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Sous les riffs de Bodega

À l’instar de leurs déjantés voisins Gustaf, les New Yorkais de Bodega soufflent un vent nouveau sur la Grosse Pomme. Une brise requalifiée en ouragan qui a atteint la capitale de l’Europe et plus précisément le Museum du Botanique pour une prestation haute en couleurs.

Le Bota qui assure à la perfection sa mission de support envers les projets émergents puisqu’après la grande première de Beasts avant O. au Witloof Bar la semaine dernière, place au baptême du feu de The Bernadette Maries. Derrière ce curieux pseudo à consonnance religieuse ne se cachent pourtant pas des enfants de chœur. Les quatre membres qui le composent ont en effet déjà péché par omission au sein de diverses formations (Animal Youth, Lavender Witch, CERE…) et ne comptent pas demander pardon de sitôt.

Franchement aguerris, ils puisent leurs influences dans la riche culture musicale britannique, de l’esprit rebelle de The Clash au post-punk délicieusement glacial de Fontaines D.C. en passant par les arrangements catchy de Blur et la face baggy des Happy Mondays. On peut aussi y ajouter la mélancolie shoegazing de Ride et les extensions dubby des New Fast Automatic Daffodils. Le tout emmené par un leader à la physionomie proche de celle d’un Tim Wheeler (Ash) et cadenassé par une rythmique métronomique sans faille. Pas étonnant lorsque l’on sait que derrière les fûts se trouve un certain David Temprano aka la pieuvre Landrose. Si vous voulez notre avis, l’aventure ne fait que commencer…

La dernière visite de Bodega dans nos contrées remonte à l’année dernière au SMG Music Fest… et le plancher du chapiteau s’en souvient. Plusieurs spectateurs croisés ce soir au Bota également, conquis par la fougue dégagée par un groupe généreux et spontané. Les natifs de New York City ont publié au printemps « Our Brand Could Be Yr Life », un troisième album certes un peu moins fou-fou que les précédents mais au contenu toujours aussi limpide et addictif. On pourrait presque l’appeler l’album de la maturité même si en voyant le leader Ben Hozie débarquer sur scène coiffé d’une sorte de bonnet haut de forme, on se permet d’en douter…

Sans surprise, c’est en mode speedé qu’ils ont abordé leur set, balançant les cinq premiers morceaux en moins de dix minutes. Parmi ceux-ci, un époustouflant inédit d’entrée de jeu, « Network », suivi d’un tout aussi tranchant « No Vanguard Revival ». Positionné à l’extrême gauche de la scène, l’ami Ben prend la majorité des vocaux à son compte mais l’indispensable voix nasillarde de Nikki Belfiglio la complémente à merveille, appuyant ou doublant certaines intonations. Cela dit, lorsque cette dernière prend ses responsabilités (« Margot », « Gyrate »), elle apporte de la nuance tout en maintenant la tension.

Entre deux pas de danse effrénés et armée de baguettes fluo, elle percute sans ménagement une cymbale isolée tout en gérant la console qui injecte notamment les punchlines dissimulées au cœur des albums du groupe. Des albums dont les visuels se retrouvent extrapolés en mode animé sur grand écran. Ainsi, les formes géométriques d’« Endless Scroll », la lampe de bureau gantée de « Broken Equipment » et le distributeur de billets du petit dernier défilent sous toutes leurs coutures, illuminant du même coup la section rythmique articulée autour du batteur Adam Shumski qui a la particularité de jouer debout en secouant incessamment son abondante chevelure.

Curieusement, mis à part un excellent « Cultural Consumer III » pendant lequel la chanteuse balancera de faux billets de dollars américains à la tête des spectateurs, la première partie du set sera presqu’exclusivement consacrée à leur explosif back catalogue. On retiendra ainsi l’efficacité maximale de « Statuette On The Console », la guitare nerveuse de « How Did This Happen?! » et le potentiel de « Shiny Happy Model » en mode stade de foot. Mais également « Myrtle Parade », l’imminent nouveau single au flow hip hop soutenu et « Top Hat No Rabbit », titre apparemment composé à la Rotonde lors de leur passage en février 2019. Mention également aux bombes que sont « Riot In Helvetica » et « Everybody’s Sad », quelque part entre Blondie et les Ramones au CBGB, enchaînées pour une déflagration maximale.

Tout ceci pour arriver aux extraits de « Our Brand Could Be Yr Life », condensés en fin de set après un exigeant échauffement. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les versions live se démarquent de celles en studio par une rugosité insoupçonnée. Le nerveux « GND Deity » et l’imparable « Bodega Wait » se profilant comme de futurs classiques alors que « Tarkovski » développera un sentiment addictif enfui dans sa version extensible. Une délicate cover des inconnus Milk Dick (« Cry When Yr Young ») servira de parfaite rampe de lancement à l’hypnotique « City Is Taken », dernier titre inscrit sur la set-list du soir.

Sans quitter la scène, Ils se lanceront ensuite dans des rappels plus ou moins improvisés car basés sur des requêtes du public. Bien entendu, dans ces cas-là, cela fuse dans tous les sens et les musiciens captent ce qui les arrange. Cela dit, les quatre morceaux bonus ont judicieusement permis de boucler un set pléthorique et incisif. L’immédiateté du bref « I Am Not A Cinephile », les riffs nerveux sur effets jeux vidéo de « Doers », le crescendo de « Williamsburg Bridge » et le punchy « Truth Is Not Punishment » jouant leur rôle à la perfection.

SET-LIST
NETWORK
NO VANGUARD REVIVAL
MARGOT
CULTURAL CONSUMER III
STATUETTE ON THE CONSOLE
HOW DID THIS HAPPEN?!
TOP HAT NO RABBIT
SHINY NEW MODEL
MUSIC HALL OF WILLIAMSBURG
MYRTLE PARADE
JACK IN TITANIC
GYRATE
ROT IN HELVETICA
EVERYBODY’S SAD
DEDICATED TO THE DEDICATED
GND DEITY
BODEGA BAIT
TARKOVSKI
CRY WHEN YR YOUNG
CITY IS TAKEN
I AM NOT A CINEPHILE
DOERS
WILLIAMSBURG BRIDGE
TRUTH IS NOT PUNISHMENT

Organisation : Botanique

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