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The Father John Misty rituals

Résolument fidèle à l’AB lorsqu’il s’agit de présenter un nouvel album, Father John Misty n’a pas failli à la tradition. Business as usual dans tous les sens du terme (sold out compris) pour « Mahashmashana », son excellente dernière livraison en date.

Invité personnellement à assurer la première partie sur les routes européennes, Butch Bastard a aisément mis le public dans sa poche. Rassurez-vous, il s’agit d’un pseudo, celui adopté par Ian Murray, singer-songwriter originaire de Seattle et désormais basé à Los Angeles. Bien que relativement peu connu par ici, il vient de publier « Death Valley », un troisième album solo. Pour l’anecdote, auparavant, il faisait partie de Poor Moon, un projet réunissant des membres de Fleet Foxes.

Si sa bouille offre une parfaite fusion entre celles de Damon Albarn et d’Albert Hammond Jr., sa voix nasillarde renvoie plutôt du côté de Bob Dylan et d’Hamilton Leithauser (The Walkmen). Seul sur scène simplement accompagné d’une guitare acoustique, le gaillard à la barbe naissante et aux mocassins inspirés du label 2 Tone déclame ses compositions non dénuées d’humour. Entre folk et country mais surtout suffisamment de conviction que pour déjà se retrouver à court de vinyles après seulement cinq dates. Une future visite en tête d’affiche dans une salle cosy s’impose donc…

Depuis sa dernière visite à l’AB en mars 2023, la barbe de Josh Tillman a poussé et sa discographie s’est enrichie d’une ligne. « Mahashmashana », le sixième album de Father John Misty, a en effet vu le jour à l’automne dernier. Une nouvelle magistrale collection de compositions ayant cette fois pour thème la fin et la mortalité. Dans la culture indoue, un shmashana est un endroit où le corps d’un défunt reçoit les derniers rituels avant la crémation. Cela dit et sauf preuve du contraire, le révérend n’est pas là ce soir pour la mise en bière de son projet le plus abouti (et le plus populaire vu de la ferveur affichée par les spectateurs).

Entamé par « I Guess Time Just Makes Fools Of Us All », le single annonciateur de la plaque dans la plus pure tradition des titres à rallonge de Father John Misty, le set ne tardera pas à prendre son envol. Entre sax et wah-wah, l’ami Josh, après avoir assuré la première moitié du titre derrière sa guitare, se déhanchera micro en main lors de la seconde, pour le plus grand plaisir d’un public aux anges. Costard couleur taupe et chemise blanche ouverte jusqu’à la moitié du torse, le charismatique leader n’a en effet pas besoin d’artifices pour affoler l’auditoire. Même lorsqu’il chante une main dans la poche, comme sur « Josh Tillman And The Accidental Dose », aux orchestrations proches de celles de Jean-Claude Vannier sur le chef d’œuvre de Serge Gainsbourg, « Histoire de Melody Nelson ».

Il faut dire que l’on retrouve du beau monde sur scène. Pas moins de sept musiciens s’impliquent actuellement dans la version live du projet. Deux guitaristes, deux claviéristes, un batteur, un bassiste et un saxophoniste élèvent ainsi le débat à un niveau proche de la perfection acoustique. D’autant que le son limpide offre un rendu léché particulièrement jouissif pour les oreilles. Au fur et à mesure du concert, certains d’entre eux switcheront vers une flûte traversière (l’entêtant « Q4 », « God’s Favorite Customer » empli de zénitude), la slide guitar (« Nothing Good Ever Happens At The Goddam Thirsty Crow ») ou même des machines (les effets spatiaux de « Nancy From Now On »).

Charismatique mais également un chouia égocentrique vu que Josh Tillman s’inclut dans le titre de plusieurs compositions. Outre celle mentionnée plus haut, « The Night Josh Tillman Came To Our Apt. » porté par trois guitares mélodieuses suivi de « Mr. Tillman » en full puissance et sifflements émailleront la set-list ce soir. Une set-list qui accueillera l’intégralité de « Mahashmashana » dont on retiendra notamment la pop sophistiquée de « Being You », l’aspect bordélique de « She Cleans Up » et la vision cabaret d’un mélodramatique « Mental Health » bardé de saxophone. Le tout émaillé de la classe naturelle d’un sarcastique chanteur expressif et théâtral, dont le pied de micro constitue un accessoire comme un autre.

En revanche, on se serait bien passé de ce « Screamland » au refrain plus Coldplay que nature. Un moment isolé bien vite renvoyé aux oubliettes par une désarmante interprétation de « Summer’s Gone » en mode piano-voix à la manière d’Elton John. Quant au langoureux « Mahashmashana », il clôturera le set principal pendant que de judicieux jeux de lumière creusaient un trou virtuel au milieu de l’immense rideau à l’arrière de la scène.

De généreux rappels attendront encore les spectateurs pas encore tout à fait rassasiés même si « Hollywood Forever Cemetery Sings » ne mettra en scène qu’une toute petite partie du groupe. « Holy Shit » sera quant à lui entamé seul à la guitare par Mr. Tillman avant de voir l’ensemble des musiciens se démener au milieu de lumières généreuses. Entre les deux, « Chateau Lobby #4 (In C For Two Virgins) » verra le pianiste attraper une trompette et ainsi répondre aux coups de boutoir d’un saxophoniste bien en souffle. Sans surprise, « I Love You, Honeybear » mettra un terme à une soirée loin de ressembler à un chant du cygne, orchestrée par un leader plus magnétique que jamais.

SET-LIST
I GUESS TIME JUST MAKES FOOLS OF US ALL
JOSH TILLMAN AND THE ACCIDENTAL DOSE
Q4
BEING YOU
THE NIGHT JOSH TILLMAN CAME TO OUR APT.
MR. TILLMAN
DISAPPOINTING DIAMONDS ARE THE RAREST OF THEM ALL
NANCY FROM NOW ON
GOD’S FAVORITE CUSTOMER
NOTHING GOOD EVER HAPPENS AT THE GODDAM THIRSTY CROW
SHE CLEANS UP
SCREAMLAND
SUMMER’S GONE
MENTAL HEALTH
MAHASHMASHANA

HOLLYWOOD FOREVER CEMETERY SINGS
CHATEAU LOBBY #4 (IN C FOR TWO VIRGINS)
HOLY SHIT
I LOVE YOU, HONEYBEAR

Organisation : AB

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