Wand, two, three
Après une escapade en solitaire, Cory Hanson a repris la barre du navire Wand et le cours de sa traversée. Les Californiens ont ainsi publié l’été dernier « Vertigo », un sixième album qu’ils sont venus présenter à la Rotonde du Botanique. Une salle qu’ils connaissent bien pour y avoir joué leur tout premier concert européen lors des Nuits 2015.
Bien qu’on les ait déjà vus à plusieurs reprises cette année, les Carolos de Warm Exit nous ont pris par surprise. À commencer par leur leader Valentino Sacchi au look de vrai mafioso en imper, col et cravate qui a débuté sa prestation au milieu du public en hurlant dans son micro sans tenir en place. Pendant ce temps, sur scène, ses compères distillent des atmosphères sinistres qui prendront bientôt une direction malaisante et extrême. Ce n’est pas pour rien qu’ils ont baptisé leur premier album « Ultra Violence ».
Les vocaux vénères, majoritairement partagés entre Valentino et le batteur Martin Dubessay, ajoutent en effet une tension que des bidouillages issus d’une console aux multiples câbles amplifient davantage. Sans parler d’une trompette crasseuse et d’une cymbale martyrisée. Les riffs de guitare incendiaires, quant à eux, confèrent ce côté noisy presqu’indus patiemment mis au point à coup de concerts dans des clubs underground. Cela dit, derrière le brouhaha se cachent des mélodies qui finissent par se dévoiler et rendre l’ensemble particulièrement addictif.
Depuis leur dernière visite au Bota en 2019 lors d’une soirée dingue à l’Orangerie aux côtés de Kikagaku Moyo et de Wooden Shjips, la discographie de Wand, jusqu’alors effrénée, a subi un léger coup d’arrêt. Seul un live baptisé « Spiders In The Rain » a en effet vu le jour. En revanche, son leader Cory Hanson s’est fait plaisir en solitaire avec deux plaques, dont le très classic rock « Western Cum » qui l’a emmené jusqu’au au Witloof Bar l’an dernier avant de revenir aux affaire courantes.
« Vertigo », le sixième album du groupe, a vu le jour à partir de cinquante heures de jams improvisées recalibrées ensuite en huit titres. Sans surprise et comme c’est le cas depuis un moment, les influences psychédéliques de leurs débuts ne s’y trouvent plus qu’en filigrane. En revanche, ils mettent désormais l’accent sur la production, pour un résultat plus net et poli que par le passé. Cela dit, c’est toutes guitares (un peu trop) en avant qu’ils débuteront leur set par un « Smile » gâché par une voix sous-mixée. L’ingénieur du son rattrapera toutefois la sauce pour la doublette particulièrement enlevée « Hangman » / « Curtain Call ».
On le voit, le groupe emmené par son élégant leader à droite de la scène tient à mettre en avant ses nouvelles compositions. Parmi celles-ci, « Misteltoe » et le crescendo « Help Desk » renvoient curieusement à Radiohead, et pas seulement par une tessiture étrangement proche de celle de Thom Yorke. Les arrangements complexes, les nappes hypnotiques et les bruitages subtils constituant les ingrédients parfaits pour l’album fictif qui aurait fait la transition entre « The Bends » et « OK Computer ». Regrettons cependant les transitions un peu longues entre les morceaux, ce qui a pour conséquence de faire retomber l’ambiance.
La seconde partie du set les verra explorer leur back catalogue et mettre en avant des pépites oubliées, à l’instar de ce « Paintings Are Dead » pour le moins punchy ou ce « Town Meeting » noisy bourré d’urgence. En revanche, les délires émaillant le cœur de « Flying Golem » n’étaient peut-être pas nécessaires à son équilibre. Quoi qu’il en soit, c’est avec un ultime nouveau titre qu’ils boucleront la soirée. Le saccadé « High Time », bizarrement introduit par un riff à la « Sweet Child O’ Mine », flirtant une dernière fois avec l’univers étendu de leurs aînés d’Oxford.
SET-LIST
SMILE
HANGMAN
CURTAIN CALL
BEE KARMA
MISTLETOE
JJ
HELP DESK
PAINTINGS ARE DEAD
SLEEPY DOG
TOWN MEETING
DUNGEON DROPPER
FLYING GOLEM
HIGH TIME
Organisation : Botanique