Tough Enough Festival: voix de garage
Les Nuits Weekender désormais derrière nous, place à l’événement thématique suivant dans le calendrier du Botanique, le Tough Enough Festival. S’il en est également à sa deuxième édition, le rendez-vous garage, psyché, punk et folk crasseux se déroulera cette fois sur une seule journée, le samedi 15 novembre. Avec une légende en guise de tête d’affiche.
C’est en effet l’immense Jon Spencer qui rassemblera ses fidèles, glanés depuis le milieu des années 80 au sein de Pussy Galore avant de multiplier les projets plus passionnants les uns que les autres (Blues Explosion, Heavy Trash, Boss Hog, The Hitmakers…) tout en restant fidèles à ses convictions résolument blues aux influences multiples mais toujours authentiques et hargneuses. Son dernier album en date, « Sick Of Being Sick », le voit d’ailleurs s’associer au bassiste Kendall Wind et au batteur Macky Bowman, deux membres de The Bobby Lees, un groupe qu’il avait pris sous son aile via la production de son deuxième album en 2020. La fougue insufflée par ces derniers semble en tout cas donner un coup de boost à l’ami Jon, grand habitué de prestations intenses.
En parlant d’intensité, celle dégagée par The Experimental Tropic Blues Band n’a rien à envier au maître… qui avait d’ailleurs supervisé l’enregistrement de « Liquid Love » à New York en 2011. Aujourd’hui, les Liégeois publient le délicieusement baptisé « Loverdose » et élargissent encore leur spectre en injectant à leur rock boogie de surprenantes sonorités électroniques teintées de groove urbain. Pas de panique cela dit, l’esprit Tropic est intact, celui qui associe chaos et brin de folie, deux éléments décuplés lors de leurs concerts explosifs. Demandez aux spectateurs des récentes Nuits Indé et du Wally Gat Rock ce qu’ils en pensent…
Dans un rayon plus exotique, le Canadien Afie Jurvanen aka Bahamas assurera la tête d’affiche du Museum, entre compositions country aux guitares chaloupées et comptines délicates aux mélodies entêtantes. Sa toute chaude septième livraison, « My Second Last Album », semble même se profiler comme un moment-charnière dans la carrière d’un artiste multirécompensé dans son pays d’origine. Celle de la Rotonde sera confiée aux nanas de The Darts dont le punk rock garage version girly a séduit Jello Biafra (ex-Dead Kennedys) en personne, au point de les signer sur son label Alternative Tentacles. Depuis sa formation en 2016, le quatuor souffle un vent de fraîcheur sur une scène à la mixité de plus en plus équilibrée.
Un peu plus tôt, le surf-rock tendu de The Wytches, autres dignes héritiers du sieur Spencer, affolera le Museum. Les natifs de Brighton débarquent avec une nouvelle plaque sous le bras, « Talking Machine », publié chez Alcopop! (le label de Ditz, Keg et Heavy Lungs, notamment) composé de onze pépites décoiffantes qui formeront à n’en point douter l’ossature d’un set que l’on attend débordant de sueur. Tout aussi énervés, les Berlinois Bella & The Bizarre tempèrent toutefois leurs ardeurs via une chanteuse (ni plus ni moins la plus jeune fille de King Khan) à la voix soul bardée d’effets stridents. Quant au post-punk des Hollandais de Real Farmer, il se revendique davantage du mouvement mod de la fin des sixties plutôt que de la noirceur glaciale de la fin de la décennie suivante.
Mais ce n’est pas tout. Distorsion et arrangements délibérément brouillons caractérisent les compositions de Golomb from Ohio alors que les Californiens de The Schizophonics entretiennent le flower power énergisant également prôné par leurs voisins The Mystery Lights (que l’on aurait bien vu à l’affiche également). Plus indie dans l’âme, l’association fusionnelle entre Little Barrie et le producteur avide d’expérimentations Malcolm Catto, a accouché au printemps d’un troisième essai, « Electric War », sur lequel les harmonies contrebalancent la rugosité. Des harmonies dont Rosalie Cunningham s’est fait une spécialité pour envoûter son auditoire d’une vibe vintage assumée. Le Museum tombera sous son charme, c’est une certitude.
N’oublions pas non plus les régionaux de l’étape qui, à l’instar des Tropics, proviennent de la cité ardente. Aucklane ouvrira ainsi les festivités à la Rotonde en support de « Good Girl / Bad Seed », un premier album moins innocent qu’il n’y paraît. Les sauvages d’Acid Talk lui succéderont quant à eux dans un registre radicalement différent, en mode psyché speedé pied au plancher.
Le Tough Enough Festival se déroulera le 15 novembre. Infos, tickets et affiche complète sur le site officiel de l’événement. N’hésitez pas à vous y rendre en train à tarif réduit via le code Bravo imprimé sur votre ticket en association avec la SNCB.
