The (Bony) King (Of Nowhere)
Bram Vanparys alias The Bony King Of Nowhere a choisi l’AB pour ponctuer son année 2019 exceptionnelle à beaucoup d’égards. Il y a notamment célébré le premier anniversaire de « Silent Days » mais également le dixième de « Alas My Love », celui avec lequel tout a débuté…
Et pour que la fête soit complète, il avait invité son ami Bert Dockx, leader de Flying Horseman, guitariste de Dans Dans et, plus récemment de Ottla, à lancer le bal. Malgré sa multitude de projets, il trouve encore le temps de se produire en solo avec ses guitares. Ce soir, trois de celles-ci l’accompagneront, chacune dans un style bien particulier allant de pair avec sa voix de crooner, à l’exception d’une cover acoustique de Fleetwood Mac (« Albatross »).
Cet instrumental scindera en deux son set exclusivement composé de reprises. Mis à part celle de Bruce Springsteen (« I’m On Fire ») et, dans une moindre mesure celle de Bob Dylan (« A Hard Rain’s A-Gonna Fall »), il met un point d’honneur à les rendre méconnaissables en y injectant une touche personnelle. Intimes et dépouillées, certes, mais systématiquement boostées par un break captivant oscillant entre une ligne à la Johnny Cash, une envolée à la Mark Knopfler ou un riff bluesy à la White Stripes, bottleneck compris. Ou comment réviser ses classiques dans tous les sens du terme…
« Silent Days », le cinquième album de The Bony King Of Nowhere, a remis Bram Vanparys sur les rails. Et de quelle manière. Le Gantois a en effet publié son recueil le plus abouti à ce jour et reçu le Music Industry Award du meilleur auteur-compositeur de l’année. Une récompense méritée après une période turbulente affectivement parlant qui a dans un premier temps altéré son inspiration avant d’en devenir sa principale source. Pas étonnant que ses textes écorchés donnent le bourdon…
Lors de son passage à la Rotonde du Botanique voici un peu plus d’un an, ses nouvelles compositions avaient déjà impressionné alors que l’album venait à peine de sortir. On était dès lors curieux de découvrir la direction que des mois de pratique leur avaient conférées. Il ne faudra pas longtemps pour en avoir une idée précise puisqu’à une longue intro dans la pénombre succédera un « Going Out » métamorphosé et sensiblement plus speedé. Juste après, « Silent Days » et « Through The Night » tout en crescendo se verront bonifiés par des musiciens hors pair.
Parmi ceux-ci, on retrouve notamment le batteur Alfredo Bravo (celui de… Flying Horseman) et l’incroyable Douglas Firs dans le rôle de l’homme à tout faire. Il jongle en effet entre guitares, claviers, tambourin et lap steel lorsqu’il n’endosse pas le rôle de choriste. En complet trois pièces marron, il apparaît presqu’aussi élégant que son boss qui, lui, a opté pour la sobriété d’une chemise blanche et d’un veston noir. Les deux hommes vont par ailleurs afficher une réelle complicité tout au long du show et particulièrement sur « Still Around » en toute fin de set.
Réservé malgré quelques (timides) incursions sur le devant de la scène, l’ami Bram va toutefois imposer le respect lors d’un acoustique « Travelling Man » en solitaire ou de cette surprenante cover d’Aldous Harding (« The Barrel ») dont la version originale avait été interprétée sur cette même scène le mois dernier. On retiendra encore un « Got To Let You Know » d’une sobriété désarmante ainsi qu’un délicat « The Sunset », accompagné de quatorze choristes répartis en deux groupes officiant depuis les balcons de la salle. Une manière originale de marquer les dix bougies d’« Alas My Love », son premier album.
Ceci dit, deux extraits de « Silent Days » se démarqueront dans la foulée via une relecture audacieuse. « Whenever We Meet Again » semble ainsi évoluer dans un univers encore plus captivant à la rythmique carrée alors que le troublant « Waiting For Your Sign » n’a désormais plus rien à envier à celui, prenant, de The War On Drugs. Tout comme « Every Road » qui refermera le set principal dans une ambiance de feu, touchant au passage le bonhomme visiblement surpris par tant d’enthousiasme.
Il reviendra seul sur scène l’espace d’un instant avant d’être rejoint par les choristes qui l’entoureront pour un « Alas My Love » à donner des frissons. Mais le point d’orgue sera atteint en full band via l’explosivement envoûtant et savamment construit « Like Lovers Do ». La preuve noir sur blanc que cet Award ne lui a pas été décerné par hasard…