut, le line-up a subi quelques modifications suite à la blessure visiblement assez sérieuse du batteur Sander Pelsmaekers (qui jouait debout derrière ses fûts, rappelez-vous). Tuur Vandeborne a donc échangé sa basse contre une batterie plus conventionnelle et Bert Vliegen est rentré dans l’équation pour embrasser (temporairement ?) le rôle de bassiste. Proche du groupe, il avait déjà co-produit « Image » et a cette fois remis le couvert pour assister Dijf Sanders à la production de « Several Others ».
Celui-ci n’a pas imposé sa vision mais on retrouve tout de mêmes quelques influences du milieu électronique dont il est issu ça et là, notamment sur le flippant « (I Leave You) Wounded ». À l’instar de « Surgery » qui clôturera le set principal dans un déluge de flashes stroboscopiques un peu plus tard, son texte glace le sang et permet à la chanteuse de vivre le titre de théâtrale manière.
Si les parties du guitariste Kobe Lijnen se révèlent aussi indispensables qu’irrésistibles (cette intro très Curesque de « Performance »), il passe aux claviers de temps à autre, notamment sur le très mélancolique « Screens » et l’émotionnellement chargé « Aftermath ». Ceci dit, c’est lorsqu’ils balancent la sauce qu’on les préfère, comme sur l’excellentissime « Surface » (leur deuxième numéro un à De Afrekening) et le survitaminé « White Noise » plus tôt dans la soirée. Mais l’intensité décuplée de « Hollow » et de « Satantango » achèveront de mettre l’AB à genoux.
Une AB qui était encore loin d’avoir fini de vibrer car les rappels allaient encore faire monter la température d’un cran. Via « Tilt » tout d’abord, impeccable single sorti la veille en 45 tours dans sa version définitive (il faisait partie de la set-list depuis l’automne). Avec l’incontournable « Alone » qui peut d’ores et déjà être considéré comme un classique ensuite. Tout se terminera sur un « Waste » aussi rageur qu’envoûtant. Dans la salle, une marée de pogos se déclenche pendant que sur scène, Fenne, la voix nouée, semble submergée par l’émotion. Glacial, certes, mais en même temps tellement chaleureux…
SET-LIST
DEAD END
HEAT
GOT A LIGHT
WHITE NOISE
(I LEAVE YOU) WOUNDED
PERFORMANCE
VISION
SCREENS
FLOOD
SURFACE
HOLLOW
AFTERMATH
SATANTANGO
SURGERY
TILT
ALONE
WASTE